La Chine nomme un nouveau ministre des Affaires étrangères face aux critiques de l’Occident

Par latribune.fr  |   |  956  mots
La nouveau ministre des Affaires étrangères chinois, Qin Gang, est l'ancien ambassadeur de Chine à Washington. (Crédits : Reuters)
La télévision d’Etat chinoise a annoncé, ce vendredi, la nomination de Qin Gang au poste de ministre des Affaires étrangères. Un changement qui intervient en pleine réouverture de la Chine, très critiqué par l’Occident pour son manque de transparence sur les contaminations et la circulation du Covid-19 dans le pays.

Nouvelle politique, nouveau ministre. Après avoir changé brutalement de politique en mettant fin au zéro Covid et en rouvrant ses frontières avec l'extérieur, le gouvernement chinois a nommé un nouveau ministre des Affaires étrangères, a-t-on appris par la télévision d'Etat chinoise ce vendredi. Qin Gang, considéré comme un diplomate qui ne mâche pas ses mots contre l'Occident, remplace donc aujourd'hui Wang Yi, qui était depuis 2013 le visage de la diplomatie chinoise.

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Le nouveau ministre, âgé de 56 ans, a occupé le poste d'ambassadeur de Chine à Washington, depuis 2021, avec l'ambition de remettre la relation bilatérale avec les Etats-Unis « sur les rails ». Natif de Tianjin (nord de la Chine), il s'est taillé une réputation de « loup combattant », surnom donné aux diplomates chinois qui répondent avec véhémence à un Occident perçu comme systématiquement hostile à Pékin. Qin Gang affirmait déjà en 2020 que l'image de la Chine s'est dégradée ces dernières années parce que politiques et médias européens et américains n'auraient jamais accepté le système politique chinois ni l'émergence économique du pays. Un profil véhément et ultra patriote qui rappelle celui de Lu Shaye, ambassadeur de Chine à Paris, dont plusieurs sorties peu diplomatiques lui ont valu d'être convoqué au Quai d'Orsay. Qin a été durant plusieurs années l'un des porte-paroles du ministère chinois des Affaires étrangères.

Avant cela, Qin Gang a côtoyé le président Xi Jinping de par ses fonctions de chef du protocole avant 2018. Puis il a occupé le poste de vice-ministre des Affaires étrangères entre 2018 et 2021. Il y était chargé de l'Europe et de l'information, défendant sa vision d'une Chine qui n'a pas de leçons à recevoir de l'Occident, et rappelant volontiers que son pays en avait été une victime lors des guerres de l'opium au XIXe siècle.

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Circulation de variants

Ce changement de ministre intervient juste après l'annonce de Pékin de mettre fin à sa politique zéro covid qui isolait le pays du reste du monde. Une réouverture qui inquiète les gouvernements du monde entier puisque ces derniers accusent la Chine de ne pas être transparente sur le nombre de cas dans le pays et la circulation de variants. L'Occident redoute que le retour des touristes chinois ne fasse monter le nombre de cas dans leurs pays et introduise des variants dangereux.

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Plusieurs pays dont l'Italie ou le Japon, ainsi que les Etats-Unis, ont déjà décidé d'imposer des tests obligatoires à tous les voyageurs venant de Chine. Dernier en date, l'Espagne, qui l'a officiellement annoncé ce vendredi. « Nous savons l'importance d'agir de manière coordonnée mais aussi l'importance d'agir avec célérité », a souligné la ministre espagnole de la Santé, Carolina Darias, en se référant à « la situation sanitaire de ce pays », qui avait payé un lourd tribut à la pandémie. Des décisions qui ont même été soutenues par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « En l'absence d'informations complètes venant de Chine, il est compréhensible que des pays prennent les mesures dont ils pensent qu'elles protègeront leurs populations », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, le chef de l'OMS sur Twitter. Ce dernier exhorte Pékin à communiquer davantage sur l'état de la pandémie dans le pays. Vendredi, seuls 5.515 nouveaux cas et un décès ont été annoncés par le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

Des chiffres qui ne semblent plus refléter la réalité, selon l'OMS, puisque les dépistages généralisés ne sont plus obligatoires. En Chine, seuls les patients morts d'une déficience respiratoire provoquée par le virus et testés positifs sont considérés comme des victimes du Covid-19. D'autres pays comptabilisent les malades décédés dans les 28 jours consécutifs à un test positif.

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Une nouvelle communication avec l'étranger?

Face à ces critiques de toutes parts, le pays dirigé par Xi Jinping va devoir se défendre et communiquer adroitement.

Et le nouveau ministère a déjà entamé sa stratégie de riposte. « Depuis l'apparition de l'épidémie, la Chine partage des informations et des données fiables avec la communauté internationale, dont l'OMS, d'une façon ouverte et transparente (...) Nous avons partagé la séquence du nouveau coronavirus dès le début et contribué de manière importante au développement de vaccins et de médicaments fiables dans d'autres pays », a assuré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Wang Wenbin, ce vendredi devant la presse.

Plus tôt, les autorités chinoises s'étaient déjà défendues. « Les données chinoises sur le nombre de morts du Covid-19 ont toujours été transparentes », ont affirmé jeudi soir les autorités sanitaires de Chine. Jiao Yahui, haute responsable de la Commission nationale de santé (NHC), qui fait office de ministère de la Santé, a aussi ajouté que : « La Chine a toujours publié ses données sur les morts du Covid-19 et les cas graves dans une volonté d'ouverture et de transparence ».

Le nouveau ministre, rôdé à l'exercice politique avec l'Occident, aura donc pour tâche de justifier les décisions chinoises et arguer de l'honnêteté de ses chiffres sur les contaminations.

(Avec AFP)