Corruption à la Fifa : les aveux d'un ancien haut dirigeant à la justice américaine

Par latribune.fr  |   |  539  mots
Charles Blazer (ici en 2011) reconnaît aussi avoir pratiqué l'évasion fiscale et travaillé avec des tiers pour transférer des fonds de comptes bancaires en comptes bancaires pour masquer les pratiques de corruption.
Charles Blazer est l'un des quatre accusés ayant plaidé coupable en secret et accepté de coopérer avec les enquêteurs américains. Dans une audition passée en novembre 2013 devant la justice américaine, il a révélé plusieurs détails concernant la corruption à la Fifa, d'après une transcription partielle publiée mercredi.

Il a été la figure du football en Amérique du nord durant deux décennies. L'Américain Chuck Blazer, ancien haut dirigeant de la Fifa, a plaidé coupable d'avoir conspiré avec d'autres responsables de la Fédération internationale de football pour accepter des pots-de-vin du Maroc et de l'Afrique du Sud lors des processus d'attribution des Mondiaux 1998 en France et 2010 en Afrique du Sud.

Ses aveux passés devant un juge américain remontent au 25 novembre 2013. Ils figurent dans une transcription partielle de son audition publiée mercredi 3 juin dont plusieurs passages ont été expurgés à la demande du gouvernement.

  • Des activités de racket

"Durant la période où j'ai travaillé pour la Fifa et la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes), j'ai entre autres commis avec d'autres personnes au moins deux actes d'activité de racket."

"Entre autres choses, j'ai accepté avec d'autres personnes en 1992 ou autour de cette date, de faciliter le versement d'un pot-de-vin pour la sélection du pays hôte de la Coupe du monde 1998", a-t-il poursuivi.

Chuck Blazer, qui a secrètement plaidé coupable de dix chefs d'inculpation criminelle à New York dans le cadre d'un accord avec les procureurs américains, est l'un des principaux informateurs des enquêteurs américains qui travaillent sur les agissements de hauts responsables de la Fifa.

  • Le Maroc impliqué

Dans un autre document publié également mercredi, l'ex-haut responsable a précisé à la justice américaine qu'il avait été invité au Maroc par le comité de candidature marocain avec celui qui est désigné par la justice américaine sous le nom de "complice N.1".

"Blazer était présent lorsqu'un représentant du comité de candidature marocain a offert un pot-de-vin au complice N.1 en échange de sa voix pour le Maroc dans le scrutin pour le pays hôte de la Coupe du monde 1998 et le conspirateur N.1 a accepté le pot-de-vin", précise le document.

L'organisation de la Coupe du monde 1998 avait été confiée par la Fifa en juillet 1992 à la France, qui était la seule concurrente du Maroc. La France avait remporté le scrutin par 12 voix contre 7.

  • Sept années de pots-de-vin pour la désignation de l'Afrique du Sud

"À partir de 2004 et jusqu'en 2011, moi et d'autres membres du comité exécutif de la Fifa, nous avons accepté des pots-de-vin en vue de la désignation de l'Afrique du Sud comme pays organisateur de la Coupe du monde 2010", a encore souligné Chuck Blazer, qui a occupé le poste de secrétaire général de la Concacaf.

L'Afrique du Sud avait été préférée pour la Coupe du monde 2010 à l'Egypte, au Maroc et à une candidature commune entre la Libye et la Tunisie. Son audition évoque aussi des commissions occultes liées à cinq éditions de la Gold Cup, la principale compétition organisée par la Concacaf, étalées entre 1996 et 2003.

  • Évasion fiscale

Charles Blazer reconnaît aussi avoir pratiqué l'évasion fiscale et travaillé avec des tiers pour transférer des fonds de comptes bancaires en comptes bancaires pour masquer les pratiques de corruption.

"Je savais alors que mes actions étaient néfastes", dit-il encore au juge Dearie.

(Avec AFP et Reuters)