Gaza : Emmanuel Macron promet 80 millions d'euros supplémentaires à l'aide humanitaire

Par latribune.fr  |   |  995  mots
Cette conférence humanitaire, organisée à l'initiative du président français, vise à aboutir à un diagnostic commun sur la situation et à « mobiliser tous les partenaires et les bailleurs pour répondre à ces besoins ». (Crédits : JOHANNA GERON)
La France va allouer cette année 80 millions d'euros supplémentaires à l'aide humanitaire destinée aux populations palestiniennes, a promis le président Emmanuel Macron ce jeudi. Ce qui portera à 100 millions d'euros l'enveloppe totale. Une annonce faite à l'occasion de la « conférence humanitaire » pour tenter de débloquer l'aide vers Gaza. Un rendez-vous néanmoins sans grand espoir d'avancées en l'absence du gouvernement israélien et de hauts dirigeants des pays arabes.

La France va décupler l'aide humanitaire à destination des populations palestiniennes. Une promesse faite directement par Emmanuel Macron, à l'occasion de la « conférence humanitaire » pour Gaza, qui se tient à Paris ce jeudi 9 novembre.

« Depuis le 7 octobre, la France a annoncé 20 millions d'euros d'aide humanitaire supplémentaires et nous allons porter cet effort à 100 millions d'euros pour 2023 », a déclaré le président français.

Emmanuel Macron a aussi appelé « tous les pays présents à augmenter leurs contributions financières à l'égard de la population civile palestinienne via les Nations unies ». Il a rappelé que l'ONU a chiffré à 1,2 milliard de dollars les besoins des habitants de Gaza et de Cisjordanie jusqu'à la fin de l'année.

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Cette conférence humanitaire, organisée à l'initiative du président français, vise à aboutir à un diagnostic commun sur la situation et à « mobiliser tous les partenaires et les bailleurs pour répondre à ces besoins », selon un conseiller d'Emmanuel Macron. D'après le ministère français des Affaires étrangères, les discussions devaient comporter un volet sur l'aide en matière d'alimentation, d'équipements médicaux et d'énergie, « une question compliquée car Israël ne veut pas que de l'essence rentre dans la bande de Gaza ». Un second volet est prévu sur les promesses de dons ainsi qu'un « échange sur les accès humanitaires » au territoire, toujours extrêmement compliqués. L'autre objectif, encore vague, est « opérationnel », insiste-t-on à Paris.

Israël absent

Reste que les espoirs d'avancées sont minces en l'absence à cette conférence du gouvernement israélien et de hauts dirigeants des pays arabes. Annoncée à la hâte la semaine passée, la conférence a réuni en majorité des représentants de second rang.

Le gouvernement israélien a bien été informé de cette initiative mais n'était pas représenté à l'Elysée. Les pays arabes ne sont pas non plus représentés au plus haut niveau. L'Autorité palestinienne a envoyé son Premier ministre et l'Égypte une délégation ministérielle. Emmanuel Macron a toutefois échangé par téléphone avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, dont les pays jouent un rôle clé pour améliorer l'acheminement de l'aide dans la bande de Gaza.

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Il n'y aura en tout cas pas de déclaration commune à l'issue de la conférence pour ne « pas tomber » dans un débat interminable « sur un mot ou un autre », indiquait-on dans l'entourage du président Macron.

« Paris insiste sur un caractère strictement pragmatique, opérationnel, humanitaire, ils ne veulent pas que, depuis l'Elysée, cette conférence se transforme en plateforme de condamnation d'Israël », glisse une source diplomatique européenne.

Les initiatives en faveur de Gaza se multiplient

Le président français a par ailleurs salué les diverses initiatives annoncés par différents pays pour aider les populations palestiniennes. Telles que le parachutage sur Gaza de matériel de santé par la Jordanie, la mise en place d'un hôpital de campagne par les Émirats arabes unis, le projet de corridor maritime proposé par le président chypriote ou encore le pont aérien qui a été mis en œuvre par la Commission européenne. Derrière en date : celle, ce jeudi, de l'Italie, qui a dépêché à Gaza un navire-hôpital qui devrait arriver sur place « dans quelques jours », selon un porte-parole du ministre de la Défense auprès de l'AFP. Selon l'agence italienne AGI, il s'agit du Vulcano, un navire de la Marine italienne doté de salles d'opération, de matériel de diagnostic, de médicaments et de personnel médical spécialisé.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a de son côté rappelé que l'UE avait quadruplé son aide humanitaire en faveur des Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie. Bruxelles a en effet fait savoir ce lundi qu'elle débloquait une enveloppe supplémentaire de 25 millions d'euros, ce qui porte à 100 millions le total de l'aide humanitaire européenne.

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Un cessez-le-feu toujours attendu

Malgré toutes ces initiatives, les organisations humanitaires dénoncent toujours l'impossibilité d'apporter de l'aide tant que se poursuivent les bombardements sur Gaza. C'est pourquoi treize ONG ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat », réclamant de « garantir l'entrée de l'aide à Gaza et le respect du droit international humanitaire ». Emmanuel Macron aussi a appelé au cessez-le-feu ce jeudi, estimant que « celui-ci doit pouvoir devenir possible ». « La souffrance des Palestiniens dure depuis 75 ans », a souligné pour sa part le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh. « Le temps est précieux. Six enfants sont tués par heure » à Gaza, a-t-il assuré.

Le petit territoire palestinien est sous blocus israélien depuis l'attaque lancée par le Hamas en Israël le 7 octobre, qui a fait plus de 1.400 morts, majoritairement des civils. Les frappes de représailles d'Israël, qui s'est promis d' « anéantir » le Hamas, ont fait plus de 10.000 morts, là encore essentiellement des civils, selon le mouvement islamiste palestinien.

« Les Nations unies n'ont jamais enregistré autant de morts en aussi peu de temps dans un conflit », a affirmé jeudi Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), sur la radio publique France Inter.

Reste que le Premier ministre israélien a de nouveau exclu mercredi tout cessez-le-feu sans la libération des otages. Or, souligne l'entourage du président Macron, « le Hamas ne va probablement pas libérer des otages alors que l'opération se poursuit dans les conditions actuelles. Donc la pause humanitaire, nous semble-t-il, est aussi importante pour obtenir la libération des otages ».

(Avec AFP)