Empêtrée dans l’inflation, la Russie relève encore ses taux pour les porter à 16%

L'inflation continue d'être une épine dans le pied de l'économie russe. La Banque centrale de Russie a décidé ce vendredi de relever son taux directeur de 15 à 16%, soit la cinquième hausse consécutive depuis juillet. Le pouvoir d'achat des ménages commence sérieusement à s'éroder alors que le gouvernement tente de rassurer.
L'inflation continue de semer le trouble dans l'économie russe.
L'inflation continue de semer le trouble dans l'économie russe. (Crédits : Reuters)

L'inflation continue de semer le trouble dans l'économie russe. La Banque centrale du pays a annoncé ce vendredi relever son taux directeur de 15% à 16%. C'est la cinquième hausse consécutive depuis juillet pour contrer la hausse du niveau général des prix qui plombe le pouvoir d'achat des Russes sous l'effet des sanctions.

« Les pressions inflationnistes actuelles restent élevées. L'inflation annuelle pour 2023 devrait être proche (...) de 7-7,5% », bien au-dessus de la cible de 4%, a indiqué la BCR dans un communiqué pour justifier sa décision.

La banque centrale russe a dit anticiper « le maintien de conditions monétaires strictes (...) pendant une longue période » pour « stabiliser » la hausse des prix autour de 4%.

Cette hausse du taux directeur était attendue par les observateurs, la BCR ayant répété à plusieurs reprises vouloir combattre à tout prix l'inflation. Et pour cause, cette dernière s'est accélérée en novembre à 7,5% sur un an. La gouverneure de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, avait déclaré mi-novembre que la pression inflationniste avait atteint un sommet au troisième trimestre, mais qu'elle ne commencerait à diminuer qu'au printemps prochain. La décision de la BCR de relever son taux directeur était déjà crainte par les entrepreneurs russes. Certains d'entre eux avaient déjà manifesté ces derniers jours leur opposition, inquiets du coût croissant des investissements dans le pays.

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Le gouvernement russe tente de rassurer

Cette hausse intervient quelques jours après la confirmation de la candidature de Vladimir Poutine à l'élection présidentielle de mars 2024. Sans surprise, ce scrutin devrait voir sa réélection à la tête du Kremlin, sur fond d'absence de perspective de sortie du conflit avec l'Ukraine et de vie chère du fait des sanctions occidentales. En attendant, les ménages russes citent régulièrement l'inflation comme une préoccupation majeure, nombre d'entre eux n'ayant aucune épargne après une décennie de crise économique, tandis que la hausse des prix a fait baisser le niveau de vie dans tout le pays.

Jeudi, lors de sa conférence de presse annuelle, le président russe s'était pourtant félicité d'une croissance attendue à 3,5% pour 2023, du taux de chômage « le plus faible dans l'histoire de la Russie » (2,9%) et d'une hausse des salaires réels d'environ 8% sur l'année. Le Kremlin insiste depuis des mois sur le fait que la Russie résiste vaillamment aux multiples mesures de rétorsion visant le pays depuis l'assaut lancé contre l'Ukraine en février 2022.

« Il n'y a pas d'explosion sociale. Rien », avait ainsi déclaré en novembre le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, répondant à une question de l'AFP, dont il a jugé les termes « disproportionnés ».

Mais ces indicateurs révèlent en réalité le déséquilibre dans lequel l'économie russe se trouve deux ans après le début du conflit en Ukraine. De nombreux secteurs (manufacture, construction, agriculture...) sont victimes de pénuries de main-d'œuvre, conséquences de la mobilisation de centaines de milliers de réservistes pour combattre en Ukraine et du départ précipité de nombreux employés qualifiés à l'étranger pour éviter l'armée. Or, c'est ce manque de main d'œuvre disponible qui tire les salaires vers le haut, les employeurs étant obligés d'offrir des salaires plus attractifs pour recruter.

