Pour son premier déplacement à l'étranger depuis sa prise de fonction le 11 mars, le Premier ministre chinois Li Qiang a choisi les deux plus grandes puissances européennes. Une petite tournée qui s'étalera entre le 18 et le 23 juin prochains.
Le dirigeant « effectuera une visite officielle en Allemagne, où il tiendra le septième cycle de consultations gouvernementales sino-allemandes, et une visite officielle en France, où il assistera au Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial », a indiqué Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, ce jeudi 15 juin.
En France, réformer la finance mondiale au programme
Le Premier ministre en Chine est en général une personnalité moins politique que le président et chargé plus spécifiquement des questions économiques et financières. Sa venue au Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial est donc finalement logique puisque le but de cet événement est de réformer l'architecture de la finance mondiale pour mieux répondre aux défis du réchauffement climatique. Un objectif ambitieux pour ce rendez-vous organisé à l'initiative d'Emmanuel Macron.
Outre Li Qiang, plusieurs autres participants ont déjà confirmé leur présence. Notamment Ajay Banga, le président de la Banque mondiale, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne ou encore le chancelier allemand Olaf Scholz.
« Le fait que le Premier ministre Li Qiang ait choisi la France pour sa première visite à l'étranger après son entrée en fonction reflète la grande importance que la Chine attache aux relations sino-françaises », a indiqué le porte-parole Wang Wenbin.
« L'objectif de cette visite est de renforcer la communication et la coordination, de promouvoir le développement continu du partenariat stratégique global Chine-France et d'apporter de nouvelles contributions au développement sain et stable des relations Chine-Union européenne », a-t-il ajouté.
Une visite dans un climat de tension avec l'Allemagne
Le déplacement en Allemagne du Premier ministre chinois s'annonce par contre plus mouvementé, après la publication par le gouvernement allemand d'un document qui décrit la Chine comme une force hostile à l'Allemagne. Olaf Scholz a en effet déploré dans sa Stratégie nationale de sécurité dévoilée ce mercredi que la Chine, pourtant « partenaire » de l'Allemagne, agit « à l'encontre de nos intérêts et valeurs ».
La Chine est le premier partenaire économique de l'Allemagne et représente un marché vital pour son puissant secteur automobile. Si l'Allemagne a longtemps ménagé la première puissance asiatique, le gouvernement a toutefois durci le ton depuis plus d'un an. Les ministres écologistes prônent une plus grande fermeté envers Pékin, pointant son attitude envers l'île de Taïwan et les exactions dont les autorités chinoises sont accusées contre les Ouïghours dans la région du Xinjiang (nord-ouest), dans le cadre de leur campagne antiterroriste.
L'Allemagne s'aligne néanmoins sur la doctrine de l'Union européenne qui ne cherche pas à se « couper » ("decoupling") complètement de la Chine, mais à réduire les risques ("de-risking"). Une vision d'ailleurs partagée par les États-Unis. La secrétaire au Trésor a déclaré ce mercredi qu'« il serait désastreux » pour le pays « d'essayer de (se) dissocier de la Chine ». « Bien que nous ayons des préoccupations qui doivent être résolues, le découplage serait une grave erreur », a-t-elle martelé.
(Avec AFP)