L'Allemagne annonce un plan Marshall pour endiguer les flux de migrants

Par Grégoire Normand  |   |  640  mots
160.000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis l'Afrique vers l'Italie selon l'Organisation internationale des migrations.
L'Allemagne opère un changement de stratégie pour venir en aide aux réfugiés et aux migrants venant d'Afrique. Après avoir accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015, Berlin veut allouer des aides financières aux pays africains.

L'Allemagne se prépare à investir des millions d'euros en Afrique. Les modalités de financement de ce fameux plan, plusieurs fois annoncé depuis des mois, se précisent et devraient se concrétiser dans les semaines à venir. Cet objectif fait suite aux vœux d'Angela Merkel, qui souhaite œuvrer au développement en amont pour lutter contre l'immigration clandestine en Europe.

Le plan Marshall évoqué par le gouvernement allemand fait référence aux sommes prêtées par les Américains aux pays européens au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Ces prêts devaient entre autres servir à la reconstruction.

Un fonds pour ralentir les flux de migrants

Le ministre allemand du Développement et de la Coopération Gerd Müller a indiqué à Reuters que

"l'Allemagne doit investir dans ces pays pour donner aux gens des perspectives pour le futur [...] Si les jeunes d'Afrique ne peuvent pas trouver de travail ou un futur dans leur propre pays, ils ne seront pas des centaines de milliers, mais des millions à tracer leur route vers l'Europe."

L'organisation internationale des migrations a rappelé il y a quelques jours que 160.000 personnes avaient traversé la Méditerranée depuis l'Afrique vers l'Italie cette année et que 4.220 avaient péri en mer. En 2015, l'Allemagne a reçu plus d'un million de migrants et a connu par la même occasion une hausse record de sa population.

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La position d'Angela Merkel envers les migrants change régulièrement. Si la dirigeante a pendant longtemps tendu les bras aux migrants et aux réfugiés, elle a admis au mois de septembre dernier avoir commis des erreurs dans la gestion de la crise des réfugiés. "A quelques reprises, nous n'avons pas eu assez de contrôle," concéda la chancelière. "Personne ne veut que la situation de l'année dernière se répète," ajouta-t-elle. Elle a également subi quelques échecs électoraux au niveau local qui l'ont amené à durcir un peu plus sa politique migratoire.

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Il y a quelque jours, le ministre de l'Intérieur allemand a soumis l'idée d'inverser le processus de demandes d'asile. Le responsable politique a ainsi proposé d'aller chercher plus de migrants en Méditerranée et de les renvoyer en Afrique du Nord (Tunisie ou Egypte) où ils pourraient faire leur demande d'asile.

Des financements pour la jeunesse et l'éducation

Le ministre allemand de la Coopération a précisé que les fonds devraient se concentrer sur des programmes pour la jeunesse, l'éducation, la formation et pour renforcer les économies.

Franz Josef  Radermacher, président du Sénat de l'économie, un des think-tanks allemands à l'origine de cette initiative, a expliqué à la Deutsche Welle que :

"Nous avons proposé un fonds  pour l'avenir de l'Afrique, qui devrait notamment être garanti par le gouvernement allemand. Les fonds pourront être levés sur les marchés de capitaux. Si nous les injectons de manière judicieuse dans le développement des infrastructures et dans le secteur industriel, nous aurons ainsi un double levier pour la croissance."

Un financement en-deçà des besoins ?

Pour accélérer la croissance en Afrique, des experts allemands ont estimé le besoin de financements à 120 milliards d'euros. De son côté, Gerd Müller a indiqué qu'une part significative de l'augmentation du budget d'un milliard d'euros pourrait être allouée à des projets en Afrique. La semaine dernière, l'Allemagne a promis une hausse de 61 millions d'euros d'aides pour les opération des nations-unies en Afrique. Et le gouvernement allemand semble compter sur l'investissement privé et les voisins européens pour alimenter le fonds. Mais les sommes convoquées et investies pourraient être loin des besoins réels.