Guerre en Ukraine : les Etats-Unis dégainent de nouvelles sanctions contre la « machine de guerre » de la Russie

Les Etats-Unis ont annoncé mardi une nouvelle salve de sanctions visant la « machine de guerre » russe. Cette décision intervient alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky se trouve à Washington pour obtenir une nouvelle enveloppe d'aide. Figurent notamment dans la liste des individus et entreprises basés en Turquie et aux Emirats arabes unis et accusés d'avoir fourni des composants électroniques jugés prioritaires, tels que des circuits électroniques intégrés, à des entreprises russes.
Les Etats-Unis ont lancé une nouvelle salve de sanctions : elles visent plus de 250 personnes et entités suspectées d'approvisionner ou de financer l'industrie de défense russe.
Les Etats-Unis ont lancé une nouvelle salve de sanctions : elles visent plus de 250 personnes et entités suspectées d'approvisionner ou de financer l'industrie de défense russe. (Crédits : Maxim Shemetov)

Volodymyr Zelensky, président de l'Ukraine, qui se trouve actuellement à Washington pour négocier une nouvelle aide, repartira avec au moins une nouvelle favorable. Les Etats-Unis viennent en effet de lancer une nouvelle salve de sanctions. Ces dernières visent plus de 250 personnes et entités suspectées d'approvisionner ou de financer l'industrie de défense russe dans sa guerre en Ukraine et de circonvenir aux sanctions déjà en vigueur contre la Russie depuis l'invasion, en février 2022. Début novembre, une nouvelle série de sanctions avait déjà été annoncée par l'administration Biden.

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« Le Kremlin a progressivement transformé la Russie en une économie de guerre, mais la machine de guerre de Poutine ne peut pas survivre avec la seule production nationale », affirme dans un communiqué Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, mardi, sur les sanctions visant 150 individus et entités.

« Nos sanctions continuent de resserrer l'étau sur les fournisseurs et les réseaux de pays tiers qui fournissent à la Russie les biens dont elle a désespérément besoin pour développer et maintenir son complexe militaro-industriel ».

Des entreprises basées en Chine dans le viseur

Les sanctions incluent le gel des avoirs éventuellement possédés par les personnes et les entreprises visées aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction à toute personne ou entreprise américaine de réaliser des transactions avec les cibles de sanctions, sous peine d'en être à leur tour victime.

Conjointement, le département d'Etat américain a annoncé mardi prendre des sanctions visant 100 personnes et entités, selon un communiqué séparé. Figurent notamment dans la liste des individus et entreprises basés en Turquie et aux Emirats arabes unis et accusés d'avoir fourni des composants électroniques jugés prioritaires, tels que des circuits électroniques intégrés, à des entreprises russes. Sont ainsi visées les entreprises émiraties Laserchips Fzco et Global Central Logistics Fzco, et la société turque Turkik Union et son président exécutif Mustafa Cankat Aytek.

Washington sanctionne également des personnes et entités basées en Chine, en Russie, à Hong Kong, et au Pakistan impliquées « dans la fabrication et la fourniture d'armes et de technologies chinoises », selon le Trésor. Il cite nommément le ressortissant chinois Hu Xiaoxun et son entreprise de défense Jarvis HK Co. et son réseau d'associés. Sont également citées les entreprises d'imagerie spatiale basées en Chine Beijing Yunze Technology Co. et Chang Guang Satellite Technology Co., soupçonnées d'avoir fourni des images au groupe paramilitaire russe Wagner, visé par des sanctions de Washington.

Les avoirs russes gelés bientôt utilisés ?

Cette annonce intervient alors que la Commission européenne a proposé mardi aux 27 pays de l'UE un plan en deux étapes en vue d'utiliser les revenus générés par les avoirs russes gelés. Objectif : financer en partie la reconstruction de l'Ukraine, a indiqué un responsable européen. Ce dernier s'est refusé à dévoiler le montant qui pourrait revenir à terme à l'Ukraine. Il pourrait néanmoins atteindre plusieurs centaines de millions d'euros par an, compte tenu du montant total des avoir russes gelés dans l'UE, à savoir 200 milliards d'euros.

La Commission, prudente sur un sujet qui divise les États membres, a proposé dans un premier temps de fixer les règles concernant ces revenus. A l'heure actuelle, ils sont gérés essentiellement par Euroclear, organisme international de dépôts de fonds, établi en Belgique, où sont concentrés environ 90% des avoirs russes dans l'UE. Si la proposition est adoptée à l'unanimité, Euroclear aura l'obligation de séparer les revenus générés par ces avoirs du reste de ses revenus, avec interdiction de les reverser à quiconque.

Dans un deuxième temps, et pour permettre enfin à l'Ukraine de profiter de ces fonds, la Commission fera une nouvelle proposition concernant leur saisie et leur utilisation. Plusieurs pays se sont inquiétés des recours possibles de la Russie sur l'utilisation de ces revenus, et sur le risque de créer un précédent qui pourrait inquiéter les investisseurs, et faire naître une forme d'instabilité financière.

L'augmentation du prix des œufs inquiète les autorités russes

Si le Kremlin insiste depuis des mois sur le fait que la Russie résiste vaillamment aux multiples mesures de rétorsion visant le pays depuis l'assaut lancé contre l'Ukraine en février 2022, le pouvoir d'achat des Russes s'est bel et bien érodé depuis deux ans. La faute à un rouble très affaibli et une inflation obstinément forte qui, en novembre, s'établissait à 7,48% sur un an. Le prix des œufs est devenu un exemple particulièrement éloquent qui agite médias et internautes dans un pays où le débat public a été largement éliminé sur fond de répression.

En novembre, les œufs avaient augmenté en moyenne dans le pays de 40,29% sur un an, selon l'Agence russe des statistiques (Rosstat), une hausse considérable. Des consommateurs moscovites, interrogés par l'AFP, font même état de hausses encore plus salées. « Je suis choquée ! (...) C'est horrible ce qui se passe avec les prix ! Pas seulement ceux des œufs, mais de tous les produits, » fait écho Elizaveta Chalaïevskaïa, retraitée de 76 ans, rencontrée dans les rues de Moscou. L'Agence vétérinaire et phytosanitaire (Rosselkhoznadzor) a en réaction autorisé vendredi l'importation d'œufs en provenance de la Turquie, et le ministère russe de l'Agriculture propose d'interdire l'exportation d'œufs pour six mois.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 20/02/2024 à 19:34
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C'est moins contre la Russie que contre l'Europe, stratégiquement

à écrit le 13/12/2023 à 12:05
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Les sanctions annoncées s'affaibliront-elles vraiment les machines militaires russes et renforceront-elles l'Ukraine? J'ai mes préoccupations. Les sanctions contre la Russie précédemment décidées sont ignorées et sapées par de nombreux pays du monde....

à écrit le 13/12/2023 à 11:11
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A quand la fin de cette hégémonie US qui a droit de vie pu de mort sur le monde entier ????c'est toujours les mêmes qui soutiennent leurs compatriotes en Israël dans l'éradication des palestiniens de gaza.

à écrit le 13/12/2023 à 8:56
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Quand on voit le nombre de sanctions, une quantité incroyable infligée durant des décennies à ce tout petit pays qu’est Cuba on imagine le temps et la quantité que ça peut faire pour la Russie !

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