(Article publié le 19/10 à 19h, mis à jour le 20/10 à 7h15)
C'est une série de mauvaises nouvelles qui sonne comme un sérieux avertissement pour l'économie mondiale, déjà fragilisée par les tensions au Proche-Orient. Ce jeudi, le monde des entreprises a été marqué par une multitude de résultats financiers inférieurs aux attentes des analystes, faisant chuter les cours de Bourse. Renault (près de 7%), Tesla (moins de 10%) après l'annonce de l'effondrement de 44% de son bénéfice net. Ils rejoignent ainsi d'autres grands groupes qui avaient suscité les craintes des marchés comme LVMH la semaine dernière (près de 7%) et surtout Alstom ou Euroapi qui ont vu leur cours de Bourse s'effondrer respectivement de 40 et 60% début octobre. Après Bourse, le géant mondial de l'optique EssilorLuxottica a lui aussi vu la dynamique de ses ventes ralentir au troisième trimestre. Même chose pour le géant mondial des cosmétiques L'Oréal qui a publié un chiffre d'affaires au troisième trimestre en hausse de 4,5% sur un an à 10 milliards d'euros, ralenti par ses ventes en Chine. Ou encore Bolloré, qui a subi au troisième trimestre une baisse de 6% de ses recettes liée à la chute du prix du pétrole, qu'il transporte.
Cerise sur le gâteau, l'Insee a aussi annoncé, ce jeudi, que le climat des affaires s'assombrit en France en octobre, à 98 (-2 points par rapport à septembre), passant sous sa moyenne de longue période, une situation qui concerne tous les secteurs d'activité.
Autant de mauvaises nouvelles qui ont fait flancher certaines Bourses. Ainsi, le CAC 40 a clôturé en recul de 0,64% quand l'indice de Shanghai dévissait de 1,74% à la clôture mercredi soir. Une journée difficile qui traduit le ralentissement de l'économie mondiale, impacté par les conséquences de l'inflation.
Inflation et baisse de l'activité qui menace l'économie depuis plus d'un an
« L'inflation est encore trop élevée, et quelques mois de bons chiffres ne sont que le début de ce qu'il faudra pour être certains que l'inflation baisse durablement vers notre objectif » de 2,0%, a souligné jeudi soir Jerome Powell, le président de la Fed, la Réserve fédérale américaine. Mais, a-t-il averti, « le chemin risque d'être semé d'embûches et de prendre du temps ».
Aujourd'hui, après avoir baissé cet hiver, celle-ci stagne voire augmente dans certains pays à cause des hausses salariales et de la cherté du pétrole, qui flirte avec les 90 dollars le baril. Surtout, le risque d'embrasement du conflit au Proche-Orient fait craindre une flambée des prix de l'or noir.
« Des spécialistes estiment que le baril pourrait atteindre 150 dollars ce qui serait la catastrophe pour l'activité économique », s'inquiète Valentin Nicaud, analyste de marché chez le courtier Bourse Direct, interrogé par La Tribune.
« Les tensions géopolitiques sont très élevées et posent des risques importants pour l'activité économique mondiale », a de son côté déclaré Jerome Powell.
D'ailleurs, la politique des banques centrales inquiète. La crainte d'un maintien des taux à un niveau élevé pendant plusieurs mois risque de peser sur la croissance économique.
Inflation et baisse de l'activité, un cocktail explosif qui « peut provoquer un effet ciseaux et faire baisser leurs marges », alerte Alexandre Hezez, Directeur de la Gestion Financière chez la Richelieu gestion.
D'autant que la hausse des taux n'est peut-être pas terminée. Expliquant que l'inflation américaine restait trop élevée, le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, n'a pas exclu de relever les taux si nécessaire, même s'il a insisté sur la nécessité d'avancer « prudemment » pour ne pas endommager l'économie.
La fin de l'espoir d'une lutte contre l'inflation sans douleur
De quoi effrayer les investisseurs, alors que les marchés actions et obligataires semblaient intouchables jusqu'ici avec des indices au plus haut.
« Lors du premier semestre, les difficultés macroéconomiques ne semblaient pas avoir d'impact sur les résultats des entreprises et les investisseurs espéraient que l'inflation s'estompe avant que l'économie ne ralentisse trop et nuise à ces derniers », analyse Vincent Nicaud.
En réponse à ces craintes sur la santé des entreprises, les investisseurs se réfugient sur les actifs sans risque à l'image de l'obligation d'Etat américain à 10 ans qui a grimpé, ces derniers mois, jusqu'à atteindre 4,94% ce jeudi, au plus haut depuis 2007, quand le 10 ans français a atteint 3,55%, un niveau jamais atteint depuis 2011. L'heure est à la prudence depuis bien longtemps, mais les marchés semblent l'avoir enfin compris.