VTC contre Uber : les chauffeurs suspendent leur mouvement pour Noël

Par latribune.fr  |   |  653  mots
Dès 7h30 ce vendredi matin, à l'avant-veille de Noël, près de 200 chauffeurs, selon les organisateurs, ont mis en place des barrages filtrants aux abords de l'aéroport de Roissy mais y ont renoncé à Orly faute d'effectifs suffisants.
Les manifestants avaient reconduit leur mouvement pour faire pression sur Uber et l'inciter à baisser ses commissions. Vendredi soir, ils ont décidé de le suspendre pour le week-end de Noël.

Mis à jour le 23/12/2016 à 17h42, mis en ligne à 14h21

Les chauffeurs VTC ont décidé, ce vendredi soir, de suspendre leur piquet de grève pour le week-end des fêtes de Noël, du 24 et 25 décembre. Dans la journée, ils avaient repris leur mouvement aux alentours des aéroports parisiens et dans la capitale pour maintenir la pression sur Uber, trois jours après l'échec de négociations avec la plateforme américaine. Dès 7h30 ce vendredi matin, à l'avant-veille de Noël, près de 200 chauffeurs, selon les organisateurs, avaient mis en place des barrages filtrants aux abords de l'aéroport de Roissy mais y ont renoncé à Orly faute d'effectifs suffisants.

Saluant "une vraie mobilisation sans heurts ni violence" de "VTC déterminés à se faire entendre", l'Unsa VTC et la CFDT Transports avaient invité les manifestants à mener une opération escargot jusqu'au siège parisien d'Uber. Le secrétaire d'État aux Transports Alain Vidalies avait appelé toutes les parties à "l'apaisement" et à s'engager "dans un cycle de discussions".

Les négociations vont se poursuivre sous l'égide du médiateur

Uber avait annoncé mardi la création d'un fonds de 2 millions d'euros destiné à aider les chauffeurs en difficulté, mais refusé de baisser ses commissions de 25 à 20% et d'augmenter ses tarifs comme le demandaient les associations de VTC et un syndicat.

Des négociations doivent désormais se poursuivre sous l'égide du médiateur nommé par le gouvernement, Jacques Rapoport, qui a entamé sa mission mercredi. Uber a annoncé vendredi dans un communiqué avoir rencontré le médiateur jeudi "dans un esprit constructif et d'apaisement", précisant que le dialogue allait se poursuivre tout au long du mois de janvier.

> Lire aussi : Uber fait un geste pour les chauffeurs VTC mais ne plie pas

Renoncer au "modèle d'un chauffeur en costume au volant d'une grosse berline" ?

Thibaud Simphal, le directeur Europe de l'Ouest d'Uber, conteste que les tarifs pratiqués par la plateforme soient "indignes", comme l'affirment les chauffeurs, en s'appuyant sur plusieurs études.

"Selon l'étude de BCG (Boston Consulting Group), ils parviennent à dégager en moyenne entre 1.400 et 1.600 euros net par mois pour 45 heures de travail hebdomadaires", dit-il dans Alternatives économiques.

Or, rapportés à l'heure, ces montants sont soit inférieurs, soit à peine plus élevés que le salaire minimum. Pour rappel, le Smic horaire net est aujourd'hui à 7,54 euros. En travaillant 45 heures par semaine, les chauffeurs accumulent 195 heures de labeur chaque mois. Rapporté à l'heure, leur rémunération nette atteint donc 7,18 euros pour les chauffeurs à 1.400 euros nets mensuels et 8,20 euros pour les chauffeurs à 1.600 euros nets mensuels.

Thibaud Simphal propose de renoncer au "modèle d'un chauffeur en costume au volant d'une grosse berline", expliquant que de plus petites voitures réduiraient les dépenses. Selon lui, l'éventuelle précarisation de l'activité ne vient ni des tarifs, ni du nombre de chauffeurs. "Selon le rapport Thévenoud, il y a de la place pour 68.000 chauffeurs de VTC en France, contre 22.000 aujourd'hui, dont 15.000 qui travaillent avec Uber", explique-t-il.

Uber est prêt à rogner sur ses marges si ses concurrents en font autant

Dans une interview à Alternatives économiques mise en ligne par le magazine, Thibaud Simphal, le directeur Europe de l'Ouest d'Uber, ne ferme pas la porte à une baisse des marges à condition que toutes les plateformes en fassent autant.

"Nous serions prêts à rogner nos marges et/ou à augmenter nos tarifs auprès des consommateurs, à condition que tout le secteur suive. Pour l'heure, nous sommes les seuls à proposer cette démarche", dit-il.

Mais huit organisations de chauffeurs VTC, qui parlent d'un "échec amer" des négociations du début de semaine, veulent le gel immédiat de l'augmentation des commissions de la plateforme, comme l'avait réclamé le gouvernement.

> Pour en savoir plus, lire aussi : VTC : Pourquoi quelques chauffeurs manifestent (surtout contre Uber)

(avec Reuters)