De plus en plus de Britanniques regrettent le Brexit (Christine Lagarde)

Par latribune.fr  |   |  595  mots
(Crédits : BEAWIHARTA)
La directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI) Christine Lagarde a affirmé mardi que les Britanniques regrettaient de plus en plus le Brexit.

"Il semble qu'il y ait davantage de Britanniques qui préféreraient rester plutôt que sortir" de l'Union européenne, a affirmé la directrice du FMI lors d'une conférence à Washington.

"Je pense qu'il y a des regrets dans bien des coins d'Europe. Je pense qu'il y a plus de regrets au Royaume-Uni qu'il n'y en avait il y a six mois", a-t-elle déclaré lors d'un entretien à la tribune de la Bibliothèque du Congrès.

"Il y a désormais une réalisation qu'il va y avoir davantage de pertes à cause du Brexit que cela n'avait été décrit et escompté par ceux qui ont fait campagne" pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, a-t-elle insisté.

La directrice du FMI a aussi signalé avec optimisme que "légalement", le Royaume-Uni avait la possibilité de renoncer à quitter l'Union européenne sans avoir besoin de l'aval des autres Etats membres, comme l'a stipulé mardi l'avocat général de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE).

Il y a "une manière parfaitement légale de révoquer l'article 50, une disposition selon laquelle le Royaume-Uni se retire", a ajouté Mme Lagarde.

"Est-ce viable ?", lui a demandé son intervieweur. "Au moins, c'est légal !", a lancé la responsable du FMI.

"Gilets jaunes" : l'"âge de la colère"

Christine Lagarde a aussi évoqué un vigoureux appel à un renouvellement de la coopération internationale, craignant l'avènement d'un "âge de la colère" où les inégalités pourraient bientôt surpasser celles de l'"âge d'or" du capitalisme au XIXe siècle.

La directrice générale du Fonds monétaire international a plaidé pour un "nouveau multilatéralisme" qui assurerait que "les bienfaits économiques de la mondialisation soient partagés par tous et non plus seulement par quelques-uns".

Le commerce mondial doit selon elle être "réparé":

"Nous devons poursuivre la désescalade" des tensions commerciales et améliorer le système des échanges, en "éliminant les subventions qui causent des distorsions" et en protégeant les droits de propriété intellectuelle.

Interrogée sur la trêve commerciale conclue pour 90 jours entre Pékin et Washington, elle a estimé n'être "pas sûre" que cela débouche sur un accord commercial en trois mois, mais elle a salué "les progrès significatifs". "Ce qui est important, c'est qu'ils se comprennent des deux côtés, de s'accorder sur des principes clés", a-t-elle ajouté.

Dans son discours, Christine Lagarde a également préconisé un nouveau système de taxation internationale.

"Les entreprises ont maintenant une présence planétaire, mais les gouvernements n'ont pas trouvé la bonne réponse fiscale", a-t-elle affirmé, dénonçant les stratégies d'optimisation fiscale qui laissent "trop de recettes d'impôts sur la table".

Sans cette "coopération internationale ré-imaginée", la responsable du FMI craint que dans 20 ans, d'ici 2040, "les inégalités ne surpassent ce qu'elles étaient pendant l'âge d'or du capitalisme".

Cet "âge de la colère" verrait des géants monopolistiques de la technologie face à des Etats faibles, des catégories favorisées de la population "pouvant vivre jusqu'à 120 ans quand des millions d'autres souffriront de pauvreté".

"Le fossé entre aspirations et réalités" risquerait de "nourrir colère et amertume", a-t-elle averti.

S'affirmant "une optimiste", elle assure qu'un "âge de l'inventivité" est possible, où les économies profiteront des énergies renouvelables, d'une plus forte intégration des femmes dans le monde du travail et où les grandes entreprises feraient montre de responsabilité sociale.

(avec agences)