Economie mondiale : les mauvais signaux se multiplient sur fond de tensions au Proche-Orient

Un grand nombre d'entreprises ont annoncé ce jeudi des résultats financiers inférieurs aux prévisions des analystes, faisant chuter un grand nombre de Bourses au niveau mondial. Une tendance qui traduit le ralentissement de l'économie, alors que les tensions au Proche-Orient restent vives et que l'inflation ralentit faiblement. A tel point que la banque centrale américaine n'exclut pas de relever ses taux à nouveau.
Maxime Heuze
Le nombre de faillites, sur les douze derniers mois, de très petites entreprises de moins de 10 salariés ont augmenté de 65% par rapport à leur niveau de 2019.
Le nombre de faillites, sur les douze derniers mois, de très petites entreprises de moins de 10 salariés ont augmenté de 65% par rapport à leur niveau de 2019. (Crédits : ANDREW KELLY)

(Article publié le 19/10 à 19h, mis à jour le 20/10 à 7h15)

C'est une série de mauvaises nouvelles qui sonne comme un sérieux avertissement pour l'économie mondiale, déjà fragilisée par les tensions au Proche-Orient. Ce jeudi, le monde des entreprises a été marqué par une multitude de résultats financiers inférieurs aux attentes des analystes, faisant chuter les cours de Bourse. Renault (près de 7%), Tesla  (moins de 10%) après l'annonce de l'effondrement de 44% de son bénéfice net. Ils rejoignent ainsi d'autres grands groupes qui avaient suscité les craintes des marchés comme LVMH la semaine dernière (près de 7%)  et surtout Alstom ou Euroapi qui ont vu leur cours de Bourse s'effondrer respectivement de 40 et 60% début octobre. Après Bourse, le géant mondial de l'optique EssilorLuxottica a lui aussi vu la dynamique de ses ventes ralentir au troisième trimestre. Même chose pour le géant mondial des cosmétiques L'Oréal qui a publié un chiffre d'affaires au troisième trimestre en hausse de 4,5% sur un an à 10 milliards d'euros, ralenti par ses ventes en Chine. Ou encore Bolloré, qui a subi au troisième trimestre une baisse de 6% de ses recettes liée à la chute du prix du pétrole, qu'il transporte.

Cerise sur le gâteau, l'Insee a aussi annoncé, ce jeudi, que le climat des affaires s'assombrit en France en octobre, à 98 (-2 points par rapport à septembre), passant sous sa moyenne de longue période, une situation qui concerne tous les secteurs d'activité.

Autant de mauvaises nouvelles qui ont fait flancher certaines Bourses. Ainsi, le CAC 40 a clôturé en recul de 0,64% quand l'indice de Shanghai dévissait de 1,74% à la clôture mercredi soir. Une journée difficile qui traduit le ralentissement de l'économie mondiale, impacté par les conséquences de l'inflation.

Inflation et baisse de l'activité qui menace l'économie depuis plus d'un an

« L'inflation est encore trop élevée, et quelques mois de bons chiffres ne sont que le début de ce qu'il faudra pour être certains que l'inflation baisse durablement vers notre objectif » de 2,0%, a souligné jeudi soir Jerome Powell, le président de la Fed, la Réserve fédérale américaine. Mais, a-t-il averti, « le chemin risque d'être semé d'embûches et de prendre du temps ».

Aujourd'hui, après avoir baissé cet hiver, celle-ci stagne voire augmente dans certains pays à cause des hausses salariales et de la cherté du pétrole, qui flirte avec les 90 dollars le baril. Surtout, le risque d'embrasement du conflit au Proche-Orient fait craindre une flambée des prix de l'or noir.

« Des spécialistes estiment que le baril pourrait atteindre 150 dollars ce qui serait la catastrophe pour l'activité économique », s'inquiète Valentin Nicaud, analyste de marché chez le courtier Bourse Direct, interrogé par La Tribune.

« Les tensions géopolitiques sont très élevées et posent des risques importants pour l'activité économique mondiale », a de son côté déclaré Jerome Powell.

D'ailleurs, la politique des banques centrales inquiète. La crainte d'un maintien des taux à un niveau élevé pendant plusieurs mois risque de peser sur la croissance économique.

