Acier : Trump met fin aux exemptions, l'Europe prépare sa riposte

Par latribune.fr  |   |  663  mots
(Crédits : Peter Power)
Fini les exemptions. À compter du 1er juin, l'acier et l'aluminium exportés par l'Europe, le Canada et le Mexique, seront bien taxés par les États-Unis, a déclaré ce jeudi 31 mai Wilbur Ross, le secrétaire américain au commerce. La Commission européenne a annoncé qu'elle engageait immédiatement une procédure devant l'OMC, avec l'appui de la France notamment, qui précise qu'on saura à la mi-juin les mesures de rétorsion que prendra l'Europe.

(Article publié le 31 mai à 8h49, mis à jour à 17h45)

Plus de doute. Ce jeudi 31 mai, le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a confirmé que les exemptions de droits de douane sur l'acier et l'aluminium, accordés à l'Union européenne, le Canada et le Mexique, expirent le 1er juin. À compter de cette date, la taxation à 25% sur les importations d'acier et de 10% sur les importations d'aluminium sur le sol américain s'appliquera.

"Les négociations commerciales avec l'UE ont progressé, mais pas assez pour justifier une prolongation des exemptions de droits de douane après le 1er juin", a-t-il déclaré.

Cette annonce vient ainsi confirmer la nouvelle relayée plus tôt par le Wall Street Journal affirmant, selon des sources proches du dossier, que l'administration Trump était prêter à laisser la période d'exemption expirer.

Ce jeudi, le Secrétaire d'État auprès du Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne a immédiatement dénoncé le protectionnisme malavisé américain, réaffirmant que "ces mesures unilatérales sont de mauvaises réponses à des questions réelles".

Il n'y aura donc pas d'exemption européenne supplémentaire

Depuis l'annonce par le président américain Donald Trump en mars de l'application de taxes douanières supplémentaires sur l'importation d'acier et d'aluminium, les Européens, exemptés jusqu'à vendredi 1er juin donc, n'ont cessé ces dernières semaines de réclamer une exemption permanente.

Mardi, la commissaire européenne au Commerce Cécilia Malström avait déjà jugé improbable que les États-Unis accordent à l'UE une exemption permanente de leurs taxes sur l'acier et l'aluminium et avait indiqué s'attendre au mieux à "des quotas" de la part des Américains. Portant, mercredi à Paris, les États-Unis sont restés sourds aux appels en défense du multilatéralisme lancés par la France et le reste des pays de l'OCDE, lors de la réunion annuelle de l'Organisation.

Des "menaces d'une guerre commerciale" avec l'Europe

Preuve des tensions, l'administration américaine a bloqué le communiqué final de la réunion annuelle de l'Organisation de coopération et de développement économique qui prévoyait de condamner le protectionnisme notamment.

Le président français, Emmanuel Macron, a lancé un vibrant appel à la refondation du multilatéralisme et appelé à réformer l'OMC, organisation censée réguler le commerce mondial et cible des critiques de l'administration Trump.

"Les menaces de guerre commerciale ne règleront rien", a dénoncé Emmanuel Macron.

Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, avait auparavant lancé de virulentes critiques contre la lenteur des institutions multilatérales, dénonçant "les palabres infinies" des réunions multilatérales.

L'Europe prête à en découdre

La Commission européenne a réclamé que l'UE soit exemptée de manière permanente, arguant que l'UE est une alliée des États-Unis et qu'elle n'est en rien responsable de l'engorgement des marchés de l'acier et de l'aluminium.

L'exécutif européen a fait savoir que l'UE imposerait des droits de douane sur 2,8 milliards d'euros (3,4 milliards de dollars) d'exportations américaines, dont le beurre de cacahuètes et les jeans, si ses exportations de métaux vers les États-Unis, d'une valeur de 6,4 milliards d'euros, étaient finalement soumises à des droits de douane.

Ce jeudi, Jean-Baptiste Lemoyne a indiqué avoir appuyé la décision européenne de répliquer à ces décisions, notamment en frappant certains produits américains.

"Cette liste est en cours d'examen à l'OMC mais d'ici la mi-juin cet examen sera terminé et nous serons alors en mesure de pouvoir mettre en place ces mesures de rééquilibrage", a-t-il dit à des journalistes.

Les droits de douane, qui ont tendu les relations entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux et qui sont contestés par certains pays, dont l'UE, devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), sont censés permettre une remontée du taux d'utilisation des capacités de production dans ces deux secteurs aux États-Unis à plus de 80%.