L'économie allemande, victime collatérale du conflit entre la Turquie et la Russie

Par latribune.fr  |   |  444  mots
Une nouvelle étape a été franchie, samedi 28 novembre, après l’adoption par le président russe, Vladimir Poutine, de sanctions économiques contre la Turquie.
Aucun réchauffement diplomatique n'est pour l'instant envisagé entre la Russie et la Turquie. Mais les premiers effets des sanctions économiques adoptées par Moscou se font ressentir. En Allemagne, les entreprises actives en Russie en subissent également les conséquences.

Berlin est-elle en train de subir indirectement les conséquences de la crise diplomatique entre Ankara et Moscou ? Selon la chambre de commerce germano-russe, de nombreuses entreprises allemandes actives en Russie - déjà affectées par le dossier ukrainien - pâtissent des sanctions économiques imposées par Moscou à la Turquie.

Les effets des sanctions à l'égard de la Turquie "sont considérables" pour les entreprises allemandes qui font des affaires en Russie, a indiqué lors d'une conférence de presse le président de la chambre de commerce, Rainer Seele, "deux-tiers d'entre elles sont touchées".

Le secteur automobile allemand - dont certaines usines produisent en Russie et s'approvisionnent en Turquie -  sont notamment impactées. Conséquence des annonces de Moscou, certaines firmes ne sont plus autorisées à employer des salariés turcs.

Durcissement des procédures douanières

Pour rappel, la destruction d'un chasseur russe en plein vol le 24 novembre a conduit à une crise diplomatique majeure entre Moscou et Ankara. Le président et le Premier ministre russes n'ont pas tardé à réagir en annonçant des mesures de rétorsion économiques contre son ex-allié. Dans un premier temps, c'est un embargo sur les importations de fruits et légumes turcs qui a été annoncé. Dans l'industrie, les procédures douanières se sont également alourdies.

Ces éléments auront "des effets négatifs supplémentaires sur les activités en Russie des entreprises allemandes", a prévenu Rainer Seele, également patron du groupe énergétique autrichien OMV, l'un des actionnaires du gazoduc Nord Stream, qui relie la Russie à l'Allemagne.

Exportations à la baisse

Les exportations à destination de la Russie sont aussi impactées en raison du contexte national du pays (récession, dégringolade du rouble), mais également en raison des sanctions européennes.

Alors qu'elles atteignaient 40 milliards d'euros en 2013, les exportations ne devraient atteindre que 20 milliards cette année, a indiqué Volker Treier.

Pour 2016, la chambre de commerce germano-russe mise sur un nouveau recul de l'ordre de 5% des ventes vers la Russie, qui ne représentent désormais plus qu'un maigre pourcentage des exportations allemandes au total. Pour autant, "nous ne voyons pas de fuite des entreprises hors de Russie", a assuré Volker Treier, "seulement une baisse de niveau" de leur activité.

Avant la mise en oeuvre de sanctions, l'Allemagne exportait de nombreux produits alimentaires vers la Russie, notamment des laitages. Elle y vend aussi machines-outils, dont beaucoup dans le secteur agricole, de même que de la chimie et des voitures.

La chambre de commerce germano-russe, qui regroupe 850 entreprises, plaide pour un allègement des sanctions européennes, arguant de "progrès" sur le dossier ukrainien.

(Avec AFP)