Souveraineté : la réorganisation des chaînes de production des Occidentaux agace la Chine

Par latribune.fr  |   |  552  mots
Pour le Premier ministre chinois, « l'économie mondiale est devenue une communauté ou tout le monde est entremêlé ». (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)
Le Premier ministre chinois Li Qiang a déploré mardi dans un discours les appels occidentaux à réduire les dépendances vis-à-vis de son pays, y voyant une « fausse proposition » dans un monde aux économies entremêlées. La Commission européenne a dévoilé la semaine dernière sa stratégie pour répondre de façon plus ferme aux risques pesant sur sa sécurité économique, avec notamment la Chine en ligne de mire.

Li Qiang, le Premier ministre chinois, lors de l'ouverture du Forum économique mondial organisé en Chine, à Tianjin - connu sous le nom du Davos d'été - n'a pas fait dans la dentelle pour faire part de son agacement face aux appels occidentaux à réduire leurs dépendances vis-à-vis de la seconde économie mondiale.

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« En Occident, certaines personnes montent en épingle le principe selon lequel il faudrait réduire la dépendance, éradiquer les risques, a-t-il déclaré. Ces deux concepts, c'est une fausse proposition, car avec le développement de la mondialisation économique, l'économie mondiale est devenue une communauté ou tout le monde est entremêlé ».

Lors du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier, répondant à Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, qui réclamait le 21 juin dernier une « équité parfaite » d'accès au marché pour les entreprises françaises, Li Qiang lui avait rétorqué que « l'ouverture sur l'extérieur est une politique fondamentale de la Chine » et que l'objectif de Pékin était de « bâtir un environnement d'affaires de classe mondiale » avant de souligner que « la dépendance est nécessaire et mutuelle (...). L'océan immense de l'économie mondiale ne redeviendra jamais de petits étangs isolés. »

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La Chine, cible de nombreuses critiques

La Chine n'est effectivement pas épargnée par les critiques. La Commission européenne a ainsi dévoilé la semaine dernière sa stratégie pour répondre de façon plus ferme aux risques pesant sur sa sécurité économique, avec notamment la Chine en ligne de mire.

L'Allemagne, où Li Qiang était récemment en visite officielle, a affirmé vouloir diversifier ses partenaires pour « réduire les risques » liés à sa grande dépendance à la Chine. Li Qiang avait alors appelé les pays désireux de diminuer leur dépendance économique à la Chine à ne pas utiliser cette politique de « réduction des risques » pour discriminer son pays.

Dans sa première « Stratégie de sécurité nationale », le gouvernement d'Olaf Scholz, le chancelier accuse la Chine d'agir « à l'encontre de nos intérêts et valeurs ». Mais il souligne aussi la nécessité de continuer à traiter le pays en « partenaire » et d'obtenir la coopération de Pékin sur des enjeux internationaux comme la lutte contre le changement climatique.

La Chine en bonne voie pour atteindre son objectif de croissance

Malgré ces menaces, assure son Premier ministre, la Chine est en bonne voie pour atteindre cette année son objectif de croissance, soit « environ 5% ». Pourtant, la reprise post-Covid tant espérée après la levée des restrictions sanitaires fin 2022 tend ces dernières semaines à s'essouffler et peine à se concrétiser dans certains secteurs. L'économie est pénalisée par le surendettement du secteur immobilier, une consommation en berne dans un contexte d'incertitude sur le marché du travail et le ralentissement économique mondial, qui pèse sur la demande en biens chinois.

Pour stimuler l'activité, la banque centrale a procédé ces dernières semaines à plusieurs réductions de taux, au moment où nombre d'économistes plaident davantage pour un plan de relance. Mais les autorités semblent pour l'heure écarter cette option, au profit de mesures ciblées.

 (Avec AFP)