Clinton souhaite raviver "The American Dream"

Par Constant Méheut  |   |  719  mots
Hillary Clinton a rappelé hier à Cleveland (Ohio) les grandes lignes de son programme économique.
Hier à Cleveland (Ohio) la candidate démocrate a de nouveau exposé les points phares de son plan pour l'économie américaine. Un discours qui a volontairement fait écho aux valeurs traditionnelles des Etats-Unis : travail, équité et prospérité.

C'est un refrain que Hillary Clinton semble bien déterminée à chantonner jusqu'au 8 novembre prochain, date de l'élection présidentielle américaine : "I know what the American Dream means" ("Je sais ce que le rêve américain signifie"). Dans son discours à Cleveland (Ohio) hier après-midi, la candidate démocrate a essayé une nouvelle fois de convaincre les classes moyennes et populaires de voter pour elle avec un discours très orienté à gauche.

Une relance économique pour les classes moyennes

Pour illustrer son discours, la secrétaire d'Etat n'a pas manqué de rappeler qu'elle est le produit de l'Amérique besogneuse et persévérante. "Je suis la petite-fille d'un ouvrier et la fille d'un modeste entrepreneur" a-t-elle rappelé aux 2.000 personnes qui étaient venues la supporter dans ce lycée de Cleveland. Évoquant le dur travail de ses aïeuls pour réussir économiquement, Clinton a exprimé sa volonté de créer toutes les opportunités économiques possibles pour apporter la prospérité aux américains.

"L'activité économique doit profiter à tous et pas seulement aux élites" s'est-elle fendue dans un discours aux consonances parfois populistes.

Pour ce faire, Hillary Clinton souhaite créer une Banque d'investissement issue d'un partenariat public-privé qui permettrait de financer toutes les infrastructures nécessaires à la reprise économique. Elle a notamment insisté sur la construction d'un nouveau réseau électrique et numérique qui viendrait connecter tous les foyers américains - selon elle, 5 millions de foyers ne disposent pas de connexion internet - afin qu'ils "fassent partie de l'économie digitale du XXIe siècle".

La candidate à la Maison Blanche a aussi dévoilé quelques-unes de ses réformes dans le secteur de l'éducation. Elle souhaite relancer les programmes de scolarité pour enfants dès leur plus jeune âge, accentuer les formations pour les métiers techniques et faciliter financièrement l'accès aux études supérieures. Autant de mesures qui permettraient selon elle d'assurer des emplois en plus grand nombre et en meilleure adéquation avec les besoins des entreprises.

Selon les analyses de Moody's, qu'elle cite dans son discours, son programme économique permettrait de créer plus de 10 millions d'emplois à travers tous les Etats-Unis. Un chiffre qu'elle utilise ensuite pour évaluer à 376.000 le nombre de nouveaux emplois créés dans le seul Etat de l'Ohio (elle rapporte l'estimation de Moody's à la population de chaque Etat, un calcul pour le moins hasardeux).

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Une hausse d'impôt pour les plus riches

Pour financer ce plan ambitieux, Hillary Clinton ne cache pas qu'elle souhaite taxer davantage les plus riches et place son discours économique plus à gauche que pendant les primaires démocrates. Elle dit vouloir s'attaquer, sans plus de précision, aux niches fiscales, établir un système d'imposition plus juste et réfute l'argument de Trump selon lequel elle augmentera les impôts sur les classes moyennes.

Hillary Clinton souhaite établir un plafond maximum d'imposition sur le revenu de 45% contre 39% aujourd'hui. Selon l'institut américain Tax Foundation, ces mesures creuseront de 1% le PIB sur le long terme et réduiront les salaires de 0,8%. Mais elles généreraient aussi 198 milliards de revenus pour l'Etat fédéral américain.

Stigmatiser Donald Trump

Enfin, Hillary Clinton n'a pas manqué, à travers son discours, de critiquer son concurrent à la Maison Blanche Donald Trump. Elle a de nouveau dénoncé son programme fiscal qui selon elle favoriserait les plus riches et a estimé à 4 milliards de dollars les exonérations d'impôts pour la famille Trump qu'entraînerait l'abrogation de l'impôt fédéral que souhaite le candidat républicain.

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"Cette somme suffirait à financer la construction de 288 nouvelles écoles dans l'Ohio, à rembourser 166.000 prêts étudiants ou à procurer la sécurité sociale à 373.000 vétérans" a tenu à rappeler la candidate.

Une nouvelle manière pour la secrétaire d'Etat d'affirmer implicitement que son opposant mènerait une politique exclusivement en faveur de ses proches et des élites financières si d'aventure il était élu à la Maison Blanche.

A 83 jours de l'élection présidentielle Hillary Clinton poursuit donc son opération séduction des classes moyennes et ne manque pas une occasion de critiquer un Donald Trump empêtré dans les controverses qui sabotent sa campagne présidentielle.