Lire aussiChômage en hausse, croissance atone : l'OFCE anticipe un coup de froid sur l'économie en 2024

Inflation et baisse de l'activité, un cocktail explosif qui « peut provoquer un effet ciseaux et faire baisser leurs marges », alerte Alexandre Hezez, Directeur de la Gestion Financière chez la Richelieu gestion.

D'autant que la hausse des taux n'est peut-être pas terminée. Expliquant que l'inflation américaine restait trop élevée, le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, n'a pas exclu de relever les taux si nécessaire, même s'il a insisté sur la nécessité d'avancer « prudemment » pour ne pas endommager l'économie.

La fin de l'espoir d'une lutte contre l'inflation sans douleur

De quoi effrayer les investisseurs, alors que les marchés actions et obligataires semblaient intouchables jusqu'ici avec des indices au plus haut.

« Lors du premier semestre, les difficultés macroéconomiques ne semblaient pas avoir d'impact sur les résultats des entreprises et les investisseurs espéraient que l'inflation s'estompe avant que l'économie ne ralentisse trop et nuise à ces derniers », analyse Vincent Nicaud.

En réponse à ces craintes sur la santé des entreprises, les investisseurs se réfugient sur les actifs sans risque à l'image de l'obligation d'Etat américain à 10 ans qui a grimpé, ces derniers mois, jusqu'à atteindre 4,94% ce jeudi, au plus haut depuis 2007, quand le 10 ans français a atteint 3,55%, un niveau jamais atteint depuis 2011. L'heure est à la prudence depuis bien longtemps, mais les marchés semblent l'avoir enfin compris.

Maxime Heuze
Commentaires 11
à écrit le 19/10/2023 à 22:22
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Comme dit Ethan, les banques centrales Fed et BCE ont fait n'importe quoi pendant les années confinement 2020-2021, sous le prétexte fallacieux de la Covid-19. On en paye maintenant le prix

le 19/10/2023 à 23:21
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Et en plus on a sanctionné (sans passer par l'onu) et mis en difficultés des économies dont certaines financent directement notre dette. Ce qui est très culotté. Résultat : fuite des capitaux hors d'Europe qui sont devenus des capitaux à risque, ma...

le 20/10/2023 à 9:19
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Oh, ça fait depuis bien plus longtemps que ça que les banques centrales font n'importe quoi, ça a en fait commencé avec la fin du système de Bretton Woods car on arrivait alors aux limites du paradigme fordien et puis il y avait la guerre du Vietnam ...

le 20/10/2023 à 9:22
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Aucun rapport .. ce sont les intermédiaires qui s en mettent pleins les fouilles …faut s e. Débarrasser il en a trop coûtent trop cher . ex chez Picard les prix x2 alors que les salaires eux non pas augmenté par contre la redistribution aux s rationn...

le 20/10/2023 à 9:22
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Aucun rapport .. ce sont les intermédiaires qui s en mettent pleins les fouilles …faut s e. Débarrasser il en a trop coûtent trop cher . ex chez Picard les prix x2 alors que les salaires eux non pas augmenté par contre la redistribution aux s rationn...

le 20/10/2023 à 12:29
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@o Très juste. L'an zéro du précédent nouvel ordre économique et monétaire mondial (paradigme) débute avec la fin des accords de Bretton Woods.

à écrit le 19/10/2023 à 22:15
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oui mais la vraie raison est masquée et elle incombe aux banques centrales et à leur gestion irresponsable d'injections de liquidités depuis des années.

à écrit le 19/10/2023 à 20:49
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Covid, Ukraine, Israël, quand une situation de crise devient un état permanent à cause du moindre grain de sel, peut-être rentre t-on de force dans la décroissance.

à écrit le 19/10/2023 à 20:42
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Pourquoi l’humanité veut se détruire alors que le dérèglement climatique va faire le travail

à écrit le 19/10/2023 à 20:33
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Hier, tout était au vert, avant hier, plutôt orange, demain, rouge...après demain? Madame Irma ne fait pas pire avec sa boule de cristal... Sauf que ces informations apparemment contradictoires font le bonheur des spéculateurs.

le 19/10/2023 à 20:48
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Exact ! Il suffit de parcourir les "articles" des "experts" sur les sites spécialisés qui annoncent tout et son contraire en une heure de temps. Les petits porteurs (les "bons pères de famille) surréagissent à ces pseudo informations en tentant de se...

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