La désinformation et la manipulation de l'information devient le risque numéro un, selon le Forum économique mondial

Par latribune.fr  |   |  683  mots
Les électeurs doivent choisir de nouveaux dirigeants dans des économies majeures, alertent les experts des risques. (Crédits : Kacper Pempel)
Alors que trois milliards de personnes vont se rendre aux urnes dans les deux prochaines années, les experts des risques interrogés dans le cadre du Forum économique de Davos, anticipent les effets négatifs des technologies de l'intelligence artificielle générative, à l'aube de son adoption de masse. Les questions directement économiques, telles « l'inflation » et « la récession » ne se classent qu'à la 7e et 9e place des risques d'ici à deux ans, selon le Global Risks Report 2024.

Alors que l'inflation sévit encore dans de nombreux pays et que les zones de conflits se sont multipliées en 2023, les experts des risques n'ont pas uniquement des craintes d'ordre économiques. D'après le Global Risks Report 2024 qui a interrogé 1.400 spécialistes, la désinformation compte parmi les plus grands risques pour l'humanité. Ce risque numéro un devance même les événements climatiques et les « polarisations sociétales ». Viennent ensuite « la cyber insécurité », « les conflits armés entre Etats » et le « manque d'opportunités économiques » à la 4e, 5,e et 6e place, selon cette publication du Forum économique mondial de Davos. Les questions directement économiques, telles « l'inflation » et « la récession » ne se classent qu'à la 7e et 9e place.

L'an passé, pour l'édition 2023, le risque principal portait sur le coût de la vie. « Les années à venir seront marquées par une incertitude économique persistante et des clivages économiques et technologiques croissants », note toutefois le Forum économique dans un communiqué mercredi. Aussi, les deux tiers des experts s'attendent à ce qu'un ordre multipolaire ou fragmenté prenne forme au cours de la prochaine décennie.

Mais pour ces « experts en risques, responsables politiques et leaders du secteur à travers le monde interrogés en septembre 2023 », la question de l'information et de la manipulation de l'opinion est centrale, à l'aube de deux années qui verront près de trois milliards de personnes se rendre aux urnes et en plein boom de l'intelligence artificielle.

Les électeurs doivent choisir de nouveaux dirigeants dans des économies majeures, notamment au Bangladesh, en Inde, en Indonésie, au Mexique, au Pakistan, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, au cours des deux prochaines années, rappelle le Forum économique mondial.

« Le recours généralisé à la mésinformation et à la désinformation, et les outils permettant de les diffuser, peuvent miner la légitimité de gouvernements nouvellement élus », selon ce rapport produit en partenariat avec l'assureur suisse Zurich Insurance et le cabinet Marsh McLennan.

Des crises sociales aux conflits

Les cinq principales inquiétudes sont différentes pour chaque pays, a toutefois souligné Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial, lors d'une conférence de presse à Londres mercredi, précisant que si les risques de fausses informations « n'apparaissent pas du tout dans le top cinq » pour les Etats-Unis, « pour l'Inde, c'est le risque numéro un ».

Or, la montée des mauvaises informations amène à davantage de crises sociales, puis aux guerres. « Les troubles qui en résulteraient pourraient aller de manifestations violentes et crimes haineux à des affrontements civils et au terrorisme », poursuit ce document, dévoilé à quelques jours du Forum économique mondial, qui se tient du 15 au 19 janvier.

Au-delà des risques de mésinformation s'ajoutent cette année « les inquiétudes concernant une crise persistante du coût de la vie », note le Forum dans un communiqué.

A plus long terme, les conditions météorologiques extrêmes et les changements critiques dans les systèmes environnementaux de la terre deviennent la plus grande préoccupation.

Le rapport est « très différent de l'année dernière, où à plus long terme, il y avait encore de l'optimisme alors que cette année, à plus long terme, c'est du pessimisme », a relevé Saadia Zahidi lors de la conférence de presse.

La résolution des guerres en cours

« Les dirigeants du monde doivent s'unir pour faire face aux crises à court terme et jeter les bases d'un avenir plus résilient, durable et inclusif », avait appelé un peu plus tôt Mme Zahidi dans le communiqué du Forum économique mondial.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le président israélien Isaac Herzog participeront au Forum à Davos, où la guerre entre Israël et le Hamas sera un des sujets majeurs, ont annoncé mardi les organisateurs.

Le président français Emmanuel Macron, le nouveau chef d'Etat argentin Javier Milei, le Premier ministre chinois Li Qiang et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen seront parmi les plus de 60 chefs d'Etat et de gouvernement présents.

(Avec AFP)