Climat : Macron réussit son opération pour attirer des chercheurs étrangers

Par Dominique Pialot  |   |  458  mots
Macron espère faire changer Trump d'avis sur le climat mais maintient son invitations aux chercheurs américains
Comme l’a révélé la directrice générale déléguée à la science du CNRS au magazine Nature, plus de 150 chercheurs ont répondu à l’appel lancé par Emmanuel Macron au soir du retrait américain de l’Accord de Paris.

« Make our planet great again ». Tout le monde se souvient de l'opération de com' lancée par Emmanuel Macron au soir du 1er juin, quelques minutes seulement après que Donald Trump avait confirmé la sortie des États-Unis de l'Accord de Paris pour le climat. À cette occasion, il avait « invité » les chercheurs étrangers spécialistes du climat, à commencer par les Américains, à venir s'installer en France. Un sens de l'à-propos qui avait tout à la fois suscité l'admiration et quelques ricanements. Comment en effet espérer attirer en France des chercheurs quatre fois mieux rémunérés en Californie ?

Mais il semblerait qu'en six semaines, sa proposition, dont les modalités avaient été précisées quelques jours plus tard (des bourses de quatre ans d'un montant pouvant atteindre 1,5 million d'euros), en ait séduit plus d'un. Plusieurs centaines, dont 154 intéressés par des séjours longs, à en croire la déclaration faite au magazine Nature par Anne Peyroche, directrice générale déléguée à la science du CNRS.

Les candidatures continueraient d'ailleurs d'affluer, assure-t-elle, tandis qu'en parallèle le gouvernement français s'emploie à attirer quelques personnalités bien identifiées.

Un budget de 60 millions et des coupes de 331 millions d'euros

Le budget global de l'opération est fixé à 60 millions d'euros, répartis à parts égales entre le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et les organismes et universités de recherche. Selon le ministère, l'effort budgétaire qui lui est demandé "n'affectera en rien les moyens des universités, ni les programmes de recherche engagés ou les campagnes d'emploi".

Mais la concordance de cette initiative avec l'annonce d'une coupe de 331 millions d'euros dans les budgets 2017 de la Mission interministérielle Recherche et Enseignement supérieur et du ministère dont s'est émue  la conférence des présidents d'universités fait quelque peu désordre. Risques d'incompréhension sur le plan national, et de craintes sur la solidité de l'invitation auprès des scientifiques et entrepreneurs étrangers.

Merkel dans les pas de Macron ?

Pour l'heure cependant, l'impression qui domine est celle d'une France apparaissant comme une terre d'accueil pour la recherche et l'innovation climatiques.

D'ailleurs, l'Allemagne a annoncé le 13 juillet dernier une initiative similaire. Dotée de 15 millions d'euros par le gouvernement et autant par les établissements de recherche concernés, elle viserait, selon Anne Peyroche, des chercheurs plus juniors que ceux ciblés par la France.

Emmanuel Macron laisse entendre depuis la visite du président américain lors le 14 juillet dernier qu'il pourrait l'avoir incité à revenir sur sa décision concernant l'Accord de Paris, mais quoi qu'il en soit, cela ne devrait pas effacer les bénéfices de l'opération de com'.