Guerre en Ukraine : le président turc Erdogan prêt à accueillir un sommet pour la paix avec la Russie

Par latribune.fr  |   |  1019  mots
« Toute proposition pour le règlement de cette guerre doit partir de la formule proposée par le pays qui défend son territoire et son peuple », a rappelé le président ukrainien, lors de sa visite en Turquie. (Crédits : Reuters)
« Nous sommes prêts à accueillir un sommet de la paix auquel la Russie participera », a ainsi déclaré le président turque, qui s'adressait à la presse au côté du président ukrainien vendredi, en visite diplomatique à Istanbul.

Une déclaration forte de la part du président de la Turquie Erdogan. Au terme d'une rencontre vendredi avec le président ukrainien Zelensky à Istanbul, le dirigeant s'est dit prêt à accueillir prochainement un sommet de paix Russie-Ukraine.

« Nous sommes prêts à accueillir un sommet de la paix auquel la Russie participera », a ainsi déclaré le président turque, qui s'adressait à la presse au côté du président ukrainien.

Et Erdogan de réitérer son « soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de son allié stratégique, l'Ukraine ». « Tout en poursuivant notre solidarité avec l'Ukraine, nous allons continuer d'œuvrer pour mettre fin à la guerre et en faveur d'une paix juste et négociée », a-t-il aussi insisté.

En réponse, le président ukrainien a exprimé sa « reconnaissance » à son homologue turc, qui « depuis le début (...) a reconnu notre intégrité territoriale et notre souveraineté, y compris concernant la péninsule ukrainienne de Crimée », annexée par Moscou en 2014.

« Nous voulons une paix juste », a insisté Zelensky

« Toute proposition pour le règlement de cette guerre doit partir de la formule proposée par le pays qui défend son territoire et son peuple », a par ailleurs rappelé Zelensky, lors de cette rencontre. « Nous voulons une paix juste », a-t-il martelé. Pour rappel, l'Ukraine a posé comme condition préalable à des pourparlers avec Moscou le retrait des troupes russes de son territoire.

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Lors de sa visite en Turquie, le président d'Ukraine a aussi indiqué avoir « transmis une liste de citoyens ukrainiens, en particulier des Tatars de Crimée, qui sont réprimés par la Russie dans les territoires occupés et détenus dans des prisons et camps russes dans des conditions extrêmement cruelles et inhumaines ».

A l'occasion de ce voyage, Zelensky s'est aussi rendu « sur des chantiers navals où sont construites des corvettes pour sa marine » et devait rencontrer des entrepreneurs turcs du secteur de la défense, selon la présidence ukrainienne.

Erdogan en médiateur entre l'Ukraine et la Russie

La rencontre entre les présidents ukrainien et turque intervient une semaine après la visite en Turquie du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui s'est entretenu avec son homologue turc, Hakan Fidan, lors d'un forum diplomatique à Antalya. Le président russe Vladimir Poutine doit également se rendre en Turquie à une date qui n'a pas encore été fixée.

La Turquie, membre de l'Otan, a cherché à maintenir de bonnes relations à la fois avec Moscou et Kiev depuis l'attaque russe à grande échelle lancée contre l'Ukraine, il y a deux ans. Erdogan se présente comme un intermédiaire entre les belligérants. Dans les premières semaines de la guerre, la Turquie avait accueilli des pourparlers de paix entre Moscou et Kiev, qui ont échoué. Elle espère pouvoir les relancer.

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« Les deux parties ont atteint la limite de ce qu'elles peuvent obtenir par la guerre », a estimé début mars le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, prônant l'instauration d'« un dialogue en vue d'un cessez-le-feu ».

La position stratégique de la Turquie en mer Noire, et son contrôle du détroit du Bosphore, lui confèrent un rôle militaire, politique et économique unique dans le conflit. En juillet 2022, Ankara a participé avec l'ONU à la négociation d'un accord entre Moscou et Kiev sur l'exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire, dont la Russie s'est finalement retirée un an plus tard. Depuis, Kiev a lancé un autre itinéraire d'exportation qui longe la côte, et évite les eaux internationales contestées.

Les Occidentaux crispés par la stratégie d'Erdogan

Les liens entre la Turquie et la Russie ont suscité à plusieurs reprises la crispation des Occidentaux, qui accusent Ankara de faciliter le contournement des sanctions par Moscou, en exportant certains biens vers la Russie. Les Etats-Unis ont d'ailleurs sanctionné plusieurs entreprises turques pour avoir aidé Moscou à acheter des marchandises, susceptibles d'être utilisées par ses forces armées.

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La position pro-palestinienne d'Erdogan suscite également des tensions avec Washington. Ce samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi affirmé, lors d'un discours à Istanbul, que la Turquie « se tient fermement » derrière les dirigeants du Hamas.

« Personne ne peut nous amener à qualifier le Hamas d'organisation terroriste. La Turquie est le pays qui parle de tout ouvertement avec les dirigeants du Hamas et qui se tient fermement derrière eux », a notamment déclaré le chef de l'Etat turc, lors de son discours du jour. Pour rappel, depuis le début de la guerre à Gaza, le président Erdogan est l'un des plus virulents critiques d'Israël.

Le dernier mandat pour Erdogan ?

Vendredi, le président Recep Tayyip Erdogan a pour la première fois laissé entrevoir la fin de plus de vingt ans de pouvoir à la tête de la Turquie. S'adressant à un parterre de jeunes à Istanbul, il a annoncé que les élections municipales qui se tiendront le 31 mars prochain seraient ses « dernières » .

« Je continue à travailler sans arrêt. Nous courons sans respirer parce que pour moi, c'est une finale. Avec l'autorité que me confère la loi, cette élection est ma dernière élection », a assuré le président turque, au pouvoir comme Premier ministre, puis comme président, depuis 2003.

Réélu pour cinq ans en mai dernier, le président Erdogan fait figure d'indéboulonnable à la tête de la Turquie, dont il domine le paysage politique depuis le début des années 2000. Grâce à un changement de Constitution, ce musulman dévot, chantre des valeurs familiales et conservatrices, dédaigné par une élite urbaine et laïque, a été élu président de la République en 2014 au suffrage universel. Puis reconduit à deux reprises à la tête de l'Etat, en 2018 et en 2023.

(Avec AFP)