Gaz : Angela Merkel « ne regrette absolument pas » le choix de la Russie pour approvisionner l'Allemagne

Par latribune.fr  |   |  638  mots
(Crédits : CHRISTIAN MANG)
Entre 2005 et 2021, avec sa politique énergétique, l'ancienne chancelière a placé la Russie comme l'un des plus importants fournisseurs de gaz du pays. « Même pendant la guerre froide, la Russie était un fournisseur d'énergie fiable », a justifié l'ex leader de la CDU.

Angela Merkel est sortie de son silence. Discrète sur la scène médiatique depuis plusieurs semaines, malgré les critiques de l'exécutif, l'ex-chancelière allemande a tenu à balayer, en pleine rupture avec la Russie en raison de la guerre en Ukraine, les accusations concernant sa politique énergétique menée au cours de ses 16 années, et que certains jugent favorable à Moscou.

L'offensive avait été menée par son successeur, Olaf Scholz, issu du parti rival SPD, et qui saluait début septembre face aux risques de pénuries énergétiques « des décisions de grande portée »... « plus importantes que celles prises au cours des dernières décennies ».

Un mois plus tard, tandis que la situation énergétique de l'Allemagne se tend, contrainte notamment de prolonger ses centrales à charbon ou de diversifier ses fournisseurs de gaz, Angela Merkel a donc soutenu jeudi n'avoir aucun regret au pouvoir.

« Dans la perspective de l'époque, il était très rationnel et compréhensible de s'approvisionner en gaz de réseau, y compris auprès de la Russie, qui était moins cher que le GNL (gaz naturel liquéfié, ndlr) provenant d'autres régions du monde », a justifié celle qui a dirigé la première économie européenne entre 2005 et 2021, lors d'une conférence de presse à Lisbonne.

« Même pendant la guerre froide, la Russie était un fournisseur d'énergie fiable », a ajouté l'ex leader du parti conservateur CDU, qui s'est rendue dans la capitale portugaise en tant que présidente du jury d'un prix consacré aux efforts de mitigation et d'adaptation face au changement climatique.

« Je ne regrette absolument pas les décisions prises », a-t-elle souligné, en disant également ne pas avoir « changé d'avis » en ce qui concerne l'abandon du nucléaire.

Or en Allemagne, avec l'arrêt des livraisons de gaz via Nord Stream 1 et la fin du projet Nord Stream 2 reliant l'Europe à la Russie, le débat fait rage et les prix flambent pour les foyers. Interrogée par un média allemand, même la militante écologiste Greta Thunberg s'est dite favorable au maintien du nucléaire.

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Les liens avec la Russie au plus haut de l'Etat

Aussi, depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février, l'ancienne cheffe de gouvernement de centre-droit s'est vue accusée d'avoir accru la dépendance de l'Europe à l'égard de l'énergie russe, notamment en promouvant la construction du gazoduc Nord Stream 2 malgré les réserves de ses partenaires européens et américains.

Son successeur, Olaf Scholz, a pour sa part affirmé que l'Allemagne avait « compté trop longtemps et de manière trop unilatérale sur les approvisionnements énergétiques en provenance de Russie ».

Mme Merkel a tout de même reconnu que la guerre menée en Ukraine avait changé la donne. « Cette attaque brutale de la Russie a apporté un changement, c'est une césure. Et le nouveau gouvernement doit bien sûr gérer cela, et c'est ce qu'il fait », a-t-elle déclaré.

Les liens tissés entre le sommet de l'Etat allemand et le Kremlin sont désormais montrés du doigt outre-Rhin. Dernière affaire en date, le limogeage prévu du chef de l'agence de cybersécurité en raison de contacts présumés avec le renseignement russe. Nommé en 2016, par l'un des ministres d'Angela Merkel, Arne Schönbohm a présidé cette agence fédérale rattachée au ministère de l'Intérieur. Il est sur la sellette depuis les révélations de médias.

Enfin, l'ancien chancelier Gerhard Schröder a du démissionner, sous la pression, du conseil d'administration du géant russe Rosneft en mai dernier.

(Avec AFP)

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