La Russie promet des sanctions économiques contre la Turquie

Par latribune.fr  |   |  697  mots
Entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, les tensions vont croissant depuis la destruction d'un bombardier russe par les autorités turques mardi.
La destruction d'un avion de combat russe par la Turquie a tendu les relations du pays avec Moscou. Le Premier ministre russe promet des mesures de "rétorsion économique" et accuse Ankara d'acheter du pétrole à l'organisation terroriste Daech.

Article publié à 15h33, mis à jour à 17h09

L'heure n'est pas encore à l'apaisement. Les Russes actuellement en Turquie doivent rentrer en Russie, a exigé jeudi le ministère russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, jeudi 26 novembre, invoquant des risques "terroristes", deux jours après le crash d'un avion militaire russe abattu par l'armée turque.

"En raison de l'actuelle menace terroriste en Turquie, nous réitérons notre appel aux citoyens russes de renoncer à visiter la Turquie et nous recommandons à ceux qui se trouvent là-bas pour des raisons personnelles de rentrer dans leur patrie", a déclaré le ministère dans un communiqué.


Erdogan défie Poutine de prouver ses accusations

Plus tôt dans la journée, le président turc Recep Tayyip Erdogan a répondu aux accusations de complaisance avec les djihadistes lancées par son homologue russe Vladimir Poutine en affirmant que l'engagement de son pays contre le groupe Daech (auto-proclamé Etat islamique ou EI)  était "incontesté".

Le président turc a en outre ajouté défié la Russie de prouver que la Turquie achetait du pétrole à l'EI, affirmant  :

"Ceux qui nous accusent d'acheter du pétrole à Daech ont l'obligation de prouver leurs allégations [...] Sinon, vous êtes des calomniateurs", a lancé l'homme fort de Turquie en réagissant pour la première fois aux mises en cause russes.

L'option militaire écartée

Les relations entre Ankara et Moscou traversent une grave crise depuis que l'aviation turque a abattu mardi un chasseur-bombardier russe Sukhoï Su-24 tout près de sa frontière avec la Syrie. Les Turcs affirment que l'appareil volait dans son espace aérien et indique lui avoir à plusieurs intimé de faire demi-tour avant d'ouvrir le feu.

Les Russes assurent au contraire que le Su-24 est resté en permanence dans le ciel syrien et qu'il n'a jamais été contacté par l'aviation turque avant d'être abattu.

Furieuse, la Russie accuse depuis l'incident la Turquie d'avoir partie liée avec l'EI, ce dont se défend le président turc:

"Notre combat contre Daech se poursuit de manière active et ininterrompue (...) la Turquie est quasiment le seul pays qui lutte sincèrement contre Daech", s'est défendu Recep Tayyip Erdogan. "Il n'y a pas de question à ce sujet, personne n'a le droit de contester le combat de notre pays contre Daech ou de nous incriminer", a-t-il ajouté.

La Russie a néanmoins assurée rejeté l'option militaire, malgré ce qu'elle estime être une "planification programmée". La Turquie quant à elle, joue l'apaisement.

"Mesures de rétorsions économiques" russes

Un peu plus tôt ce jeudi, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, avait demandé à son gouvernement de préparer d'ici à deux jours une série de mesures de rétorsions économiques après ce qu'il a qualifié "d'acte d'agression" de la part de la Turquie.

Ces mesures concerneront aussi bien le commerce que les investissements ainsi que l'emploi de main d'oeuvre, le tourisme, le transport aérien ou encore la sphère culturelle, a précisé le chef du gouvernement lors d'un conseil des ministres retransmis à la télévision.

Selon Dimitri Medvedev, "des accords et projets d'investissements pourront être gelés ou tout simplement abandonnés", a-t-il prévenu.

Russie et Turquie, "partenaires stratégiques"

Le Premier ministre russe a aussi laissé entendre que des projets conjoints pourraient être suspendus, les droits de douanes augmentés, les déplacements des avions turcs dans l'espace aérien russe limités comme celui des bateaux turcs dans les eaux territoriales russes. L'utilisation de la main d'oeuvre turque en Turquie pourrait aussi être affectée.

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Il a également cité de possibles limitations aux importations de produits alimentaires turcs, alors que le ministère de l'Agriculture a annoncé dès jeudi matin un renforcement des contrôles, officiellement pour des motifs sanitaires.

Le président turc s'est dit "attristé" par ces annonces. "Nous sommes des partenaires stratégiques", a-t-il relevé. Et pour cause, pas moins de 3 millions de touristes russes se sont rendus en Turquie en 2014, et plus de 50% des importations de gaz du pays proviennent de Russie.

(Avec AFP)