Vague de frappes en Ukraine : la France condamne « la stratégie de terreur » russe

Ce vendredi matin, des explosions ont été entendues à Kiev et des frappes ont visé plusieurs villes à travers le pays dont Konotop, Kharkiv, ou encore Odessa. Plusieurs personnes sont mortes et plusieurs dizaines ont été blessées. « Le monde doit voir que nous avons besoin de plus d'aide et de moyens pour arrêter cette terreur », a réagi le chef de cabinet du président ukrainien.
Des barricades dans la ville de Kiev en Ukraine (Photo d'illustration).
Des barricades dans la ville de Kiev en Ukraine (Photo d'illustration). (Crédits : IMAGO/Ato Press via Reuters Connect)

[Article publié le vendredi 29 décembre 2023 à 07H18 et mis à jour à 14H29]La France a condamné « avec la plus grande fermeté » la « stratégie de terreur visant à détruire les infrastructures civiles ukrainiennes », a déclaré le ministère des Affaires étrangères après la vague de frappes russes qui a touché plusieurs villes en Ukraine.

Des explosions ont également été entendues à Kiev comme l'a annoncé son maire Vitali Klitschko, tôt ce matin, assurant que la « défense antiaérienne [y] fonctionne activement ». Dans le même temps, l'alerte aérienne nationale a été déclenchée vers 06H00 (heure de Paris).

De son côté, l'armée de l'air a également assuré avoir détruit 114 des 158 missiles et drones lancés par la Russie lors de cette vague d'attaques. « L'ennemi a utilisé 158 moyens d'attaque aérienne contre l'Ukraine la nuit dernière : des missiles de différents types et des drones », a-t-elle précisé sur le réseau Telegram.

« Il s'agit de l'attaque de missiles la plus massive d'une manière générale », à l'exclusion des premiers jours de la guerre, a déploré le porte-parole de l'armée de l'air, Iouri Ignat.

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a lui estimé que ces frappes démontraient que Vladimir Poutine « ne reculera devant rien » quand le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a condamné l'une des « plus importantes attaques » russes, « frappant des villes et la population », accusant Moscou de cibler des civils.

« Il s'agit d'une nouvelle série de frappes lâches et aveugles frappant des écoles, une station de métro et un hôpital, qui ont fait au moins seize morts », a-t-il déploré sur les réseaux sociaux.

Six régions du pays touchées

Ces frappes avec « un nombre record de missiles » ont fait, selon les autorités ukrainiennes, au moins 16 morts et 97 blessés. Les frappes ont visé « des installations civiles, des bâtiments civils », a précisé Andriï Iermak, le chef de cabinet du président ukrainien Volodymyr Zelensky. À Konotop, ville située dans la région de Soumy et touchée par les frappes, trois personnes ont été blessées et un immeuble d'habitation a notamment été touché, avait précisé, plus tôt dans la matinée, l'administration militaire locale.

Kharkiv a, de son côté, essuyé au moins dix frappes en deux vagues, d'après le chef de l'administration militaire locale, Oleg Synegubov. Un hôpital du quartier de Kyivskyi a été endommagé, a indiqué la police locale. Le maire, Igor Terekhov, a, lui, précisé que ces frappes avaient été menées par des missiles S-300 et X-22, et qu'elles ont perturbé l'approvisionnement électrique des transports.

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À Odessa, un immeuble a été endommagé à la suite d'une frappe survenue dans la nuit mais l'incendie qui en a résulté a été rapidement maîtrisé, a indiqué le maire, Gennady Trukhanov.

Quant à Lviv, ville plus rarement visée, son maire, Andriy Sadovyi, a évoqué « deux frappes » dans une attaque menée au total par « dix (drones iraniens) Shaheds » au niveau de la région. Le responsable a évoqué « un incendie dans une installation cruciale », sans livrer davantage de détails. Les autorités ont également rapporté des explosions dans la région de Dnipro. Selon l'armée, des « missiles guidés » ont été tirés par des bombardiers russes Tu95MS.

Jeudi dernier, des frappes russes avaient fait trois morts et neuf blessés dans deux villages de la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, selon les autorités locales.

