Joe Biden : "Il est temps de panser les plaies" des Etats-Unis

Par AFP  |   |  982  mots
"Voyons-nous, parlons-nous", "donnons nous une chance", a clamé Joe Biden, en appelant les Américains à ne plus traiter leurs "opposants comme des ennemis". (Crédits : Reuters)
Le démocrate, élu 46e président des Etats-Unis, a insisté sur son souhait de pacifier l'Amérique, lors de son discours de célébration de sa victoire contre Donald Trump. Il a tendu la main aux électeurs républicains, dont il a dit comprendre la "déception".

Joe Biden a promis samedi d'être le président qui unifiera l'Amérique, après quatre années de tumulte et de divisions, célébrant dans sa ville de Wilmington "une victoire convaincante" face à Donald Trump. Quelques heures après l'annonce des résultats de l'élection, devant une foule en liesse rassemblée en "drive-in", le démocrate, élu à 77 ans président des Etats-Unis, a appelé les Américains à ne plus traiter leurs "opposants comme des ennemis".

"Je m'engage à être un président qui rassemble et non pas qui divise", a-t-il lancé lors d'un discours enflammé dans son fief du Delaware.

Sans un mot pour son adversaire, Joe Biden a célébré sa victoire tout en tendant la main aux électeurs du président républicain dont il a dit comprendre la "déception".

"Voyons-nous, parlons-nous", "donnons nous une chance", a-t-il insisté, sous le son des klaxons enthousiastes.

Il est "temps de panser les plaies" du pays et d'en finir avec les "diabolisations".

Remerciant la "coalition large et diverse" qui a porté sa candidature, il a rendu hommage aux Afros-Américains, qui ont joué un rôle central dans sa victoire.

"Ils me soutiennent toujours, comme je les soutiendrai."

"J'ai fait campagne pour restaurer l'âme de l'Amérique", a-t-il répété.

Dès lundi une cellule de crise sur le Covid-19

Portant un masque noir, Joe Biden est arrivé en courant sur la scène de son discours de victoire, sur fond d'une chanson de Bruce Springsteen, comme pour démentir l'image de candidat vieillissant qui a pesé sur sa campagne menée en sourdine. Il sera le président le plus âgé de l'histoire des Etats-Unis au début de son mandat, en janvier.

Plus de 350 voitures étaient rassemblées devant la scène, et des milliers de partisans se trouvaient à l'extérieur du grand parking où était installée la scène. Imaginés pour éviter la propagation du coronavirus, ces rassemblements ont porté le message d'un candidat qui a placé la lutte contre la pandémie au centre de son programme. Joe Biden a d'ailleurs annoncé qu'il mettrait en place dès lundi une cellule de crise sur le Covid-19.

Sa colistière, Kamala Harris, entrera elle dans l'Histoire en devenant la première femme à accéder à la vice-présidence. Toute vêtue de blanc, en hommage aux suffragettes, elle a affirmé samedi qu'elle ne serait "pas la dernière". La sénatrice noire de Californie a rendu hommage aux "générations de femmes", de toutes origines, qui lui ont "ouvert la voie".

Un tir de feu d'artifices a conclu la soirée, le nombre "46" s'inscrivant dans le ciel de Wilmington: Joe Biden va devenir le 46e président des Etats-Unis. Leurs familles les ont ensuite rejoints sur scène, masquées. La date de la passation de pouvoir est inscrite dans la Constitution: le 20 janvier. D'ici là, les Etats certifieront leurs résultats, et les 538 grands électeurs se réuniront en décembre pour formellement désigner le président.

 Reconnaissance internationale

L'annonce de la consécration de Joe Biden a provoqué des scènes de liesse à travers les Etats-Unis. A Washington, des milliers de personnes ont afflué vers la Maison Blanche et la Black Lives Matter Plaza, une partie de l'artère menant à la résidence présidentielle, renommée au printemps dernier pour dénoncer les violences policières contre les Africains-Américains. Barack Obama, 44e président américain, a salué samedi la victoire "historique" de son "ami".

Nombre de dirigeants internationaux de premier plan ont rapidement félicité Joe Biden, renforçant l'idée que personne - ni aux Etats-Uni, ni ailleurs - ne prenait véritablement au sérieux les recours en justice engagés par l'équipe Trump. La chancelière allemande Angela Merkel, qui a entretenu des relations difficiles avec Donald Trump, a insisté sur la relation transatlantique "irremplaçable". L'Union européenne, malmenée par l'actuel locataire de la Maison Blanche, a formé le voeu de Charles Michel d'un "partenariat solide" avec les Etats-Unis. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui souhaitait une victoire de Donald Trump pour sa politique très favorable envers l'Etat hébreu, a aussi félicité en Joe Biden un "grand ami d'Israël", espérant "approfondir encore davantage l'alliance spéciale" entre les deux pays.

Donald Trump ne reconnaît pas sa défaite

Donald Trump se trouvait, au moment de l'annonce des résultats, dans son club de golf non loin de Washington. Il n'a, à ce stade, pas reconnu sa défaite, mais a accusé Joe Biden de se "précipiter pour se présenter faussement" en vainqueur. Rien n'oblige le président républicain à le faire formellement, mais admettre sa défaite fait partie de la tradition à Washington. Dès mardi soir, il avait promis une véritable guérilla judiciaire.

Pour Donald Trump, entré avec fracas en politique en remportant la présidentielle en 2016 à la stupéfaction générale, cette défaite marque selon toute vraisemblance la fin de sa carrière politique. Le tempétueux président de 74 ans a échoué à se faire réélire, contrairement à ses trois prédécesseurs Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.

Si la vague démocrate annoncée par certains n'a pas eu lieu, et s'il a montré qu'il disposait d'un très solide socle d'électeurs, son refus obstiné d'élargir son audience a fini par lui coûter cher. Sa gestion de la pandémie, qu'il a sans cesse minimisée en dépit d'un lourd bilan de plus de 236.000 morts, lui a valu de vives critiques, jusque dans son propre camp. Le 45e président des Etats-Unis apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il aurait été la victime.