La Finlande est officiellement candidate à l'Otan : "une nouvelle ère s'ouvre"

Par latribune.fr  |   |  764  mots
(Crédits : Ints Kalnins)
Le pays, qui partage 1.300 kilomètres de frontière avec la Russie, a annoncé sa candidature à l'Otan, avant une réunion décisive en Suède en vue d'une probable demande d'adhésion simultanée des deux pays.

La guerre en Ukraine menée par la Russie n'en finit pas de renforcer le jeu des influences stratégiques. La décision est désormais officielle, comme attendu, le président finlandais et un conseil gouvernemental "ont conjointement décidé que la Finlande allait demander à devenir membre de l'Otan", a déclaré dimanche le chef de l'Etat Sauli Niinistö. Autrement dit, l'Organisation du traité Atlantique Nord, accusée de tous les maux par la Russie de Vladimir Poutine, va partager 1.300 kilomètres de frontières finlandaises supplémentaires avec Moscou.

"C'est un jour historique. Une nouvelle ère s'ouvre", a affirmé le président finlandais lors d'une conférence de presse.

Vladimir Poutine avait déjà vu rouge lors de l'adhésion à l'Otan des ex membres de l'URSS, ses voisins, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie et la Pologne en 2004 et en 1999. Peu avant cette demande officielle, la Russie a indiqué qu'elle allait couper les livraisons d'électricité à la Finlande.

La Finlande a annoncé sa candidature à l'Otan, avant une réunion décisive en Suède en vue d'une probable demande d'adhésion simultanée des deux pays, conséquence directe de l'invasion russe de l'Ukraine.

Samedi, le président finlandais avait appelé son homologue russe Vladimir Poutine pour l'informer de la demande d'adhésion imminente de son pays, qui suscite l'hostilité de Moscou. Helsinki anticipe des mesures de représailles russes, mais ne croit pas à une opération militaire.

Vladimir Poutine lui a signifié qu'adhérer à l'Otan "serait une erreur", jugeant qu'il "n'y a aucune menace à la sécurité de la Finlande", selon le Kremlin.

Après l'annonce de l'exécutif, le Parlement finlandais doit désormais examiner lundi le projet d'adhésion, avec un vote prévu selon le président de la chambre. Une large majorité est quasi assurée.

Lire aussi 4 mnOTAN : la Finlande et la Suède veulent accélérer leur adhésion, Poutine fulmine

L'interférence turque

Malgré une hostilité de dernière minute de la Turquie, les pays membres de l'Otan sont "sur la bonne voie" pour trouver un consensus sur l'intégration de la Finlande et la Suède, a jugé le chef de la diplomatie croate Gordan Grlic Radman, dimanche en marge d'une réunion des ministres de l'alliance à Berlin.

"Je suis prêt à avoir une nouvelle discussion avec le président (turc) Erdogan sur les problèmes qu'il a soulevés", a affirmé M. Niinistö.

La Turquie reproche aux deux pays, et à Stockholm particulièrement, de faire preuve d'une trop grande mansuétude vis-à-vis du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, bien qu'il soit sur la liste de l'UE des organisations terroristes.

Malgré le risque de blocage turc, "je suis convaincu que les alliés que nous sommes verront d'un œil constructif et positif leur adhésion à cette alliance", a déclaré dimanche à Berlin le secrétaire général délégué de l'Otan, Mircea Geoana.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a même assuré que ces deux adhésions pourraient intervenir "très rapidement".

La fin de la neutralité d'après-guerre

En Suède, qui s'apprête également à annoncer sa décision, la direction du parti social-démocrate a entamé samedi matin une réunion décisive, où la formation dominante de la politique suédoise devrait abandonner sa ligne hostile à une adhésion.

En cas de feu vert du parti de la Première ministre Magdalena Andersson, la voie serait libre pour une annonce de candidature suédoise, après près de deux siècles de neutralité puis, depuis les années 1990, de non-alignement militaire.

Après avoir rompu avec leur neutralité dans les années 1990 avec la fin de la Guerre froide, en devenant partenaires de l'Otan et membres de l'Union européenne, les deux nations s'amarreraient ainsi un peu plus aux blocs occidentaux.

Formellement, les deux pays doivent ensuite transmettre leur candidature au siège de l'Otan en vue de l'ouverture de négociations d'adhésion, qui nécessitent une unanimité des 30 membres actuels.

Face au risque de représailles russes, la Suède et la Finlande ont cherché ces dernières semaines à multiplier les assurances sur leur protection pendant le processus d'adhésion.

Seuls les membres de l'Otan bénéficient du célèbre article 5 de protection mutuelle, pas les candidats.

Créée au début de la Guerre froide, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) est devenue la principale organisation militaire commune de défense, avec 30 pays membres en Europe et en Amérique du Nord.

(Avec AFP)