G20 : les États-Unis font pression sur la Chine pour alléger la dette des pays pauvres

Par latribune.fr  |   |  723  mots
L’allègement de la dette des pays pauvres fait partie des points de dissensions entre Washington et Pékin dont la rivalité s'est intensifiée ces trois dernières années. (Crédits : TINGSHU WANG)
Les États-Unis veulent convaincre la Chine, important créancier des pays pauvres, à faire davantage pour alléger la dette de ces états. Selon un haut responsable américain, tous les pays du G20, réunis en ce moment à Bali, ont conscience qu'il faut « agir de manière collective », sauf un, qui serait apparemment Pékin. Washington dénonce régulièrement son rival sur son manque de coopération sur ce sujet, qui fait partie des points de tension entre les deux grandes puissances.

La question de l'allègement de la dette des pays pauvres s'invite au G20. Même s'il n'y a pas d'unanimité sur le sujet, elle devrait être évoquée selon un haut responsable américain, dans le communiqué final du sommet, qui se tient mardi et mercredi à Bali en Indonésie, et rassemble les vingt grandes économies mondiales.

« Ce qu'on va voir dans le communiqué du G20, c'est que 19 membres du G20 se sont mis d'accord pour dire que c'est une question essentielle, de premier ordre, pour laquelle nous devons agir de manière collective », a indiqué ce responsable américain sous couvert d'anonymat, évoquant, sans le nommer, un pays qui « bloque le processus ». Ces propos sont apparemment dirigés contre la Chine, créancier majeur de nombreux pays pauvres dans le cadre d'une politique dénoncée par les Occidentaux comme visant à renforcer le contrôle chinois sur l'économie mondiale.

Le responsable américain s'est alarmé de la « détresse profonde » de certaines économies émergentes dans un contexte actuel, compliqué par l'envolée des prix de l'énergie et des produits alimentaires à la suite de la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Le mois dernier déjà, la ministre de l'Économie et des Finances de Joe Biden dénonçait le manque de coopération de la Chine sur ce sujet. « L'obstacle à de plus grands progrès est un important pays créancier, à savoir la Chine », affirmait Janet Yellen. Le FMI et la Banque mondiale appellent régulièrement la Chine à s'engager dans la restructuration de la dette des pays pauvres et en développement, notamment en Afrique, à travers le cadre commun de négociation mis en place par le G20.

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Alléger la dette, une mesure « vitale » pour les pays africains

L'encours total des prêts officiels chinois est évalué entre 500 et 1.000 milliards de dollars, concentrés dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Et « pas moins de 44 pays doivent désormais une dette équivalant à plus de 10% de leur PIB à des prêteurs chinois », avait précisé fin septembre un conseiller de la secrétaire au Trésor américain.

Les gouvernements africains ont exhorté le mois dernier les créanciers à accélérer l'allègement de la dette. Selon eux, les retards limitent la croissance sur un continent confronté à toute une série de défis, de la forte inflation à l'insécurité alimentaire. Pour le ministre zambien des Finances Situmbeko Musokotwane, cet allègement est même « vital » pour ramener l'économie mondiale « à la normale ». « Notre capacité à participer à l'économie mondiale est limitée. Tout ce que nous pouvons faire est d'exhorter nos partenaires, les créanciers, à considérer cela comme une question d'urgence. C'est ce que nous demandons. De la rapidité, de la rapidité, de la rapidité, voilà ce dont nous avons besoin », a-t-il déclaré.

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Mettre la rivalité États-Unis/Chine de côté

L'allègement de la dette des pays pauvres fait en tout cas partie des points de dissensions entre Washington et Pékin. La rivalité entre les deux pays s'est intensifiée ces trois dernières années à mesure que la Chine gagnait en puissance et en assurance, remettant en question le leadership américain et la donne géopolitique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les deux puissances cherchent actuellement à relancer le dialogue après une rencontre entre leurs dirigeants lundi, avant le sommet du G20.

À la sortie de ces pourparlers, qui visaient justement à empêcher que les sujets de tension entre les plus grandes puissances économiques ne dégénèrent en conflit, Joe Biden a affirmé qu'une nouvelle Guerre froide n'était pas nécessaire. Xi Jinping a de son côté souligné que les deux pays « partagent plus de sujets communs que de sujets qui les opposent », selon un compte rendu.

Les deux présidents ont scellé leur rencontre, la première depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, par une poignée de main cordiale, arborant chacun un sourire.

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 (Avec AFP)