Céréales bloquées en Ukraine : Macron imagine un pont logistique via la Roumanie

En attendant de trouver un accord avec les Russes pour débloquer les cargaisons de céréales bloquées dans les ports de la Mer Noire, Macron propose de passer par la Roumanie, ce qui permettrait de desserrer la pression sur les marchés agroalimentaires mondiaux: 25 millions de tonnes de céréales sont toujours bloquées en Ukraine.
Hier, jeudi 16 juin 2022, à Kyiv, le président français Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy lors de leur conférence de presse conjointe.
Hier, jeudi 16 juin 2022, à Kyiv, le président français Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy lors de leur conférence de presse conjointe. (Crédits : Reuters)

Quand la géopolitique en appelle à la logistique multimodale. Face aux menaces sur la sécurité alimentaire mondiale que fait peser le blocus des ports ukrainiens par la Russie, le président français Emmanuel Macron a indiqué jeudi que la France était en train d'aider la Roumanie, voisin immédiat de l'Ukraine, à ouvrir une voie alternative terrestre afin de permettre le transit et l'exportation de ces millions de tonnes de céréales qui manquent actuellement sur les marchés internationaux.

En effet, hier, lors de sa première visite en Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février dernier, le président de la République française, a mis l'accent sur l'enjeu de sécurité alimentaire mondial déclenché par le conflit:

"Nous continuerons l'épreuve de force diplomatique à l'égard de la Russie, avec le secrétaire général des Nations unies", pour utiliser le port d'Odessa comme porte de sortie maritime pour les graines (maïs, blé...) "qui sont bloquées", a expliqué le président français sur la chaîne de télévision privée TF1, interrogé à Kiev.

Le président français expliquait ensuite que face au refus de la Russie, la France et ses alliés occidentaux étaient "en train de travailler à une autre voie, qui est de passer par la Roumanie", Odessa n'étant qu'"à quelques dizaines de kilomètres" de la frontière ukraino-roumaine. Selon Emmanuel Macron, "cela permettrait "de pouvoir accéder en particulier au Danube et aux chemins de fer" afin d'acheminer ces céréales vers les marchés internationaux.

Il y a une semaine, la France avait déjà offert de participer à une "opération" pour lever le blocus du port d'Odessa (sud de l'Ukraine) afin de permettre l'exportation des céréales ukrainiennes vers les pays qui en ont besoin.

"Nous sommes à disposition des parties pour au fond que se mette en place une opération qui permettrait d'accéder au port d'Odessa en toute sécurité, c'est-à-dire de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée", a déclaré un conseiller présidentiel.

Mais, prenant acte de l'impasse diplomatique actuelle, cette voie alternative, proposée par le président français et qui passerait par la Roumanie, offre plusieurs avantages : desserrer l'étau du chantage russe, modifier le rapport de force, et donc obtenir sans doute plus rapidement des Russes un "cadre" - c'est-à-dire, une exception pour motif humanitaire au blocus maritime des ports ukrainiens sur la mer Noire.

Kiev, Zelensky, président de la République française

Créer un pont logistique via la Roumanie

La Roumanie, où Emmanuel Macron a effectué une visite mardi et mercredi avant de se rendre à Kiev, est "en train de faire les investissements" pour "constituer une espèce de point de liaison", à partir duquel "nous pourrons - beaucoup plus fortement, rapidement, et massivement qu'on ne le fait aujourd'hui - exporter ces céréales".

La France "va l'y aider avec nos experts, nos militaires, nos entreprises", a ajouté Emmanuel Macron.

Sans parvenir à un accord jusqu'à présent, l'ONU négocie depuis plusieurs semaines avec Moscou, Kiev et Ankara, caution militaire d'une utilisation de la mer Noire pour des navires civils, un accord qui permettrait aux céréales de sortir d'Ukraine en sécurité et aux engrais produits par la Russie de revenir sur le marché international.

25 millions de tonnes de céréales toujours bloquées en Ukraine

Si un accord était trouvé, il ferait baisser les prix des denrées et atténuerait la crise alimentaire dans le monde, qui s'aggrave du fait de l'invasion russe.

Pour rappel, "25 millions de tonnes de céréales destinées à être exportées sont toujours bloquées en Ukraine, et qu'on ne sait pas si ces 25 millions de tonnes, qui devraient ressortir dans environ un mois de la nouvelle campagne agricole, pourront quitter le pays", affirmait à La Tribune Diane Mordacq, chargée de recherche au Club Demeter.

Sur TF1, Emmanuel Macron a souligné que son déplacement à Kiev, critiqué par l'opposition à trois jours du second tour des législatives, visait ainsi "à protéger notre pays", car "les prix de l'essence, du gaz et des courses qui augmentent, c'est lié à ce conflit, à des choix qui sont faits chaque jour par la Russie de jouer avec les matières premières dont elle dispose pour les faire monter et nous mettre la pression".

(avec AFP)

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Commentaires 7
à écrit le 18/06/2022 à 9:52
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. sur l échelle de classement de 1 à100. la ROUMANIE est elle toujours le pays le plus corrompu de U E ,?

à écrit le 18/06/2022 à 9:25
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Macron est toujours dans le quoi qu’il en coûte, car son pont logistique va coûter bonbon, et qui va payer ? Sans doute pas les Pays destinataires qui ne roulent pas sur l’or……..

à écrit le 17/06/2022 à 15:13
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Et Au fait le marché des céréales n'est-il pas géré par qques multinationales Suisses ? Oh les Suisses vous êtes de quel coté ?

à écrit le 17/06/2022 à 12:25
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Il est très étonnant qu'on se préoccupe seulement aujourd'hui de ce problème logistique céréalier, tant du côté ukrainien qu'européen. Le Danube est un grand fleuve canalisé et relié au Rhin, qui permet de remonter jusqu'en Hollande , avec des pénich...

le 17/06/2022 à 15:37
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leurs destinations principales sont l'afrique et le moyen orient. Ca fait un sacré détour ce que vous proposez

à écrit le 17/06/2022 à 12:24
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Le pont de Zatoka qui permet de relier Odessa a la Roumanie en quelques dizaines de km a pourtant déjà été détruit par les Russes.

à écrit le 17/06/2022 à 11:57
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"Il" semble vouloir nous diriger vers une économie de guerre tout en revenant au 3% de déficit, je ne vous dessine pas les 5ans a venir!! ;-)

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