Commerce international : la Chine pourrait se faire devancer par les pays d'Asie du Sud-Est dans les 10 ans à venir

Par latribune.fr  |   |  785  mots
Les échanges entre l'Europe et la Chine devraient continuer à croître ces dix prochaines années, mais à un rythme moins soutenu qu'auparavant. (Crédits : TINGSHU WANG)
Une étude du Boston Consulting Group parue ce lundi estime que la Chine pourrait connaître une perte de vitesse en matière de commerce international ces dix prochaines années.

La Chine pourrait perdre son statut d'atelier du monde dans les dix prochaines années. Selon une étude du Boston Consulting Group sur l'évolution du commerce mondiale sur dix ans, les échanges entre la Chine et le reste du monde seront affectés par l'augmentation des barrières commerciales entre Pékin et d'autres grandes puissances économiques. Ainsi, entre la Chine et les Etats-Unis les échanges devraient diminuer de 197 milliards de dollars par rapport à 2022, soit trois fois plus que ce que prévoyait le BCG début 2023. Avec l'Europe en revanche, les échanges devraient continuer à croître, mais à un rythme moins soutenu qu'auparavant.

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Ces perspectives surviennent après une période particulière. Le commerce mondial a été lourdement affecté ces trois dernières années par le contexte sanitaire et géopolitique, dans un contexte de confrontation économique croissante entre la Chine, les Etats-Unis et l'Europe.

Dernier exemple des dégradations des relations sino-occidentales : les sanctions chinoises sur les spiritueux européens. Les autorités chinoises ont annoncé ce vendredi avoir lancé une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin, comme le cognac, importées de l'Union européenne (UE). Pour rappel, le dumping est une pratique qui consiste notamment à vendre à l'étranger à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché national. Une telle enquête pourrait avoir des conséquences sur les producteurs européens exportateurs. En 2022, la Chine a importé plus d'eau-de-vie de vin que tout autre spiritueux, indique un rapport du cabinet Daxue Consulting, et la plupart des importations venaient de France. Parmi ces eaux-de-vie de vin produites dans l'UE figurent notamment le cognac et l'armagnac, tous les deux produits sur le sol français.

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Avenir radieux pour les pays d'Asie du Sud-Est

À l'inverse de la Chine, le renforcement des liens commerciaux avec des partenaires plus amicaux ainsi que la diversification des approvisionnements devraient faire augmenter les échanges de l'Europe avec les Etats-Unis, anticipés en hausse de 38% selon l'étude, tout comme avec l'Inde (+66%) et la Turquie (+23%), à horizon 2032.

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Autres gagnants de la réorganisation des chaînes de production due à la pandémie et la guerre en Ukraine : les pays d'Asie du Sud-Est (Asean).

Cette région est « une alternative attractive à la Chine en raison de sa population jeune et dynamique, son économie diversifiée et sa neutralité dans les confrontations géopolitiques », relève cette étude.

Dans cette région, la croissance du commerce y est évaluée à 1.200 milliards de dollars dans les dix prochaines années, « en raison de l'émergence de cette région comme une destination clé pour les entreprises cherchant à réduire leur dépendance à la Chine », selon la publication annuelle de cette société internationale de conseil.

La Chine ressent déjà les conséquences de la dégradation du commerce

Depuis la pandémie de Covid-19, l'économie de l'ex-Empire du milieu montre des signes de fatigue. La Chine vise « environ 5% » de croissance cette année, un objectif très faible par rapport aux croissances à deux chiffres affichées il y a encore quelques années. Il pourrait toutefois être difficile à atteindre, estiment certains économistes. En novembre, le Bureau chinois de statistiques (BNS) a notamment annoncé un tassement de sa croissance économique pour le troisième trimestre 2023 (+4,9% sur un an) qui s'était déjà établie à +6,3% au deuxième trimestre.

Ce sérieux coup de frein sur l'activité de la deuxième puissance économique mondiale n'a toutefois rien de nouveau : l'an dernier, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l'objectif officiel de 5,5%, et l'un des rythmes les plus faibles enregistrés par le pays depuis quatre décennies.

Et début décembre, les plus hauts dirigeants du Parti communiste (PCC) ont avoué que le pays allait rencontrer des « difficultés » pour relancer l'activité économique du pays, a annoncé ce mardi un média d'Etat. « La Chine doit encore surmonter certaines difficultés et défis afin de continuer à relancer l'économie », ont jugé les principaux dirigeants du PCC, dont le chef de l'Etat Xi Jinping, lors de la Conférence sur le travail économique, selon l'agence de presse Chine nouvelle. Toutefois, « dans l'ensemble, les conditions favorables l'emportent sur les facteurs défavorables » en matière de développement économique, ont-ils déclaré. « La tendance fondamentale d'une reprise économique et de perspectives positives à long terme n'a pas changé. »

(Avec AFP)