Avion abattu : pour Poutine, la Turquie a voulu protéger le pétrole de Daech

Par latribune.fr  |   |  423  mots
Moscou a déjà accusé Ankara la semaine dernière, après le crash d'un Su-24 abattu près de la frontière syrienne par l'aviation turque, de "protéger" les jihadistes de l'EI et de couvrir le trafic de pétrole qui constitue une des principales sources de financement de l'organisation.
Lors d'une conférence de presse en marge de la COP21 à Paris, le président russe a soutenu que la Turquie -qui a abattu un de ses chasseurs la semaine dernière près de la frontière syrienne- cherchait à protéger les livraisons de pétrole en provenance des territoires contrôlés par Daech.

La tension entre Ankara et Moscou est de plus en plus forte. Après avoir infligé à la Turquie des sanctions économiques et décliné la proposition d'une rencontre avec son homologue turc, Vladimir Poutine accuse Ankara de vouloir protéger le trafic de pétrole auquel se livre l'organisation État islamique (EI).

"Nous avons toutes les raisons de penser que la décision d'abattre notre avion a été dictée par la volonté de protéger ces chemins d'acheminement de pétrole vers le territoire turc, justement vers ces ports depuis lesquels il est chargé sur des navires-citernes", a déclaré Vladimir Poutine, lundi 30 novembre, lors d'une conférence de presse en marge de la Cop21 à Paris.

"Nous avons reçu des informations complémentaires qui confirment malheureusement que ce pétrole, produit dans les endroits contrôlés par l'EI et d'autres organisations terroristes, est acheminé massivement, de manière industrielle, vers la Turquie", a-t-il poursuivi.

"Pas nécessaire" d'abattre l'avion russe

Moscou a déjà accusé Ankara la semaine dernière, après le crash d'un Su-24 abattu près de la frontière syrienne par l'aviation turque, de "protéger" les jihadistes de l'EI et de couvrir le trafic de pétrole qui constitue une des principales sources de financement de l'organisation.

Selon le président russe, la plupart de ses interlocuteurs en marge de la conférence de Paris ont été d'accord sur le fait qu'il n'était "pas nécessaire" pour les autorités turques d'abattre l'avion russe, qui "ne menaçait pas la Turquie".

Vladimir Poutine a en outre rappelé que les pilotes russes écrivaient sur leurs bombes l'inscription "Pour notre peuple" et "Pour Paris", en référence au crash d'un avion civil russe le 31 octobre en Egypte et aux attentats du 13 novembre dans la capitale française.

"Et ce bombardier (qui portait ces inscriptions) est abattu par l'aviation turque. De quelle coalition peut-on parler dans ces conditions", a-t-il demandé.

Projet de coalition avorté ?

L'idée d'une coalition unique destinée à éliminer l'EI en Syrie a été avancée par Vladimir Poutine et François Hollande, mais peine à se réaliser face aux désaccords sur le sort du président syrien Bachar al-Assad. La grave crise que traversent les relations entre Moscou et Ankara met également à mal ce projet.

"Nous défendrons toujours (l'idée d'une coalition élargie), mais nous n'y arriverons pas tant que certains utiliseront des groupes terroristes pour servir leurs intérêts politiques à court terme", a conclu M. Poutine.

(Avec AFP)