Chine : une croissance au ralenti au second trimestre sur fond de guerre commerciale

Par Reuters  |   |  830  mots
(Crédits : Jason Lee)
La croissance économique de la Chine a ralenti à 6,2% en rythme annuel au deuxième trimestre, au plus bas depuis au moins 27 ans. En cause, la demande tant intérieure qu'extérieure qui souffre du conflit commercial avec les Etats-Unis.

Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine pénalisent le géant asiatique. De fait, la croissance de l'Empire du Milieu s'est établie à 6,2 % au deuxième trimestre, contre 6,4% au premier trimestre. Il s'agit de son rythme le plus faible jamais enregistré depuis le début de la série statistique en 1992. Même si la production industrielle et les ventes au détail, également publiées ce lundi, ont dépassé les attentes, certains économistes doutent que ces bonnes performances tiennent sur la durée.

Les experts pensent donc que le gouvernement chinois continuera de mettre en oeuvre des mesures de soutien à la consommation et à l'investissement dans les mois qui viennent notent les économistes. Aussi, partenaires commerciaux de la Chine et marchés financiers surveillent de près la santé de la deuxième économie mondiale, sur fond d'un conflit commercial prolongé et coûteux entre Pékin et Washington dont  "l'impact se fait sentir fortement dans le secteur manufacturier", et qui alimente les craintes d'une récession à l'échelle mondiale.

Les effets des mesures de relancent se font attendre

Une réduction du coefficient des réserves obligatoires (RO) "reste très vraisemblable car les autorités veulent soutenir l'économie réelle sur le long terme", ajoute-t-il, estimant que le ralentissement de l'économie durera jusqu'à ce qu'elle se stabilise, aux alentours de la mi-2020. Le coefficient des RO a été abaissé à six reprises depuis le début 2018 et les analystes interrogés par Reuters pensent qu'il sera encore réduit par deux fois au second semestre.

Pékin avait annoncé en mars de nouvelles baisses d'impôts et des dépenses d'infrastructures massives afin de relancer la croissance. Mais leurs effets sur l'économie se font attendre et les chefs d'entreprises restent circonspects. Le Premier ministre Li Keqiang a dit ce mois-ci que la Chine userait en temps et en heure de la réduction du coefficient des RO et d'autres instruments financiers pour soutenir les PME, tout en réaffirmant qu'il n'était pas question de renouer avec les mesures de soutien massives du passé.

La politique budgétaire en première ligne

La brutale escalade du conflit commercial sino-américain et une série d'indicateurs économiques en demi-teinte ont poussé certains observateurs à se demander s'il ne faudrait pas des mesures de relance plus énergiques pour redonner du tonus à l'économie chinoise, allant peut-être jusqu'à une réduction des taux d'intérêt pure et simple. Mais des statistiques de juin publiées ce même lundi montrent que la production industrielle, les ventes au détail et l'investissement en actifs immobilisés ont battu le consensus, ce qui laisse penser que les initiatives déjà engagées par le gouvernement chinois commencent à porter leurs fruits.

Des analystes font en outre valoir que les possibilités d'une véritable détente monétaire sont à présent limitées en raison de l'énorme dette du pays et de risques structurels.      "Une réduction des taux de dépôt et de prêt de référence, cela reste très improbable. Ajuster les taux plus orientés vers le marché paraît plus vraisemblable; réduire les taux d'intérêt de toutes ces facilités de liquidité constituerait aussi un signal important envoyé au marché", dit Aidan Yao, économiste d'Axa Investment Managers.

"La politique budgétaire tiendra le premier rôle dans les mois qui viennent, la politique monétaire jouant les seconds rôles". La production industrielle a augmenté de 6,3% en rythme annuel en juin, alors que sa croissance du mois précédent était la plus faible depuis 17 ans, battant aisément un consensus qui la donnait en hausse de 5,2%. Les ventes au détail ont progressé de 9,8% annuellement en juin, un rythme sans précédent depuis mars 2018, alors que le consensus donnait 8,3% de croissance après 8,6% le mois précédent. Ces ventes ont en particulier bénéficié d'un bond de 17,2% des ventes d'automobiles.

La production en baisse de 15,2%

Des chiffres qui laissent sceptiques certains analystes toutefois. Capital Economics affirme que selon son propre modèle, la croissance industrielle ralentit, tandis que la forte hausse des ventes d'automobiles s'explique peut-être par des facteurs ponctuels. Les concessionnaires automobiles chinois proposent de belles remises à la clientèle pour réduire leurs stocks qui se sont accumulés en raison de nouvelles normes d'émissions. La production a dans les faits baissé de 15,2% en juin, un onzième repli mensuel d'affilée.

"La statistique de juin a été meilleure que prévu (...) mais cette reprise supposée nous laisse sceptique au vu des nombreux signes de tassement de l'activité industrielle", dit Julian Evans-Pritchard, économiste de Capital Economics. "Et nous doutons donc que ces chiffres de juin annoncent un redressement". L'investissement en actifs immobilisés a également augmenté plus qu'attendu, de 5,8% annuellement au premier semestre contre 5,6% sur les cinq premiers mois de l'année en 2018 et un consensus de 5,5%.