Ceta : les Belges tentent d'accorder leurs violons

Par latribune.fr  |   |  616  mots
De gauche à droite, André Antoine, Président du Parlement wallon et Paul Magnette, Ministre-président de la Wallonie
Les principaux ministres des entités fédérées belges et du gouvernement fédéral ont repris mercredi matin leurs difficiles discussions pour définir une position unanime sur le traité CETA avec le Canada, que la Belgique entend ensuite défendre face aux 27 autres pays de l'Union européenne.

Les discussions reprennent mercredi, a précisé Didier Reynders, à l'issue d'environ six heures d'une réunion qui rassemblait le gouvernement fédéral, les régions et les communautés de Belgique, en présence également de responsables européens. Ensemble, ils tentent de trouver une solution après le refus par la Wallonie, la Région de Bruxelles-Capitale et la communauté linguistique française, de donner leur feu vert à la signature de l'accord commercial négocié entre l'UE et le Canada.

"Rien n'a été conclu hier soir, on n'a pas trouvé d'accord hier soir. On continue à discuter", a déclaré mercredi matin le chef du gouvernement de la Wallonie (sud), le socialiste Paul Magnette.

"Il reste deux sujets importants, on a beau avancer sur beaucoup de choses, s'il reste deux sujets essentiels et qu'on n'arrive pas à trouver de solution, il n'y aura pas de solution", a ajouté M. Magnette, devenu le chef de file des opposants au CETA tel qu'il a été négocié par la Commission et le Canada.

"On ne peut pas rester pendant des semaines en dehors du débat européen. La Belgique doit fixer effectivement son point de vue et il ne faut pas oublier qu'il faut encore le faire valoir auprès de 27 collègues", a expliqué à son arrivée le ministre fédéral des Affaires étrangères, Didier Reynders.

L'UE a décidé - à ce stade - de ne pas annuler le sommet avec le Canada prévu jeudi à Bruxelles, qui doit sceller formellement l'accord commercial après sept années de négociations. Elle n'est pas encore prête à renoncer malgré la farouche opposition en Belgique des régions de Wallonie et de Bruxelles-Capitale ainsi que de la communauté linguistique "française", qui bloquent toujours le feu vert de ce pays.

La Belgique est le dernier pays membre à devoir donner son accord pour permettre la signature, prévue à l'origine lors d'un sommet entre l'UE et le Canada jeudi. Cette rencontre n'a pour l'instant pas encore été annulée.

Le NON de la Wallonie alimente les tensions avec la Flandre

Dans le complexe système fédéral belge, il n'existe pas de "hiérarchie des normes" entre les entités fédérées (trois régions et trois communautés linguistiques) et le gouvernement fédéral. Le niveau fédéral n'a pas le pouvoir d'imposer ses vues aux régions dans les larges domaines de compétences (économie, agriculture, etc.) qui sont de leur ressort.

"D'un point de vue de politique intérieure, cela aura des conséquences énormes. Les Wallons ont brisé le principe de la 'loyauté fédérale', c'est du jamais vu", a confié mardi une source proche du gouvernement fédéral dirigé par le libéral francophone Charles Michel.

Le "spectacle donné par les différents niveaux de pouvoir du pays n'est en rien celui de l'unité, de la cohérence et de la recherche de solution", abondait mardi le quotidien francophone Le Soir. Et d'ajouter:

"Oui, la crise du CETA, c'est aussi une crise belgo-belge".

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Atteindre un minimum d'harmonie entre les pièces du puzzle institutionnel belge requiert donc une dose de collaboration des différents niveaux de pouvoir pour définir la position de la Belgique, en particulier sur le plan international.

Le ministre-président de la Flandre, le nationaliste Geert Bourgeois, s'est contenté de trouver "dommage" l'échec des pourparlers avec la Wallonie, parlant de "honte pour tout le monde" sans pour autant aller jusqu'à adopter la rhétorique agressive qui a parfois caractérisé les relations entre Wallons et Flamands.

(Avec l'AFP)