Le FMI accorde une aide de 3 milliards de dollars au Pakistan en pleine crise

Le Fonds monétaire international a conclu un accord, ce vendredi, avec le Pakistan pour lui octroyer une facilité de prêt de 3 milliards d’euros. Le pays d’Asie connaît en effet de graves difficultés financières. Il a demandé l’aide du FMI pour éviter un défaut de paiement de ses créanciers.
Kristalina Georgieva, la présidente du FMI, craint que la hausse des taux directeurs noient les pays les plus endettés sous leurs créances
Kristalina Georgieva, la présidente du FMI, craint que la hausse des taux directeurs noient les pays les plus endettés sous leurs créances (Crédits : MICHELE TANTUSSI)

Alors que les négociations du Pakistan pour obtenir le déblocage d'une tranche d'un prêt de 6,5 milliards de dollars du Fonds monétaire international, conclu en 2019, sont dans l'impasse depuis des mois, l'organisation internationale a accepté un nouvel accord de confirmation (SBA) d'une valeur de 3 milliards de dollars.

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 « J'ai le plaisir d'annoncer que l'équipe du FMI est parvenue à un consensus avec les autorités pakistanaises sur un accord de confirmation de neuf mois d'un montant de 2.250 millions de droits de tirage spéciaux (environ 3 milliards de dollars américains, soit 111 % de la quote-part du Pakistan au FMI) », a déclaré Nathan Porter, un responsable du FMI, dans un communiqué.

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L'accord de confirmation - une facilité de prêt visant à apporter une aide financière sous condition à un pays qui en a fait la demande - devra être approuvé par le conseil d'administration du FMI d'ici la mi-juillet, a précisé Nathan Porter.

Le Pakistan dans une crise politique et économique

Cette aide va soulager un peu les comptes publics pakistanais en très mauvaise santé. Confrontée à une crise de sa balance des paiements et à une dette extérieure très élevée, l'économie pakistanaise a aussi souffert de plusieurs mois de chaos politique, qui ont effrayé les investisseurs potentiels.

L'inflation record et le plongeon de sa monnaie, la roupie, ont contribué à amoindrir les capacités d'importation du 5e pays le plus peuplé du monde, entraînant une baisse de la production industrielle nationale. Le Pakistan a également été ravagé par des inondations record en 2022, qui ont laissé sous l'eau près d'un tiers du territoire, dévastant de vastes étendues de terres agricoles et faisant des dizaines de millions de sans-abri.

L'Argentine rembourse sa dette au FMI

Le FMI et l'Argentine, troisième économie d'Amérique latine, ont, eux, conclu début 2022 un accord sur le refinancement de la massive dette du pays, legs d'un prêt de 44 milliards de dollars contracté en 2018 par le gouvernement Macri auprès de l'institution de Washington.

« Le paiement de 2,7 milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI) correspondant à l'échéance du deuxième trimestre sera réalisé en partie à l'aide de Droits de tirage spéciaux, et en partie avec des yuans, sans utiliser les réserves de la banque centrale », a expliqué, ce vendredi, la porte-parole du gouvernement Gabriela Cerrutia.

« Le paiement au FMI nous permet de préserver les réserves de la Banque centrale », insiste la porte-parole. En valeur absolue, c'est l'Argentine qui détenait en 2021 la dette la plus importante des pays en développement ou émergents avec 114,8 milliards de dollars. L'Argentine avait aussi annoncé en avril qu'elle allait désormais régler ses importations chinoises en yuans plutôt qu'en dollars américains, à l'instar du Brésil.

Par ailleurs, début juin, Buenos Aires a finalisé une importante opération de conversion de dette intérieure en pesos, présentée comme « historique » par le gouvernement, dans un but de « soulagement » à court-moyen terme des finances publiques du pays en mal de devises. La conversion, lancée sur une base volontaire, portait sur des dettes à échéance de juin à septembre 2023 pour se déplacer sur des échéances entre août 2024 et janvier 2025. Elle a recueilli une participation de près de 78%, et repoussé des échéances pour 7.400 milliards de pesos (28,9 milliards de dollars), selon les chiffres du ministère de l'Economie.

Peur sur la dette des pays du Sud

La situation des pays les plus pauvres et endettés préoccupe le FMI. Sa présidente Kistalina Georgieva a rappelé en janvier que l'impact de la hausse des taux sur les pays endettés sera dramatique. L'institution alerte depuis plusieurs mois sur le risque de voir une soixantaine de pays émergents et en développement basculer dans une crise de la dette souveraine.

Kristalina Georgieva a ainsi souligné la nécessité d'éviter que le resserrement des politiques monétaires des banques centrales ne vienne ajouter des tensions supplémentaires dans les relations sociales. « Nous ne sommes que le 12 janvier et avons déjà le Brésil, le Pérou, la Bolivie, la Colombie, le Royaume-Uni, tous pour des raisons différentes, mais avec des tensions sociales très nettes ». Si les conditions du marché du travail se détériorent dans ces pays, la présidente du Fonds monétaire international estime que les tensions sociales pourraient en être exacerbées.

(Avec AFP)

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