Crise alimentaire : "c'est la faute des régimes occidentaux" et de "l'introduction forcée de biocarburants", selon Moscou

Par latribune.fr  |   |  540  mots
(Crédits : Photo by Maksim Konstantinov / SOPA Images/Sipa USA)
La hausse des prix sur les produits alimentaires qui sévit partout dans le monde n'est aucunement liée à l'invasion de l'Ukraine décidée par la Russie et mise en oeuvre en février dernier. Elle est le résultat d'une politique de transition énergétique "mal pensée" par les pays d'Europe et d'Amérique du nord, "notamment l'introduction forcée de biocarburants", estime le Kremlin.

Quelques heures à peine après que l'Europe a accusé le Kremlin de "véritable crime de guerre" avec le bloquage des exportations de céréales ukrainiennes, Moscou applique la réponse du berger à la bergère. Pour la Russie, la potentielle crise alimentaire mondiale et la hausse du prix des céréales sont en effet le résultat des actions "destructrices" de l'Occident, et non du blocage des ports de la mer Noire par l'armée russe.

L'Ukraine était, avant l'invasion russe, le plus important producteur mondial d'huile de tournesol et l'un des principaux exportateurs de blé.

"Concernant la possibilité d'une famine, de plus en plus d'experts penchent vers un scénario pessimiste (...) C'est la faute des régimes occidentaux, qui agissent comme des provocateurs et des destructeurs", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, sur Telegram.

Selon Mme Zakharova, l'Occident a fait des "erreurs systématiques" dans la planification de sa politique agricole et a provoqué une inflation mondiale avec des mécanismes financiers et monétaires "de courte vue" créés lors de la pandémie.

Selon elle, la hausse des prix est aussi le résultat d'une politique de transition énergétique "mal pensée" par les pays d'Europe et d'Amérique du nord, "notamment l'introduction forcée de biocarburants".

Vendredi, la même culpabilité sur l'inflation était adressée par Vladimir Poutine à l'encontre des Etats-Unis qui ont "imprimé beaucoup d'argent", affirmait le chef de l'Etat russe.

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Moscou dénonce des "restrictions illégales" suite à l'invasion de l'Ukraine

Enfin, Maria Zakharova a pointé du doigt les "restrictions illégales" occidentales, prises après l'offensive du Kremlin en Ukraine et qui ont perturbé les circuits logistiques et financiers russes, notamment pour l'exportation de céréales.

Pour l'heure, les négociations entre Kiev et Moscou pour débloquer les ports semblent au point mort. "Il n'y a pas encore de progrès", a admis le président ukrainien Zelensky lundu, estimant que "la crise alimentaire dans le monde durera tant que cette guerre coloniale continuera". "L'Afrique est l'otage de ceux qui ont commencé la guerre contre notre Etat", a lancé M. Zelensky dans un discours en visioconférence adressé aux membres de l'Union africaine (UA).

L'Afrique en situation d'urgence

Face à cette crise, le Cap-Vert a d'ailleurs déclaré une situation d'urgence sociale et économique dans l'archipel ouest africain. Avec la perte de pouvoir d'achat, neuf Capverdiens sur 100 sont menacés d'insécurité alimentaire alors qu'en 2020, en pleine pandémie, ils n'étaient que 2%, a déclaré le Premier ministre Ulisses Correia e Silva lors d'une conférence de presse à Praia.

Aussi, le gouvernement allemand organise vendredi à Berlin une conférence internationale sur la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine, en présence notamment du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, a annoncé l'exécutif allemand.

Sur le plan militaire, l'Ukraine a accusé lundi la Russie d'intensifier encore ses bombardements meurtriers dans l'Est, où ses troupes résistent avec acharnement, et selon Moscou, a frappé en retour des plateformes de forage en mer Noire au large de la Crimée (sud), annexée en 2014.

(Avec AFP)