FMI : sur les 100 milliards de dollars promis aux pays pauvres, seuls 13 ont été transférés

Par latribune.fr  |   |  604  mots
33 milliards devaient revenir mécaniquement à l'Afrique. La communauté internationale augmenté le montant alloué aux pays pauvres à 100 milliards, en réallouant une partie des DTS des pays riches. (Crédits : Reuters)
Les promesses de transfert de droits de tirages spéciaux (DTS), l'unité de compte des institutions financières internationales, des pays riches vers les pays pauvres sont loin d'avoir été tenues. Sur les 100 milliards de dollars censés avoir été transférés, seulement 13 milliards l'ont réellement été. Si l'Espagne, la France et le Japon font office de bons élèves en la matière, ce n'est pas le cas de l'Allemagne et des États-Unis.

C'est une promesse que les pays du G20 tardent à tenir. Ces derniers se sont en effet engagés à transférer l'équivalent de 100 milliards de dollars de DTS vers les pays pauvres. Ces droits de tirage spéciaux sont la monnaie de réserve du Fonds monétaire international (FMI) et peuvent servir pour le développement et la transition climatique. Dans ce cas précis, ils doivent notamment contrebalancer les effets de l'invasion russe de l'Ukraine et ses conséquences sur l'économie mondiale.

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Pour rappel, la communauté internationale s'était initialement accordée en 2021 sur le principe d'une émission globale de 650 milliards de dollars de DTS. Sur ce total, 33 milliards devaient revenir mécaniquement à l'Afrique par le jeu des quotes-parts au sein de l'institution de Washington. L'idée toutefois était d'aller plus loin et d'augmenter le montant alloué aux pays pauvres à 100 milliards, en réallouant une partie des DTS des pays riches.

Reste que seulement 13 milliards de dollars ont réellement été transférés, d'après les données publiées par le Centre de développement mondial (CGD), un cercle de réflexion basé à Washington, ce lundi 30 octobre au soir. Pire encore : moins de 1% des DTS promis initialement ont effectivement été utilisés pour des pays faisant face à des difficultés économiques.

L'Allemagne et les États-Unis mauvais élèves

L'Espagne est le pays pour l'heure le plus vertueux parmi le G20, ayant d'ores et déjà réalloué 50% des 6,47 milliards de dollars de DTS qu'il avait promis de redistribuer.

Le Japon et la France font également partie des bons élèves, ayant d'ores et déjà redistribué 40% des, respectivement, 16,73 milliards et 10,94 milliards de dollars de DTS promis.

L'Allemagne n'en est en revanche qu'à 20%, pour une promesse moindre de 7,3 milliards de dollars de DTS, et les États-Unis à 19%, sur une promesse de 21,23 milliards de dollars.

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Serpent de mer

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les pays riches sont pointés du doigt à ce sujet. L'objectif de reverser ces 100 milliards de dollars « est tenu en termes de promesses mais pas en termes de décaissements », regrettait déjà en juin Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced). « Combien de temps devrons-nous attendre ? », s'inquiétait-elle.

« Pour instaurer la confiance, il faut que les engagements pris au niveau international soient tenus, et ils ne l'ont pas été », taclait-elle.

Cette question de la redistribution des DTS vers les pays qui en ont le plus besoin a justement été de nouveau un des principaux points soulevés à l'occasion des réunions annuelles de la Banque mondiale et du FMI, qui se sont déroulées du 9 au 15 octobre à Marrakech (Maroc). À l'approche de ces rendez-vous, plusieurs ONG internationales avaient tenté de mettre la pression en appelant à « accélérer » la réforme de la finance internationale pour mieux faire face à la crise climatique ou aux pandémies. Parmi leurs demandes, la concrétisation de cette promesse ou encore le triplement des financements des banques de développement multilatérales d'ici 2030, comme suggéré récemment par des experts mandatés par le G20.

Une telle redistribution permettrait d'apporter plus de prêts à taux faible aux États confrontés à une crise de leur dette souveraine mais également pour aider au financement de la transition énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique des pays pauvres et émergents.

(Avec AFP)