La Russie a mis ses menaces à exécution : Moscou lance 99 missiles, Kiev déplore la mort de 5 personnes

Par latribune.fr  |   |  1102  mots
« Les Russes inhumains frappent de nouveau », a commenté le président Volodymyr Zelensky dans une courte allocution diffusée sur les réseaux sociaux. (Crédits : STRINGER)
L'Ukraine a subi une attaque « massive » de drones et de missiles en provenance de Russie, ont affirmé les autorités des deux pays. 99 missiles auraient ainsi été tirés ce mardi matin, responsables de la mort de cinq personnes, selon les autorités ukrainiennes. Une centaine de personnes sont également blessées, principalement à Kiev et Kharkiv. Le gouverneur de la région de Belgorod en Russie déplore de son côté cinq blessés et un mort, ce mardi.

[Article publié le mardi 02 janvier 2024 à 14h00 et mis à jour à 14h43] Nouvelle offensive russe en Ukraine, alors que la deuxième anniversaire de la guerre approche à grands pas, le conflit ayant démarré le 24 février 2022. Moscou a tiré ce mardi matin « 99 missiles de divers types », selon l'armée l'ukrainienne.

« Des infrastructures civiles et essentielles, des sites industriels et militaires ont été attaqués. La cible principale de ces frappes était la capitale ukrainienne », a précisé le commandant en chef de l'armée ukrainienne Valery Zaloujny qui a parlé d'une attaque « massive ».

Les forces ukrainiennes « ont détruit 72 cibles aériennes », dont 10 missiles hypersoniques Kinjal et trois missiles de croisière Kalibr ainsi que 59 projectiles de croisière de type Kh-101, Kh-555 et Kh-55, a affirmé sur Telegram le commandant. Selon lui, la Russie a commencé ses attaques dans la nuit en lançant sur son voisin 35 drones explosifs Shahed, qui ont été tous abattus. De son côté, le maire de Kiev Vitali Klitschko a affirmé que 61 missiles dont « environ dix Kinjals » ont été détruits dans l'espace aérien de sa ville et sa région.

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5 morts en Ukraine

Malgré la défense ukrainienne, cette attaque a provoqué la mort d'au moins cinq civils et blessé une centaine de personnes principalement à Kiev et Kharkiv, selon les autorités ukrainiennes. Le ministère ukrainien de l'Intérieur a, pour sa part, déploré des « bombardements massifs », précisant que des « immeubles d'habitation, des entrepôts, des infrastructures essentielles » avaient été atteints. Plus de 86.000 habitants de Kiev et de ses environs restaient privés d'électricité en début d'après-midi à la suite des bombardements, a fait savoir le ministère de l'Energie.

« Les Russes inhumains frappent de nouveau », a commenté le président Volodymyr Zelensky dans une courte allocution diffusée sur les réseaux sociaux, après avoir dénoncé « la terreur russe ».

De son côté, le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, a accusé la Russie de bombarder « délibérément » des zones « résidentielles ». « L'État terroriste (russe, ndlr) prend délibérément pour cible des infrastructures critiques et des quartiers résidentiels, prouvant ainsi que la Russie n'arrêtera pas son agression tant que nous ne l'arrêterons pas », a-t-il martelé sur X (ex-Twitter).

« Intensifier » les frappes

Dans ce contexte, ces dernières ont réclamé d'urgence à leurs alliés occidentaux d'accélérer leurs livraisons de matériel militaire. Dans un communiqué paru ce mardi, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a appelé les Occidentaux à « réagir de manière décisive » à ces frappes, notamment en accélérant la fourniture à Kiev de « systèmes de défense aérienne supplémentaires, de drones de combat de tous types (et de) missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres ».

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L'armée russe a assuré, comme à son habitude, n'avoir visé que des cibles jugées légitimes : des entreprises ukrainiennes « de production de missiles, de drones et de réparation d'armes et d'équipements militaires » et « des sites de stockage de missiles, de munitions et d'armes aériennes fournis au régime de Kiev par des pays occidentaux ».

Le timing de cette opération est loin d'être anodin. Cette nouvelle série de frappes russes intervient au lendemain de la menace agitée par Vladimir Poutine d'« intensifier » les frappes en Ukraine en représailles à l'attaque inédite sur la ville russe de Belgorod samedi.

Le ministère a reconnu le bombardement accidentel d'un village de l'ouest de la Russie, non loin de la frontière ukrainienne, assurant qu'il n'y avait toutefois aucune victime. Évoquant « l'explosion accidentelle d'une munition » transportée par un avion de l'armée de l'air vers 9 heures (7 heures, heure de Paris), le ministère a indiqué aux agences de presse russes qu'une déflagration avait secoué le village de Petropavlovka, dans la région de Voronej, à 150 km de l'Ukraine.

La Pologne fait décoller des avions

En réponse, l'Ukraine aurait d'ailleurs déjà envoyé des missiles vers la Russie. « Vers 12 heures (10 heures, heure de Paris) », la défense antiaérienne russe « a déjoué » une attaque ukrainienne menée avec des missiles balistiques tactiques « Olkha » (« Vilkha » en ukrainien, ndlr), a affirmé le ministère de la Défense russe dans un communiqué. « Quatre missiles ont été détruits au-dessus de la région de Belgorod », a-t-il précisé.

Au moins une personne a été tuée mardi et cinq blessées après des frappes ukrainiennes sur la région de Belgorod, a indiqué son gouverneur, plus tard dans la journée. Un homme a été tué par des éclats lorsqu'un projectile a explosé à côté de sa voiture, a indiqué sur Telegram le gouverneur de Belgorod, région russe frontalière de l'Ukraine, Viatcheslav Gladkov. Cinq personnes ont été blessées dans d'autres incidents.

Ces attaques, de part et d'autre, inquiètent aussi la Pologne qui a dénoncé, vendredi dernier, une « violation » de son espace aérien « par un missile de croisière », appelant la Russie à « cesser immédiatement ce genre d'opération ». En réponse, l'armée polonaise a annoncé ce mardi avoir fait décoller quatre chasseurs F-16 pour surveiller la frontière avec l'Ukraine. « Pour assurer la sécurité de l'espace aérien polonais, deux paires de chasseurs F-16 et un avion ravitailleur allié ont été activés », a indiqué le commandement opérationnel de l'armée polonaise dans un communiqué.

Après de précédentes attaques, survenues vendredi, la France a aussi condamné « avec la plus grande fermeté » la « stratégie de terreur visant à détruire les infrastructures civiles ukrainiennes », a déclaré le ministère des Affaires étrangères après la vague de frappes russes qui a touché plusieurs villes en Ukraine.

(Avec AFP)