Coup dur pour la Turquie : l’inflation repart à la hausse et atteint 67%

La hausse des prix se poursuit en Turquie. Le pays, rongé par l'inflation, maintient alors son taux directeur à 45%, après huit hausses consécutives en quelques mois.
La hausse du niveau général des prix s'est de nouveau accéléré sur un an en février à 67,1% contre 64,9% en janvier.
La hausse du niveau général des prix s'est de nouveau accéléré sur un an en février à 67,1% contre 64,9% en janvier. (Crédits : UMIT BEKTAS)

L'inflation continue de ronger la Turquie. La hausse du niveau général des prix s'est de nouveau accélérée sur un an en février à 67,1% contre 64,9% en janvier, selon les données officielles publiées ce lundi. Un sujet brûlant à une semaine du début du mois du ramadan, souvent synonyme de dépenses accrues pour les familles. Et ce, malgré les hausses régulières des salaires et des pensions de retraite. Rien qu'en 2022, l'inflation avait tout de même atteint 85% en 2022.

Sur un mois, la hausse des prix à la consommation, alimentée par la dépréciation quasi continue de la livre turque, s'est établie à 4,5%. Dans le détail, la hausse des prix concerne tout particulièrement les produits alimentaires (+71,1%), les transports (+78%), la santé (+81,25%), l'éducation (+91,8%) ainsi que l'hôtellerie et la restauration (+94,8%), selon l'institut statistique turc.

Quoique élevés, les chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), qui estiment la hausse des prix à la consommation à 122% en glissement annuel.

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Un taux de 8,5 à 45%

Le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche que les politiques « anti-inflationnistes commenceront à se faire ressentir concrètement vers la fin de l'année ».

Car, depuis la réélection en mai du président Erdogan, la nouvelle équipe à la tête de la Banque centrale et du ministère de l'Economie a fait remonter le taux directeur de 8,5 à 45% afin de tenter de réduire l'inflation. Malgré l'opposition historique du chef de l'Etat turc aux taux d'intérêt élevés.

« Compte tenu des effets différés du resserrement monétaire, le Conseil (de politique monétaire, ndlr) estime que le niveau de resserrement monétaire requis pour établir la désinflation a été atteint », écrivait fin janvier l'institution.

« Ce niveau sera maintenu aussi longtemps que nécessaire », précisait la Banque centrale, soulignant cependant que de nouvelles hausses pourraient intervenir « en cas de risques importants (...) sur les perspectives d'inflation ».

La Banque centrale turque a donc maintenu fin février son taux directeur à 45% après huit mois consécutifs de hausse, marquant néanmoins la fin de son cycle de resserrement monétaire.

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Remous au sein de la Banque centrale

Les investisseurs occidentaux avaient salué les premières mesures de l'ex-gouverneure de la Banque centrale de Turquie, Hafize Gaye Erkan. Notamment la série rapide de hausse des taux d'intérêt qui ont aidé à stabiliser la lire en déroute et à maîtriser la flambée du coût de la vie en Turquie.

En poste depuis moins d'un an, Hafize Gaye Erkan a annoncé tout début février sa démission dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux, à la suite d'un scandale. Elle a notamment été accusée par plusieurs médias turcs d'avoir accordé des avantages à sa famille au sein de la Banque centrale, ce qu'elle nie.

Mais selon certains observateurs, la gouverneure se serait attiré les foudres du président en racontant en décembre à un quotidien turc qu'elle était contrainte de retourner vivre chez ses parents, avec ses enfants et son mari, à cause de l'inflation et de la flambée de l'immobilier en Turquie.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan l'a donc remplacée dans la foulée par le vice-gouverneur, l'ancien économiste d'Amazon Fatih Karahan, né en 1982. Ce dernier a commencé sa carrière d'économiste à la Réserve fédérale de New York en 2012. Il avait rejoint Amazon en 2022, et la Banque centrale turque en juillet dernier. Une nomination qui semble confirmer l'orientation pro-marché d'Erdogan, après des années de crise économique...

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 05/03/2024 à 9:47
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Il faut se relire ce n’est pas la lire turque mais la livre.

à écrit le 04/03/2024 à 13:27
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Erdogan ne peut pas gagner sur tous les tableaux et comme l'argent est le nerf de la guerre il va devoir choisir son camp. A l'Est ou à l'Ouest. Le Rouble c'est bien😁

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