Taïwan : à trois jours de l'élection présidentielle, la désinformation au plus haut

Le scrutin de l'élection présidentielle de samedi prochain donne lieu à une vague de fausses informations sur les candidats. Derrière ces tentatives de manipulation, la Chine et les Etats-Unis sont soupçonnés de vouloir avancer leurs pions lors de cette élection particulièrement importante pour eux.
Le gouvernement de Xi Jinping compte toujours intégrer Taïwan. (photo d'illustration)
Le gouvernement de Xi Jinping compte toujours intégrer Taïwan. (photo d'illustration) (Crédits : POOL)

Les tensions entre taiwanais sont à leur paroxysme. Pour rappel, les habitants de Taïwan voteront samedi pour élire leur prochain président. Le scrutin présidentiel du 13 janvier opposera l'actuel vice-président Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir, défenseur de la souveraineté de l'île, à deux candidats favorables à un rapprochement avec la Chine.

A quelques jours de ce vote, les positions deviennent de plus en plus tranchées et sont notamment alimentées par des vidéos mensongères et trompeuses sur TikTok qui se multiplient, visant essentiellement les candidats favorables à l'indépendance de l'île. Cette campagne d'influence est, selon des experts et représentants taïwanais, orchestrée par Pékin.

L'infox la plus répandue concerne Hsiao Bi-khim, colistière du candidat Lai Ching-te, dont le Parti démocrate progressiste (PDP, ou DPP en anglais) au pouvoir. « C'est une étrangère », affirme un internaute sur l'une des nombreuses vidéos partagées sur TikTok à son propos, relayant l'idée qu'elle conserverait secrètement la citoyenneté américaine et serait donc inéligible. Hsiao Bi-khim a déclaré à plusieurs reprises avoir renoncé à sa nationalité américaine il y a plusieurs décennies, et l'AFP a trouvé son nom sur une liste du gouvernement américain de personnes ayant renoncé à leur nationalité.

Tensions au sein du pays

Les tensions se font aussi ressentir du côté des candidats. Celui du PDP, actuellement en tête dans les sondages avec environ 35 % des intentions de vote, l'actuel vice-président Lai Ching-Te, est décrit comme un partisan pragmatique de l'indépendance, même si ce mot n'est jamais prononcé officiellement. Lors d'un débat télévisé samedi, ses deux principaux adversaires - qui n'ont pas pu s'entendre sur une candidature unique - ont fustigé les positions du candidat PDP qui « minent la sécurité de Taïwan ».

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La souveraineté de Taïwan « appartient aux 23 millions d'habitants » de l'île, a-t-il rétorqué. Lors du débat, Lai Ching-Te a également accusé Hou Yu-ih, le candidat du parti Kuomintang (KMT) - considéré comme ayant des liens plus étroits avec Pékin - d'être favorable à la Chine.  « Je ne reviendrai pas en arrière (vers le passé) comme le Kuomintang, et je ne serai pas prêt à devenir un vassal du totalitarisme », a lancé le candidat démocrate à son rival.

« Nous devons maintenir la communication et les échanges (avec la Chine). C'est parce que vous ne l'avez pas fait que nous voyons un grand danger de l'autre côté du détroit », a plaidé Hou Yu-ih, réitérant son opposition à l'indépendance de Taïwan. Lai Ching-Te s'en est également pris à Ko Wen-je, candidat du Parti populaire taïwanais (TPP) pour avoir déclaré que l'île et la Chine « ne forment qu'une seule famille ».

Ce dernier a dénoncé la politique de l'actuelle présidente et juge que le PDP « a une attitude trop conflictuelle » avec la Chine. Selon le Financial Times, l'une des clés de ce scrutin sera l'électorat jeune, traditionnellement plus favorable au PDP, mais qui apparaît de plus en plus déboussolé par la politique et par l'attitude à adopter face à la Chine.

