Congé parental : les papas le boudent, les mamans trinquent

Par Fabien Piliu  |   |  645  mots
En France, seuls 4 % des pères prennent un congé parental.
Selon une étude de l'OCDE, les pères rechignent à prendre un congé parental rémunéré. Les habitants des pays nordiques et les Portugais sont les exceptions qui confirment la règle.

Voici une étude dont pourrait - devrait ? - s'inspirer Ericka Bareigts, la toute nouvelle secrétaire d'Etat à l'Egalité réelle. Selon une étude de l'OCDE publiée ce mercredi, le congé parental rémunéré, qui peut être pris par les deux parents et qui existe désormais dans 23 des 34 pays de l'OCDE, est peu utilisé par les pères.

" Si les hommes prennent habituellement quelques jours de congé paternité juste après la naissance de leur enfant, seuls les plus motivés et les plus courageux utilisent leur droit à un congé parental plus long ", note cette étude.

Dans de nombreux pays, les pères représentent moins d'un bénéficiaire sur cinq du congé parental. Certes leur part peut atteindre " 40% voire plus dans certains pays nordiques et au Portugal ", mais elle n'est que d' " un sur cinquante en Australie, en Pologne et en République tchèque ", précise l'Organisation qui relève toutefois une bonne nouvelle : " en moyenne, l'utilisation du congé parental par les hommes augmente ". Ainsi, en Finlande, leur part a doublé entre 2006 et 2013 tandis qu'en Belgique elle a progressé de près de dix points sur la même période.

La France ne montre pas l'exemple

Quelques pays ne connaissent qu'une évolution limitée. En Autriche et en France, les hommes ne représentent que 4 % des parents qui prennent un congé parental, soit à peu près la même proportion qu'il y a dix ans environ.

Pourtant, une réforme a modifié en janvier 2015 la durée du congé parental en France dans l'objectif, selon le gouvernement, de mieux le répartir entre les deux parents. Il est passé de six mois à un an pour un premier enfant, à condition que les deux parents le prennent. A partir du deuxième enfant, sa durée reste de trois ans s'il est partagé, deux ans pour un parent, un an pour l'autre. Pour mémoire, en France, le montant de l'aide s'élève à 390,52 euros par mois en cas de congé parental à temps complet, c'est à dire en cas de cessation totale d'activité. En cas de congé parental à temps partiel, quand une activité est maintenue partiellement, il atteint 252,46 euros par mois pour une durée de travail inférieure ou égale à un mi-temps et 145,63 euros par mois pour une durée de travail comprise entre 50 % et 80 %.

Selon cette étude, les pères hésitent souvent à prendre un congé parental car ils redoutent les répercussions sur leurs carrières. Au Japon et en Corée du Sud par exemple, très peu de pères prennent l'année de congé rémunéré à laquelle ils ont droit.

Le frein financier est aussi évoqué : si la mère gagne moins que le père - et l'écart moyen des salaires dans l'OCDE est d'environ 15 % au détriment des femmes - ce dernier est fortement incité à continuer de travailler.

Pour augmenter la part des hommes en congé parental, l'OCDE suggère la mise en place des périodes de congé parental plus courtes, mais mieux rémunérées, citant l'exemple de l'Allemagne, où depuis 2007 l'indemnisation des pères et des mères est proche de leur salaire.

Un pas vers la parité ?

Un rééquilibrage pourrait accélérer la parité hommes-femmes sur le marché de l'emploi. En effet, en abandonnant aux pères une partie des tâches liées à l'éducation des enfants, les femmes pourraient  - rêvons un peu - se débarrasser de leur statut de mère qui ne rime que trop rarement avec valorisation salariale et promotion au sein de la hiérarchie de l'entreprise. Non ?

Selon le Secrétariat d'Etat à l'Egalité réelle, " il existe toujours dans notre société des inégalités persistantes entre les hommes et les femmes : 18,8 % d'écarts de salaires, 40 % d'écarts de pensions, 26,9 % de femmes députées ".