Du Japon à la France, stupéfaction après la fuite de Carlos Ghosn au Liban

Par latribune.fr  |   |  641  mots
(Crédits : KYODO)
Alors que la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie Agnès Pannier-Runacher, la CGT Renault et le principal avocat japonais de Carlos Ghosn, ont réagi, ce mardi 30 décembre, à la fuite de l'ancien dirigeant de l'alliance Renault-Nissan vers le pays du Cèdre, le Quai d'Orsay a annoncé, dans l'après-midi, qu'il n'était pas au courant du départ de l'ancien dirigeant.

(Article publié le 31 décembre 2019 à 12h25, mis à jour le 31 décembre 2019 à 16h15)

La nature des réactions à l'annonce de la fuite de Carlos Ghosn vers le Liban, orchestrée lundi 30 décembre, traduisent, à tous les égards, le grand étonnement, et c'est un euphémisme, que suscite la nouvelle à travers le monde. Junichiro Hironaka, le principal avocat japonais de l'ex-patron de Renault-Nissan s'est dit, ce mardi 30 décembre, "abasourdi" par le départ de son client, initialement assigné à résidence au Japon. L'avocat assure n'avoir eu aucun contact avec lui depuis son départ dans des conditions encore mystérieuses. "C'est une surprise totale", a-t-il déclaré aux médias japonais en affirmant ne pas avoir été contacté par M. Ghosn et avoir appris "par la télévision" que l'ex-patron de Renault-Nissan avait fui le Japon où il est sous le coup de quatre inculpations pour malversations financières. L'avocat japonais a par ailleurs confirmé qu'il est toujours en possession des passeports du dirigeant en fuite.

Pour le moment, personne n'est en mesure de déterminer comment Carlos Ghosn s'est enfui. La France n'a eu aucune information à ce sujet, a assuré ce mardi après-midi le ministère français des Affaires étrangères, après l'arrivée surprise à Beyrouth de l'ex-PDG de Renault-Nissan. "Les autorités françaises ont appris par la presse l'arrivée de Carlos Ghosn au Liban. Celui-ci faisait l'objet de poursuites judiciaires au Japon, avec des mesures destinées à éviter qu'il ne quitte le territoire japonais", a indiqué le ministère dans un communiqué laconique. "Les autorités françaises n'ont pas été informées de son départ du Japon et n'ont eu aucune connaissance des circonstances de ce départ".

A l'instar du Quai d'Orsay, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie Agnès Pannier-Runacher, qui s'est dite, ce mardi 31 décembre, "surprise" de ce rebondissement inattendu sur France Inter, affirme avoir appris "par la presse", le départ du magnat déchu de l'automobile. "Il faut qu'on comprenne exactement ce qu'il s'est passé", a-t-elle ajouté. L'ex-patron de l'alliance Renault-Nissan "n'est pas au-dessus des lois", a souligné Mme Pannier-Runacher.l "C'est un ressortissant libanais, brésilien et français et le soutien consulaire lui est acquis comme (à) tous les Français", a-t-elle ajouté.

"Comment a-t-il pu passer le contrôle des aéroports ?"

La CGT Renault s'est également exprimée sur ce nouveau rebondissement en indiquant  espérer que "toute la lumière" sera faite sur cette exfiltration, "notamment des complicités" dont a pu bénéficier l'ex-PDG de Renault-Nissan. "Nous espérons que toute la lumière sera faite sur cette affaire et notamment des complicités dont a bénéficié Carlos Ghosn", a déclaré Fabien Gâche, délégué CGT du constructeur automobile, dans un communiqué.

"Comment a-t-il pu quitter le Japon sachant qu'il était, selon ses avocats, assujetti à résidence et à des contrôles stricts tant dans ses déplacements que dans ses échanges avec autrui ? Comment a-t-il pu passer le contrôle des aéroports (Japon, Turquie...) sans passeport, puisque ses avocats affirment détenir ses passeports français, libanais et brésilien ?", a interrogé le syndicat.

"Une nouvelle fois, Carlos Ghosn s'autorise à décider de ce qui relève de la justice ou non, tout comme il s'est autorisé à licencier des centaines de milliers de salariés sans autre forme de procès", a commenté le syndicat.

Lire aussi : Carlos Ghosn a quitté le Japon et se trouve au Liban !

Carlos Ghosn avait été arrêté à Tokyo le 19 novembre 2018 et est inculpé au Japon d'abus de confiance et de dissimulation de revenus. Depuis son arrestation, ses avocats et sa famille ont vivement dénoncé ses conditions de détention et la façon dont la justice japonaise mène la procédure.