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Dépenses de guerre faramineuses

Les craintes de la BCR de voir l'inflation rester à des niveaux élevés l'an prochain ont par ailleurs été renforcées ces dernières semaines par l'envolée des dépenses de Défense en 2024 (+70%), actée récemment par Moscou, ce qui pourrait accélérer d'autant plus la hausse des prix.

Les députés de la Douma, la chambre basse du Parlement, ont approuvé jeudi 26 octobre le projet de loi du budget 2024-2026. Il prévoit notamment une envolée de près de 70% des dépenses militaires l'an prochain, le Kremlin réorientant toute sa politique vers l'effort de guerre.

Le conflit en Ukraine pèse fortement sur le budget, notamment en raison de l'explosion des commandes des militaires aux usines d'armements, du coût de la logistique et des salaires des centaines de milliers de nouvelles recrues dans l'armée. Selon le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, l'armée russe distribue quotidiennement « 10.000, parfois jusqu'à 15.000 tonnes de matériel (...) des munitions, du carburant », mais aussi de la nourriture, de l'eau et du linge pour les soldats.

D'après un document du ministère des Finances consulté fin septembre par l'AFP, les dépenses de Défense vont ainsi augmenter de 68% en 2024 par rapport à 2023 et atteindre 10.800 milliards de roubles (environ 106 milliards d'euros). Au global, la somme allouée à la Défense va représenter environ 30% des dépenses fédérales en 2024 et 6% du PIB, une première dans l'histoire moderne de la Russie.

L'Ukraine dit avoir abattu 14 drones russes dans la nuit

L'armée de l'air ukrainienne a assuré ce vendredi avoir abattu dans la nuit les quatorze drones explosifs lancés par la Russie contre son voisin. Kiev dit abattre l'essentiel des missiles et drones lancés chaque nuit par l'armée russe contre ses infrastructures, et réclame toujours plus de moyens pour sa défense antiaérienne, alors qu'Européens et Américains ne parviennent plus, à cause de différends internes, à débloquer de nouvelles aides pour l'Ukraine.

Les 14 drones abattus la nuit passée ont été lancés, selon Kiev, depuis la région méridionale russe de Krasnodar en direction des régions ukrainiennes Mykolaïv (Sud), Kherson (Sud), Khmelnytsky (Ouest) et Poltava (centre).

L'Ukraine affirme que la Russie cherche comme l'hiver dernier à détruire les installations énergétiques du pays pour plonger les Ukrainiens dans le noir et le froid. Jusqu'ici, les défenses antiaériennes ont empêché des destructions majeures, mais sans nouvelles aides militaires, la question se posera de savoir de combien de munitions dispose Kiev pour contrer cette menace. La Russie est en outre à l'offensive dans l'Est, après l'échec de la contre-offensive estivale de l'armée ukrainienne, et dit avoir progressé dans le Sud également.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 16/12/2023 à 0:21
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@la fourmi. Merci de votre message; les trolls habituels ayant déserté. Il faut dire qu'aller au front ça n'a pas la même conséquance pour eux. PS quelles sont donc les chaînes de TV que vous regardez pour parvenir à une telle conclusion...

à écrit le 15/12/2023 à 23:38
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Bah voilà on l'a la solution au chômage : plutôt que d'ajuster la couleur du papier peint sur la rupture conventionnelle, on envoie les chômeurs au front et le problème est réglé ! Merci Vladimir

à écrit le 15/12/2023 à 17:33
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"Il n'y a pas d'explosion sociale en Russie" selon Peskov. Tu m'étonnes! Quel Russe a envie de finir en prison? La Russie de Poutine vire Corée du Nord. En même temps elle ne peut plus faire autrement et le peuple Russe va en subir les conséquence...

à écrit le 15/12/2023 à 15:28
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Peut-on espérer une fin spontanée de "l'opération spéciale" de l'évolution de la situation économique de la Fédération de Russie?

le 15/12/2023 à 16:45
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si l'armee de la federation de Russie etait "aussi morale" que tsahal, il n'y aurait plus une pierre debout en Ukraine, saluons la patience d'ange de monsieur Poutine...

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