Bataille entre les Etats-Unis et la Chine

Et le scrutin n'intéresse pas que les habitants de l'île. Lors de discussions militaires bilatérales organisées à Washington, ce mercredi, Pékin a de nouveau mis en garde les Etats-Unis. « Sur la question de Taïwan, la Chine ne fera jamais le moindre compromis ou concession », a indiqué la délégation militaire chinoise lors de ses entretiens, selon un communiqué du ministère de la Défense.

« Elle exige des Etats-Unis qu'ils respectent le principe d'une seule Chine, qu'ils respectent leur promesse de façon concrète en cessant d'armer Taïwan et en s'opposant à toute indépendance de Taïwan », a-t-elle souligné.

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L'élection est suivie de près par Pékin et Washington qui ont chacun des intérêts différents. Si les Etats-Unis reconnaissent la République populaire de Chine comme le seul gouvernement chinois légitime, ils sont également le principal soutien militaire des autorités démocratiques de l'île qui héberge 23 millions d'habitants.

Un soutien qui indispose Pékin qui estime de son côté que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. D'ailleurs, si le gouvernement de Xi Jinping dit privilégier une réunification « pacifique » avec l'île, elle n'a jamais renoncé à employer la force militaire.

Tensions en mer de Chine

Ce mercredi, la Chine a par ailleurs abordé le sujet des tensions en mer de Chine méridionale où les deux puissances ont mené la semaine dernière des manœuvres militaires en parallèle. « La Chine presse les Etats-Unis de réduire leur présence militaire et leurs actions provocatrices en mer de Chine méridionale », ont appelé les hauts responsables militaires chinois à leurs homologues américains. Des navires de guerre chinois ont effectué jeudi des exercices en mer de Chine méridionale, au moment où les Philippines s'entraînaient avec l'armée américaine après une série d'incidents avec Pékin dans des eaux contestées.

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Et les forces militaires chinoises ne se sont pas arrêtées là. Mardi, les Taïwanais ont reçu un message d'alerte sur leurs téléphones, peu après 15 heures (8 heures à Paris), appelant la population à « faire attention » car « la Chine a lancé un satellite qui a survolé l'espace aérien du sud ». Pékin déploie régulièrement sa force militaire en envoyant des avions de chasse, des drones de reconnaissance et des navires de guerre autour de l'île. Elle a mené ces dernières années plusieurs exercices militaires d'ampleur, notamment pour simuler un blocus de Taïwan.

Et ces derniers temps, elle envoie des ballons chinois dans le ciel de Taïwan. Depuis décembre, une vingtaine de mystérieux ballons ont en outre franchi le détroit de Taïwan qui sépare l'île de la Chine continentale, selon le ministère de la Défense taïwanais. Une initiative qui relève selon l'armée taïwanaise d'une « guerre psychologique » menée par Pékin pour tenter de peser sur le scrutin. Interrogé à ce sujet, le ministère chinois de la Défense a rejeté toute accusation d'ingérence et accusé Taïwan de tenter de « manipuler les élections ».

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 10/01/2024 à 15:43
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On ne pouvait attendre moins de l 'Occident qui défend une province irrédentiste par intérêt stratégique , vivement la réunification

le 10/01/2024 à 23:33
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Ah bon parce que l’ avis des 23 millions de Taiwanais ne compte pas ? Ils ne sont pas chinois ils n ont pas de passeport de cette nationalité ..De même la main mise de Pékin sur 60% de la prod mondiale de puces électroniques , l’ annexion d îles qui ...

le 10/01/2024 à 23:36
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Ah bon parce que l’ avis des 23 millions de Taiwanais ne compte pas ? Ils ne sont pas chinois ils n ont pas de passeport de cette nationalité ..De même la main mise de Pékin sur 60% de la prod mondiale de puces électroniques , l’ annexion d îles qui ...

à écrit le 10/01/2024 à 11:53
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le 10/01/2024 à 15:44
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Je ne comprend pas que ta publicité gratuite pour ton mauvais libre passe encore

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