La Chine démarre l'année avec difficulté, butant toujours sur une conjoncture incertaine

Par latribune.fr  |   |  818  mots
Les investissements spécifiques pour l'immobilier sont en repli de 9% sur un an, selon le BNS. (Crédits : Reuters)
La Chine a fixé pour sa croissance économique un objectif de 5% cette année, l'un des taux les plus faibles depuis des décennies pour le pays. Pékin a reconnu que cet objectif serait toutefois difficile à atteindre, l'Empire du Milieu butant encore sur des difficultés structurelles.

L'économie chinoise a connu un début 2024 mitigé avec une consommation des ménages poussive mais une accélération des investissements et de l'activité dans les usines, selon des chiffres officiels publiés lundi, reflet d'une reprise inégale. La reprise économique tant espérée fin 2022 à la sortie du Covid a été brève et moins robuste qu'escompté. Elle bute désormais sur une conjoncture incertaine. Celle-ci grippe les dépenses des ménages, tandis qu'une crise immobilière et un fort chômage des jeunes pèsent sur le pouvoir d'achat.

En janvier-février cumulés, les ventes au détail, principal indicateur de la consommation des ménages, ont néanmoins progressé de 5,5% sur un an, a indiqué le Bureau national des statistiques (BNS). Un chiffre à nuancer, puisqu'il s'agit d'un tassement par rapport à décembre (+7,4%) et d'une performance moins bonne qu'anticipé par des analystes sondés par Bloomberg (5,6%). Ce ralentissement survient après les vacances du Nouvel An lunaire en février, synonyme de retrouvailles familiales et équivalent en Chine du Noël fêté en Occident, qui occasionne généralement un pic d'achats dans les semaines qui la précède.

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La production industrielle, elle, a en revanche accéléré en janvier-février (+7% sur un an), contre +6,8% en décembre, et à un rythme supérieur aux anticipations de Bloomberg (+5,2%). La Chine publie habituellement des données cumulées pour janvier et février en raison des longs congés du Nouvel An lunaire qui tombent à des dates variables durant les deux premiers mois de l'année.

Un taux de chômage en hausse

Pour sa part, l'investissement en capital fixe s'affiche en hausse sur les deux premiers mois de l'année (+4,2%). Il s'agit d'un indicateur des dépenses consacrées à l'immobilier, aux infrastructures, aux équipements ou encore aux machines, des secteurs dans lesquels le gouvernement tente de stimuler l'activité. Les investissements spécifiques pour l'immobilier sont en revanche en repli de 9% sur un an, selon le BNS.

Ce secteur-clé de l'économie est sous pression, avec certains promoteurs au bord de la faillite et des prix en chute qui dissuadent les Chinois d'investir dans la pierre, le tout sur fond de ralentissement économique.

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Le taux de chômage, calculé pour les seules zones urbaines, a cependant légèrement augmenté en janvier-février pour s'établir à 5,3% (+0,1 point par rapport à décembre). Il était de 14,6% chez les 16-24 ans, selon un nouveau critère qui exclut désormais les étudiants, après un niveau record sur cette tranche en mai.

La Chine a fixé pour sa croissance économique un objectif de 5% cette année, l'un des taux les plus faibles depuis des décennies pour le pays. La deuxième économie mondiale est sortie en février de déflation pour la première fois en six mois. En 2023, le Produit intérieur brut (PIB) du géant asiatique avait progressé officiellement de 5,2%, son rythme le plus faible depuis les années 90, hors période de Covid, et jugé surestimé par nombre d'économistes.

Des « risques systémiques » écartés pour le secteur immobilier

L'Empire du Milieu doit faire plus pour relancer l'emploi et stabiliser son marché immobilier, ont reconnu plusieurs ministres, le 9 mars dernier. « La pression globale sur l'emploi n'a pas diminué et il reste des contradictions structurelles à résoudre », a admis Wang Xiaoping, ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, lors d'une conférence de presse en marge de la session parlementaire annuelle.

« Une partie des travailleurs est confrontée à des défis et à des problèmes en matière d'emploi, et des efforts supplémentaires doivent être déployés pour stabiliser l'emploi », avait-elle ajouté.

L'immobilier, qui avait connu deux décennies de croissance fulgurante avec la hausse du niveau de vie de la population, a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine. Mais les difficultés restent majeures. « La tâche de stabiliser le marché est encore très difficile », avait déclaré le ministre du Logement Ni Hong lors de la même conférence de presse.

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Evoquant les promoteurs immobiliers « gravement insolvables », il avait estimé que « ceux qui ont besoin de faire faillite doivent le faire, et ceux qui ont besoin d'être restructurés doivent l'être ». Pour tenter de relancer l'activité, le pouvoir a multiplié ces derniers mois mesures incitatives et annonces rassurantes, mais les résultats n'ont eu pour le moment que peu d'effets. Toutefois, Pékin est parvenu à éviter les « risques systémiques » dans le secteur immobilier, avait assuré le ministre.

(Avec AFP)