
Retournement de situation en Europe, le nouveau gouvernement de coalition dirigé depuis fin d'octobre par Robert Fico, qui inclut un parti d'extrême droite pro-russe, a annoncé qu'il revenait sur une décision prise par l'ancien exécutif concernant l'aide à l'Ukraine.
Ainsi : « Le gouvernement n'approuve pas la proposition de dons d'équipements militaires à l'Ukraine » d'une valeur de 40,3 millions d'euros, est-il indiqué sur son site officiel.
Une décision de poids pour la guerre en Ukraine puisque cette proposition d'un quatorzième paquet d'aide préparée par l'ancienne direction du ministère de la Défense slovaque comprenait la livraison de munitions de 7,62 mm et de gros calibre pour les canons de 125 mm, ainsi que des roquettes pour la défense aérienne, des mortiers et des mines.
Depuis le début de la guerre déclenchée en Ukraine voisine par la Russie, la Slovaquie a transmis à Kiev des équipements militaires d'une valeur estimée à 671 millions d'euros.
Le nouveau gouvernement avait déjà annoncé que l'aide à l'Ukraine se limiterait désormais à « une aide humanitaire et civile ». Mardi, Robert Fico a néanmoins déclaré que « si une entreprise (slovaque) veut fabriquer des armes quelque part et les fournir (à l'Ukraine), personne ne l'en empêchera ».
Querelle autour du blé ukrainien
D'ailleurs, le gouvernement de Robert Fico n'est pas le seul à être en conflit avec l'Ukraine. C'est aussi le cas de la Pologne a affirmé en septembre qu'elle n'enverrait plus de nouvelles armes et n'assurerait que les livraisons d'armes à l'Ukraine « convenues antérieurement » avec Kiev, après avoir dit la veille vouloir désormais « se concentrer principalement sur la modernisation et l'armement rapide de l'armée polonaise. » Le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller, a par ailleurs déclaré récemment que la Pologne pourrait mettre fin l'année prochaine à son aide fournie aux réfugiés ukrainiens dont elle accueille près d'un million.
A l'origine de ce froid entre les pays de l'Europe de l'Est : une querelle autour du blé ukrainien. Les exportations ukrainiennes étaient soumises à un embargo temporaire depuis le printemps dans cinq pays (Pologne, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie). Le motif derrière cette limitation : protéger les agriculteurs d'importations accusées de faire chuter les prix sur les marchés locaux. Ces mesures ont permis aux produits concernés de continuer à transiter par ces cinq pays, mais sans pouvoir être vendus sur leurs marchés.
Mais la Commission européenne a déclaré mettre fin octobre à cet embargo, avançant que « les distorsions de marché dans les cinq États membres limitrophes de l'Ukraine ont disparu ». Mais la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont peu après rétorqué qu'ils comptaient maintenir l'embargo, entraînant la colère de l'Ukraine qui ont à leur tour répliqué en annonçant porter plainte devant l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Pour désamorcer la situation, les ministres de l'Agriculture slovaque et ukrainien ont finalement convenu fin octobre d'un mécanisme basé sur des licences pour remplacer à l'avenir l'embargo slovaque sur les céréales. « Jusqu'à ce que ce système soit lancé et que sa pleine fonctionnalité soit testée, l'interdiction d'importer quatre produits d'Ukraine (...) reste valable jusqu'à la fin de l'année 2023 », a précisé à l'AFP le porte-parole du ministre slovaque de l'Agriculture. Selon lui, le ministre slovaque a demandé à son collègue ukrainien Mykola Solskiï, « que l'Ukraine cesse toutes les actions en justice contre la Slovaquie, qu'elle avait annoncées, ainsi que les déclarations sur l'arrêt du commerce de produits agricoles de la Slovaquie vers l'Ukraine ». « Le ministre Solskyi a promis hier de mettre fin à ces démarches », a ajouté le porte-parole. Finalement, au vu de l'annonce de ce mercredi, la Slovaquie semble n'être toujours pas satisfaite.
L'annonce de la Slovaquie tombe d'ailleurs dans un moment particulièrement symbolique : la Commission européenne vient d'annoncer, ce mercredi, qu'elle recommandait l'ouverture de négociations d'adhésion à l'UE avec l'Ukraine. « Aujourd'hui est un jour historique », s'est félicitée la présidente de l'exécutif européen, Ursula von der Leyen, en annonçant, devant la presse, cette nouvelle qui concerne une étape cruciale dans le processus. Les 27 devront désormais approuver ou non ces décisions lors d'un sommet prévu mi-décembre. S'ils y sont favorables, l'Ukraine et la Moldavie rejoindront alors une liste d'autres pays européens entrés en négociations avec l'UE.La Commission donne son feu vert aux négociations en vue d'intégrer l'Ukraine dans l'UE
(Avec AFP)
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