Guerre en Ukraine : les Etats-Unis sur le point de lancer une arme économique redoutable contre l'effort de guerre russe

Par latribune.fr  |   |  870  mots
Les Etats-Unis devraient aussi mettre en place un embargo sur des produits importés depuis d'autres pays que la Russie, mais fabriqués à partir de matières premières russes. (Crédits : TOM BRENNER)
Selon un haut responsable de la Maison Blanche, le président Joe Biden s'apprête à signer ce vendredi un décret autorisant les Etats-Unis à prendre des sanctions dites « secondaires » contre les établissements financiers qui soutiennent l'effort de guerre russe contre l'Ukraine. De nouvelles mesures qui s'ajoutent aux nombreuses prises depuis le déclenchement du conflit pour tenter d'affaiblir une économie russe qui semble toutefois tenir le choc.

C'est une arme qui peut s'avérer redoutable pour affaiblir l'économie de guerre russe. Le président Joe Biden s'apprête à signer ce vendredi un décret autorisant les Etats-Unis à prendre des sanctions dites « secondaires » contre les établissements financiers qui soutiennent l'effort de guerre russe contre l'Ukraine, a dit un haut responsable de la Maison Blanche.

« Ce que nous voulons faire, c'est viser les matériaux dont la Russie a absolument besoin pour produire de l'armement. (...) Pour obtenir ces matériaux, les Russes ont besoin de passer par le système financier, ce qui en fait un point névralgique potentiel, et cet outil vise ce point névralgique », a-t-il expliqué.

Le haut responsable, qui s'exprimait lors d'un entretien avec des journalistes jeudi et dont les propos étaient sous embargo, a requis l'anonymat. Les Etats-Unis, premier soutien de l'Ukraine, parient sur l'effet dissuasif de cette annonce, qui intervient alors que le Congrès américain peine à s'entendre sur la poursuite du soutien militaire à Kiev.

Effet dissuasif

« Notre idée, en toute franchise, est que les juridictions et institutions financières prendront des mesures pour mettre fin à leurs comportements avant que nous n'ayons à user » de ce nouveau mécanisme de sanctions, a, en effet, indiqué le haut responsable.

« Au final, n'importe quelle banque ou presque dans le monde, si elle a le choix entre continuer à vendre une petite quantité de marchandises au complexe militaro-industriel russe ou être connectée au système financier américain, choisira d'être connectée au système financier américain », a-t-il encore précisé.

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Le haut responsable a expliqué que la plupart des banques européennes ou américaines avaient d'ores et déjà cessé de financer des activités en Russie, mais a relevé qu'elles étaient en relation avec des établissements financiers d'autres pays, qui potentiellement continuaient à le faire. Washington compte donc sur ces banques occidentales pour dissuader leurs partenaires dans les pays tiers de continuer à faire affaire avec Moscou.

Un nouvel embargo américain bientôt mis en place

Selon une haute responsable de l'exécutif, les Etats-Unis vont aussi mettre en place un embargo sur des produits importés depuis d'autres pays que la Russie, mais fabriqués à partir de matières premières russes, comme les diamants, par exemple.

Les Occidentaux ont déjà pris de nombreuses mesures de gel des avoirs et d'embargo contre des entités, des personnalités et des entreprises russes, afin d'enrayer la machine de guerre et de plomber l'économie. L'accumulation de mesures occidentales a eu un « impact significatif » sur Moscou, a assuré le haut responsable américain, en estimant que la Russie « peinait » à reconstituer ses stocks d'armement, et en rappelant que les revenus tirés des hydrocarbures russes avaient reculé d'un tiers environ.

Nouvelle salve de sanctions ces dernière semaines

La semaine dernière, les Etats-Unis ont lancé une nouvelle salve de sanctions visant plus de 250 personnes et entités. Celles-ci sont  suspectées d'approvisionner ou de financer l'industrie de défense russe dans sa guerre en Ukraine, et de circonvenir aux sanctions déjà en vigueur contre la Russie depuis l'invasion, en février 2022.

Ces sanctions incluent le gel des avoirs éventuellement possédés par les personnes et les entreprises visées aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction à toute personne ou entreprise américaine de réaliser des transactions avec les cibles de sanctions, sous peine d'en être à leur tour victime. Pour rappel, début novembre, une autre série de sanctions avait déjà été annoncée par l'administration Biden.

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Washington sanctionne également des personnes et entités basées en Chine, en Russie, à Hong Kong, et au Pakistan impliquées « dans la fabrication et la fourniture d'armes et de technologies chinoises », selon le Trésor américain. Celui-ci cite nommément le ressortissant chinois Hu Xiaoxun et son entreprise de défense Jarvis HK Co. et son réseau d'associés

« Nos sanctions continuent de resserrer l'étau sur les fournisseurs et les réseaux de pays tiers qui fournissent à la Russie les biens dont elle a désespérément besoin pour développer et maintenir son complexe militaro-industriel », a affirmé mardi 12 décembre Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, dans un communiqué.

L'économie russe tient malgré tout le choc

Néanmoins, près de deux ans après le début de la guerre en Ukraine, l'économie russe semble tenir le choc malgré cette avalanche de sanctions. La Russie continue à vendre des hydrocarbures notamment à la Chine et à l'Inde, et a mis en place, selon les experts, des mécanismes efficaces pour contourner en particulier un plafonnement du prix de vente de son pétrole décidé par les Occidentaux.

Selon Washington, Moscou a par ailleurs développé sa coopération militaire avec l'Iran, qui lui fournit des drones, et avec la Corée du Nord. D'après le FMI, la Russie devrait afficher une croissance d'un peu plus de 2% cette année, et d'un peu plus de 1% l'an prochain.

(Avec AFP)