Evergrande : les marchés toujours sous tension, le PDG tente de rassurer

Par latribune.fr  |   |  718  mots
En dépit des annonces du président d'Evergrande, les marchés asiatiques restent plus que fébriles. La bourse de Hong Hong parvient tout juste à se stabiliser (+0,07% à mi-séance). Au Japon, l'indice vedette Nikkei a perdu quant à lui ce mardi 2,17% à 29.839,71 points, sa plus forte chute en points depuis le 21 juin (Crédits : CARLOS GARCIA RAWLINS)
Le géant chinois de l'immobilier - très proche de la faillite car incapable de faire face à sa dette de 260 milliards d'euros - continue de perturber les marchés. Face à un risque financier systémique qu'entraînerait sa chute, le président d'Evergrande a tenté de rassurer les salariés et les marchés, affirmant qu'il "apportera une réponse aux acheteurs, aux investisseurs, aux partenaires et institutions financières".

Alors que les bourses mondiales tremblent, les déclarations du patron d'Evergrande vont-elles rassurer les marchés ? Le dirigeant du géant chinois de l'immobilier, en proie à des difficultés financières monstres - 260 milliards de dollars de dette - s'est montré rassurant hier face à ses salariés. Selon des propos rapportés par un média chinois, le président affirmé que son groupe immobilier "sortirait bientôt de sa période la plus sombre". La semaine dernière, le responsable affirmait qu'Evergrande "faisait face à une pression énorme" et prévenu qu'il pourrait ne pas être en mesure de faire face à ses engagements financiers. Le risque de faillite est donc réel.

Toutefois, dans une lettre adressé au personnel, Xu Jiayin, qui a fondé le groupe en 1996, a assuré que les chantiers reprendront complètement pour atteindre le principal objectif : garantir la livraison des bâtiments et qu'il "apportera une réponse aux acheteurs, aux investisseurs, aux partenaires et institutions financières". L'action d'Evergrande poursuivait toutefois sa chute hier. Sa valeur plongeait de 17% lundi et près de 90% par rapport au début de l'année.

Risque de "Lehman chinois", les bourses dans le rouge

En dépit de cette annonce, les marchés asiatiques restent plus que fébriles. "La crainte de la faillite d'Evergrande semble conduire au spectre d'un Lehman chinois", explique Michael Hewson, analyste de CMC Markets, en référence à la faillite de la banque américaine en 2007, qui avait lancé la crise financière des subprimes.

Après avoir cédée 3% hier, la bourse de Hong Kong parvient tout juste à se stabiliser (+0,07% à mi-séance). Au Japon, l'indice vedette Nikkei a perdu quant à lui ce mardi 2,17% à 29.839,71 points, sa plus forte chute en points depuis le 21 juin, clôturant sous la barre symbolique des 30.000 points pour la première fois en deux semaines.

L'inquiétude se diffuse sur les places européennes. A Paris, le CAC 40 perdait hier 1,74%. A l'ouverture ce mardi, l'indice phare affichait une hausse de +0,90%. En Allemagne, le Dax nouvelle formule - 40 valeurs à l'indice contre 30 - a terminé en repli de 2,3% à 15,132.06 points, un plus bas depuis juillet. Il a brièvement lâché plus de 3% en cours de séance avant de se reprendre. Il reprenait 0,95% ce matin à l'ouverture. Milan lâchait 2,57% hier, et Londres 0,86%.

Quant à la Bourse de New York, l'indice vedette Dow Jones a perdu 1,78%, l'indice élargi S&P 500 1,70% et l'indice Nasdaq, à forte composante technologique, 2,19%.

La plupart des agences de notations ont dégradé ces dernières semaines la note de l'entreprise chinoise. Par exemple, l'agence de notation Standard & Poor's a annoncé mercredi dernier avoir abaissé la note d'Evergrande et de ses filiales à CC en jugeant "extrêmement élevé" le risque de non-paiement du service de la dette.

Evergrande lâché par l'Etat chinois ?

Les difficultés du numéro deux de l'immobilier chinois inquiètent d'autant plus que l'entreprise pourrait ne pas être sauvée par la puissance publique. Les autorités de Pékin ont averti plusieurs grandes banques du pays qu'Evergrande Group ne pourrait pas honorer les intérêts dus le 20 septembre sur un emprunt, a rapporté Bloomberg. Une cessation de paiement pourrait avoir des répercussions sur l'ensemble du système financier chinois, souligne plusieurs experts.

Toutefois, dans un entretien accordé à La Tribune, l'investisseur Michel Audeban spécialise du marché chinois, dit ne pas croire ni à la faillite d'Evergrande, ni à un sauvetage public.

"Le souci de Pékin est d'éviter un risque systémique mais certainement pas d'intervenir dans les comptes de la société. Le scénario le plus probable serait une restructuration de la dette, avec un possible risque de défaut sur une partie d'entre elle. Les autorités seront néanmoins attentives pour garantir un traitement comparable aux investisseurs off shore en dollars et aux investisseurs on shore en yuans."

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La préservation de la stabilité sociale est la priorité de Pékin dans ce dossier, estiment plusieurs experts. Selon Oscar Choi, fondateur et directeur des investissements d'Oscar and Partners Capital, les autorités discutent ainsi avec les créanciers d'Evergrande tout en utilisant les ressources disponibles à l'échelon local pour empêcher que les chantiers de construction en cours restent inachevés.