[Article publié le lundi 06 novembre 2023 à 10h39 et mis à jour à 13h13] Les combats au sol continuent dans la bande de Gaza qui est, désormais, coupée en deux, selon l'armée israélienne. Son porte-parole, Jonathan Conricus, a d'ailleurs appelé les civils à quitter la zone nord, où entre 300.000 à 400.000 personnes se trouveraient encore.
« Nous serons moins limités » pour agir, a-t-il justifié, ce lundi 6 novembre dans son briefing matinal. « Nous serons alors en mesure de démanteler le Hamas, bastion après bastion, bataillon après bataillon, jusqu'à ce que nous atteignions l'objectif ultime, qui est de débarrasser la bande de Gaza - toute la bande de Gaza - du Hamas ».
L'armée a annoncé lundi avoir « pris possession » d'un poste de commandement du Hamas dans la ville de Gaza. Des images ont montré des chars évoluant au milieu des ruines d'un immeuble.
Les combats au sol s'accompagnent de « frappes significatives », selon l'armée israélienne, pour déloger des combattants du Hamas retranchés dans un réseau de tunnels.
L'armée israélienne a, de nouveau, accusé, lundi sur X, le Hamas de construire des tunnels sous les hôpitaux, les écoles et les lieux de culte pour cacher des combattants et planifier des attaques. Une accusation que l'organisation islamiste palestinienne a démentie à plusieurs reprises.
Appel à un cessez-le-feu humanitaire
Reste que ces bombardements - 2.500 depuis le 27 octobre - touchent durement les civils, y compris dans le sud du territoire de 362 km2 où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens. Le dernier bilan officiel du ministère de la Santé du Hamas comptabilisait 9.770 personnes tuées - dont la moitié sont des enfants - depuis le début de la guerre. Les bombardements israéliens ont par ailleurs provoqué le déplacement de 1,5 million de personnes et d'immenses destructions, selon l'ONU.
En Israël, plus de 1.400 personnes ont péri, majoritairement des civils tués le 7 octobre lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien qui a déclenché la guerre. Les sirènes d'alerte aux roquettes tirées depuis Gaza ont retenti plusieurs fois dimanche à Tel-Aviv et dans des villes proches du territoire palestinien, et plusieurs roquettes ont été interceptées selon l'armée.
Face à un bilan qui s'alourdit de jour en jour, les dirigeants des principales agences de l'ONU ont publié dimanche soir un rare communiqué commun pour exprimer leur indignation.
« Nous avons besoin d'un cessez-le-feu humanitaire immédiat. Cela fait 30 jours. Trop c'est trop. Cela doit cesser maintenant », ont-ils écrit.
Ils ont aussi appelé le Hamas à libérer les plus de 240 otages emmenés dans la bande de Gaza le 7 octobre après son attaque. Le bilan des victimes françaises suite à cette attaque est désormais de 40 morts, a d'ailleurs annoncé ce lundi la Première ministre sur France Inter. Élisabeth Borne a précisé que huit ressortissants français sont toujours portés disparus, « parmi lesquels il y a certainement des otages ».
Une aide estimée à plus d'un milliard d'euros
L'ONU estime les besoins en aide pour la population de Gaza et la Cisjordanie - soit 2,7 millions de personnes - à 1,2 milliard de dollars jusqu'à fin 2023, a indiqué l'agence chargée de la coordination humanitaire (OCHA), dans un communiqué vendredi dernier.
Cet organisme avait lancé un appel de fonds mi-octobre, d'un montant de 294 millions de dollars jugé aujourd'hui très insuffisant. Un appel révisé doit être dévoilé ce lundi, précisant les « besoins en nourriture, en eau, en soins de santé, en abris, en hygiène et d'autres priorités urgentes suite aux bombardements massifs dans la bande de Gaza ». Outre « un financement adéquat », l'organisation insiste aussi sur « un accès sûr et durable à toutes les personnes dans le besoin où qu'elles se trouvent, un flux suffisant de fournitures humanitaires et - surtout - le carburant ».
Israël interdit, en effet, l'entrée de carburant dans la bande de Gaza estimant que c'est un produit à haut risque qui peut-être détourné à des fins militaires. L'État hébreux impose par ailleurs un « siège complet » aux Palestiniens depuis le 9 octobre, les privant d'eau, de nourriture et d'électricité - après déjà un blocus de plus de 16 ans, depuis l'arrivée au pouvoir en 2007 du Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël.
Plusieurs pays déjà mobilisés
Le roi de Jordanie a annoncé le largage tôt ce lundi matin d'une aide médicale d'urgence à Gaza, destinée à un hôpital de campagne jordanien. « C'est notre devoir d'aider nos frères et sœurs blessés », a-t-il ajouté, louant « les membres intrépides de l'armée de l'air » jordanienne.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a répété ce dimanche « l'engagement » de son pays « pour la livraison d'une aide humanitaire vitale » à Gaza, lors d'une visite impromptue à Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967. Il a aussi appelé à l'arrêt des « violences des extrémistes » contre les Palestiniens en Cisjordanie, où la communauté internationale craint une extension du conflit. Plus de 150 Palestiniens y ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon l'Autorité palestinienne. Les États-Unis sont par contre opposés à un cessez-le-feu qui avantagerait selon eux le Hamas.
Dimanche également, le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué que son pays « travaillait en coulisses » avec ses alliés régionaux pour tenter de garantir un flux ininterrompu d'aide humanitaire. Dénonçant « le massacre immoral » à Gaza, il a coupé tout contact avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou et rappelé l'ambassadeur d'Ankara en Israël. Il a aussi décidé de ne pas rencontrer Antony Blinken, attendu ce lundi à Ankara.
(Avec AFP)