Bataille du pétrole de l'Essequibo : « Le Guyana est gouverné par le Commandement Sud des Etats-Unis, la CIA et ExxonMobil » (Maduro)

Par latribune.fr  |   |  656  mots
Nicolas Maduro, le président du Venezuela. (Crédits : Manaure Quintero)
Le président du Venezuela Nicolas Maduro a dénoncé mercredi l'installation de « bases militaires secrètes » des Etats-Unis dans l'Essequibo, territoire riche en pétrole administré par le Guyana voisin et revendiqué par Caracas.

Qu'il semble loin l'échange de cadeaux entre Nicolas Maduro, le président du Venezuela et son homologue du Guyana, Irfaan Ali. C'était il y a plus d'un mois, lors d'une rencontre au sommet de la Communauté des Caraïbes (Caricom), à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, petit pays des Caraïbes, où les deux présidents avaient déjà fait baisser la température en décembre.

Pétrole

Aujourd'hui, la tension remonte. Au lendemain de la promulgation d'une loi affirmant la souveraineté du Venezuela sur l'Essequibo, territoire riche en pétrole administré par le Guyana voisin et revendiqué par Caracas, le président vénézuélien a dénoncé ce mercredi le rôle des Etats-Unis dans le dossier explosif de l'Essequibo.

« Nous avons des informations vérifiées selon lesquelles des bases militaires secrètes du Commandement Sud (des Etats-Unis), des cellules du Commandement Sud et des cellules de la CIA ont été installées » dans l'Essequibo, « temporairement administré par le Guyana », a déclaré ce mercredi Nicolas Maduro. Selon lui, ces bases visent à « préparer des agressions (...) contre les populations du sud et de l'est du Venezuela et pour préparer une escalade contre le Venezuela ». Et de lancer :

« Le président Irfaan (Ali) ne gouverne pas le Guyana, le Guyana est gouverné par le Commandement Sud (des Etats-Unis), la CIA et ExxonMobil ».

Washington soutient « la souveraineté du Guyana »

Ce n'est pas la première fois que le Venezuela s'en prend ExxonMobil et à Washington, lequel suit le dossier de très près comme l'avait indiqué début décembre, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken en affirmant son « soutien inébranlable à la souveraineté du Guyana ». » Le 7 décembre, les Etats-Unis avaient également participé à des exercices militaires aériens au Guyana.

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Après un accord conclu l'an dernier entre le Venezuela et le Guyana, qui s'étaient engagés à ne pas recourir à la force, les tensions bilatérales ont été ravivées après l'annonce début février du géant pétrolier américain ExxonMobil de son intention de procéder au forage de deux puits exploratoires au large de la côte du territoire disputé. Fin février, le président vénézuélien avait juré de faire barrage au géant pétrolier américain. « On vous attend ici ExxonMobil, quand vous voulez, où vous voulez », avait menacé Nicolas Maduro, ajoutant :  « ExxonMobil n'entrera pas dans cette mer... il faut qu'il le sache ».

Le gouvernement vénézuélien, qui ne reconnaît pas la compétence de la Cour internationale de Justice, a averti le Guyana d'une « réponse proportionnelle, énergique et légale » s'il autorisait ce forage dans les eaux contestées. Pour rappel, quelque 125.000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans l'Essequibo, un territoire de 160.000 km2, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana assure de son côté que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d'arbitrage à Paris.

La France va ouvrir une ambassade au Guyana

La France va ouvrir une ambassade au Guyana, « une première pour un pays membre de l'Union européenne » a annoncé le 26 mars le Quai d'Orsay.

« Dans une volonté de rapprochement entre pays voisins et amis, le Guyana et la France ont décidé d'écrire un nouveau chapitre de leur histoire en ouvrant une ambassade de France à Georgetown en 2025 », a confié une source proche du gouvernement guyanien. Pour le moment, l'ambassade de France au Suriname, ancienne colonie néerlandaise située entre la Guyane française et le Guyana, couvre aussi le Guyana, où officie un chargé d'affaires.