Iran : les Etats-Unis font plier un par un les groupes européens

Par latribune.fr  |   |  461  mots
CMA CGM cesse ses activités en Iran sous la pression des Etats-Unis et de l'extraterritorialités des lois américaines. (Crédits : Jon Nazca)
CMA CGM cesse à son tour ses activités en Iran de peur des sanctions américaines. Les Etats-Unis imposent malheureusement leur loi.

La liste est longue. Après Total, Airbus, ATR, Peugeot, Renault, BNP Paribas etc..., c'est au tour du groupe de transport maritime français CMA CGM de cesser ses activités en Iran à la suite de la décision de l'administration Trump d'imposer à nouveau des sanctions aux entreprises commerçant avec Téhéran, a annoncé samedi son PDG, Rodolphe Saadé, lors d'un débat à l'occasion des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. "A cause de l'administration de Trump, nous avons décidé de mettre à terme la desserte de l'Iran", a-t-il déclaré. "Nos concurrents chinois hésitent un peu donc peut-être qu'ils ont des relations différentes avec Trump. Mais nous on applique les règles", a-t-il regretté.

Il a précisé que CMA CGM, désireux de ne pas se retrouver sous le coup de sanctions américaines en raison de sa forte présence aux Etats-Unis, avait suspendu son accord avec son partenaire iranien IRISL. D'autres acteurs du secteur, comme l'armateur danois A.P. Moller-Maersk, ont déjà annoncé l'arrêt de leurs activités en Iran dans la perspective de la réinstauration de sanctions dans les prochains mois à la suite de la décision de Washington de se retirer de l'accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien.

Pas le "choix"

Interrogé sur RTL en marge des Rencontres, le PDG de Total Patrick Pouyanné, qui avait déjà annoncé qu'il se retirerait d'un vaste projet gazier en Iran faute d'obtenir une exemption de Washington, a assuré n'avoir pas d'autre "choix". "Vous ne pouvez pas diriger un groupe international dans 130 pays sans accès au monde financier américain. Donc, de fait, la loi américaine s'applique et donc nous devons quitter l'Iran", a-t-il déclaré. Selon lui, Total a perdu "40 millions de dollars" à cause de l'abandon de son projet en Iran. "A l'échelle de Total, qui investit 15 milliards de dollars par an, ce n'est pas beaucoup", a-t-il souligné.

"Une entreprise comme la nôtre doit respecter les lois qui s'appliquent à nous", donc "nous devons nous retirer". Mais "j'espère qu'on pourra revenir un jour en Iran", a poursuivi Patrick Pouyanné.

L'Iran a engrangé vendredi le soutien des Européens, de la Russie et de la Chine qui ont conforté son droit à exporter du pétrole et à rester un partenaire commercial sur la scène internationale en dépit des menaces américaines liées au rétablissement des sanctions. Pressés de faire des propositions à Téhéran, menacé d'un nouvel isolement économique, les chefs de la diplomatie des cinq puissances restant parties à l'accord nucléaire (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie) ont rencontré vendredi à Vienne leur homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, pour la première fois depuis que Donald Trump s'est désengagé de l'accord.