L'Allemagne s'en prend à la Chine qui agit « à l'encontre de nos intérêts et valeurs », Moscou dans le viseur

Le gouvernement allemand, dans le cadre de sa Stratégie nationale de sécurité, a dévoilé un document qui pointe du doigt la Chine, accusée de tenter « par différents moyens de remodeler l'ordre international ». Pékin reste, néanmoins, le premier partenaire économique de l'Allemagne qui dit vouloir que la Chine « continue à croître économiquement » tout en « tenant compte des questions de sécurité ». Moscou, sans surprise, est aussi dans le collimateur de Berlin.
Premier partenaire économique de l'Allemagne et marché vital pour son secteur automobile, la Chine a longtemps été ménagée par Berlin.
Premier partenaire économique de l'Allemagne et marché vital pour son secteur automobile, la Chine a longtemps été ménagée par Berlin. (Crédits : ANNEGRET HILSE)

L'Allemagne n'a pas de mots assez durs pour qualifier le comportement de la Chine sur la scène internationale. Un document de près de 80 pages, présenté par le chancelier Olaf Scholz et des ministres de son gouvernement, souligne que le géant asiatique tente « par différents moyens de remodeler l'ordre international existant basé sur des règles, revendique de plus en plus offensivement une suprématie régionale et agit sans cesse en contradiction avec nos intérêts et nos valeurs ».

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« La Chine est un partenaire, un concurrent et un rival systémique. Nous constatons que les éléments de rivalité et de concurrence ont augmenté ces dernières années », note le document, négocié durant des mois au sein de la coalition au pouvoir en Allemagne. Moins ambitieux qu'initialement prévu par les trois partis de la coalition dans leur contrat de gouvernement, il dresse un panorama des enjeux de sécurité, des relations avec Moscou et Pékin à la cybersécurité, en passant par les menaces que fait peser le réchauffement climatique.

« La sécurité au XXIe siècle, c'est obtenir de manière fiable des médicaments vitaux à la pharmacie. La sécurité, c'est ne pas être espionné par la Chine lorsque l'on discute avec des amis ou ne pas être manipulé par des robots russes lorsque l'on navigue sur les réseaux sociaux », a résumé la cheffe de la diplomatie allemande, l'écologiste Annalena Baerbock, lors de la présentation du document.

Pour Olaf Scholz, « il s'agit de faire en sorte que la Chine continue à croître économiquement, que l'intégration de la Chine dans le commerce mondial et dans les relations économiques mondiales ne soient pas entravée ». « Mais il faut en même temps tenir compte des questions de sécurité qui se posent à nous », a-t-il expliqué à la presse.

Premier partenaire économique de l'Allemagne

Malgré tout, « la Chine reste en même temps un partenaire sans lequel de nombreux défis et crises mondiaux ne peuvent être résolus », souligne le document. Marché vital pour son secteur automobile, la Chine a longtemps été ménagée par Berlin. Volkswagen a ainsi déclaré fin avril vouloir investir environ un milliard d'euros dans un nouveau centre de développement pour les véhicules électriques dans le pays asiatique, premier marché automobile mondial.

Le ton se durcit néanmoins depuis un an. Les ministres écologistes prônent une plus grande fermeté envers Pékin, pointant ses menaces récurrentes contre Taïwan et les exactions dont les autorités chinoises sont accusées contre les Ouïghours dans la région du Xinjiang.

L'Allemagne s'aligne sur la doctrine de l'Union européenne qui ne cherche pas à se « couper » ("decoupling") complètement de la Chine, mais à réduire les risques ("de-risking"). Cette Stratégie n'a pas convaincu les experts, à l'image d'Ulrich Speck, spécialiste des relations internationales, qui a éreinté sur Twitter « un long catalogue d'objectifs vaguement formulés ».

Le G7 avait ouvert la voie

Avant cette publication, c'est le G7, le 20 mai dernier, dont l'Allemagne fait partie, qui avait appelé à la Chine à « ne pas mener d'activités d'ingérence » dans ses pays membres et exprimait ses « préoccupations » en matière de droits de l'homme « notamment au Tibet et au Xinjiang ». Les signataires avaient souligné « l'importance de la paix et de la stabilité de part et d'autre du détroit de Taïwan » et s'étaient dits gravement préoccupés par la situation en mer de Chine méridionale, accusant indirectement la Chine de « coercition ».

En réponse, la Chine avait exprimé samedi son « vif mécontentement ». Pour un porte-parole chinois, le G7 « claironne qu'il entend aller vers un monde pacifique, stable et prospère, mais, dans les faits, il entrave la paix dans le monde, nuit à la stabilité régionale et inhibe le développement d'autres pays ».

Moscou, « plus grande menace pour la paix et la sécurité dans la région euro-atlantique »

Moscou est aussi, sans surprise dans le collimateur. La Russie est hissée au rang de « plus grande menace pour la paix et la sécurité dans la région euro-atlantique dans un avenir prévisible ». L'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022 a marqué un « changement d'époque » pour la politique étrangère et de défense allemande, selon le chancelier, qui doit entraîner un réarmement du pays. Berlin s'apprête ainsi à débloquer 4 milliards d'euros pour acquérir le système de défense antimissiles balistiques israélien Arrow.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 14/06/2023 à 20:41
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Bonjour, bon avant toute chose je rappelle que s'est la mondialisation voulus par les américains qui a enrichi le communistes chinois ... Ensuite dire que la guerre en Ukraine est du principalement a l'expension de l'otan a l'est , n'est pas totale...

à écrit le 14/06/2023 à 17:25
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Il convient de REDUIRE énergiquement et massivement nos achats en Chine qui finance son SUR ARMEMENT et finira par devenir agressivement expansionniste ... la Chine la Russie c'est la même "mécanique" INFERNALE ...

à écrit le 14/06/2023 à 17:15
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"l'ordre international existant basé sur des règles," Quelles règles ?? Celles qu'on inventé et modifié au fur et à mesure ? Sinon, il y a le droit international qui interdit notamment les sanctions vis à vis d'un autre pays sans l'aval de l'Onu. Ah ...

à écrit le 14/06/2023 à 16:18
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Pour une fois qu'elle ne s'en prend pas à la France et aux français !

à écrit le 14/06/2023 à 13:32
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"Pékin reste, néanmoins, le premier partenaire économique de l'Allemagne qui dit vouloir que la Chine « continue à croître économiquement » tout en « tenant compte des questions de sécurité ». " La macronie a déteint sur Olaf qui nous fait du "en mê...

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