La Russie s'est limitée à indiquer dans son briefing quotidien que « toutes les cibles ont été atteintes », comme elle le fait chaque jour. Elle a, en outre, affirmé avoir visé lors de plus de 50 frappes, dont une « d'envergure » en Ukraine entre le 23 et 29 décembre, des infrastructures militaires, dépôts de munitions et lieux de déploiement des soldats ukrainiens.

Et l'attaque de ce vendredi pourrait avoir des conséquences en Pologne où des opérations de recherches étaient en cours après qu'un objet volant, « arrivé depuis la frontière avec l'Ukraine », a été repéré par radar près de la ville frontalière de Zamosc, dans l'est du pays. En novembre 2022, un missile ukrainien était tombé sur le village polonais de Przewodow, tuant deux civils. L'incident avait brièvement suscité les craintes d'une extension du conflit.

L'Ukraine a besoin de « plus d'aide »

Cette vague de frappes russes montre que le pays a besoin de « plus d'aide » de la communauté internationale, a affirmé, le chef de cabinet du président ukrainien.

« Nous faisons tout notre possible pour renforcer notre bouclier aérien. Mais le monde doit voir que nous avons besoin de plus d'aide et de moyens pour arrêter cette terreur », a-t-il écrit sur le réseau social Telegram.

« Pour le peuple ukrainien, il s'agit d'un nouvel exemple inacceptable de l'horrible réalité à laquelle il est confronté », a réagi la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Ukraine, Denise Brown, condamnant fermement « une vague haineuse d'attaques sur les zones peuplées de l'Ukraine ».

Crainte d'un essoufflement du soutien financier à l'Ukraine

Alors qu'elle subit les attaques répétées de la Russie depuis le déclenchement de la guerre en février 2022, l'Ukraine pourra néanmoins bénéficier d'un nouveau soutien financier de la part des Etats-Unis. Ces derniers ont, en effet, débloqué, mercredi, une nouvelle tranche d'aide militaire de 250 millions de dollars comprenant notamment des munitions, dont le pays a besoin, ou des systèmes de défense aérienne pour faire face aux attaques de la Russie.

Et si Volodymyr Zelensky, a remercié Washington pour le déblocage de cette aide, exhortant son précieux allié à maintenir cette assistance « essentielle », cette bonne nouvelle laisse toutefois un arrière-goût amer à Kiev, car il s'agit de la dernière tranche disponible sans un nouveau vote au Congrès américain, qui refuse pour l'instant d'allouer davantage d'argent.

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Après une année 2023 décevante pour l'Ukraine, dont la grande contre-offensive n'a pas donné les résultats espérés sur le front, Kiev craint un désengagement des pays occidentaux. À Washington mais aussi en Europe, l'idée d'un soutien inconditionnel s'est fissurée, fragilisée par les divisions politiques sur la note très salée de l'aide militaire. Mi-décembre, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a d'ailleurs mis son veto à une nouvelle enveloppe d'aide de l'UE de 33 milliards d'euros de prêts et 17 milliards d'euros de dons sur quatre ans. Un problème que les Européens espèrent régler lors d'un nouveau sommet début février 2024.

Les alliés de Volodymyr Zelensky continuent néanmoins à clamer qu'ils ne l'abandonneront pas. Le ministère des Affaires étrangères français a notamment assuré, ce vendredi, que Paris « continuera à soutenir l'Ukraine et à lui fournir l'aide nécessaire pour lui permettre d'exercer sa légitime défense, en étroite coordination avec ses partenaires ». « L'UE se tiendra aux côtés de l'Ukraine, aussi longtemps qu'il le faudra », a également promis le patron de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Quant à l'ambassadrice américaine Bridget Brink, elle a plaidé en faveur de l'Ukraine qui « a besoin de fonds dès maintenant pour continuer à se battre pour se libérer d'une telle horreur en 2024 ».

Livraison de F-16

Les Pays-Bas ont, eux, annoncé le 22 décembre dernier l'arrivée prochaine des F-16 promis sur le sol ukrainien. Le gouvernement néerlandais a ainsi indiqué que son pays allait livrer ses 18 « premiers » avions de combat de fabrication américaine, sans pour autant donner la date de livraison des appareils. Ces derniers sont très attendus alors que Kiev fait face à une pression accrue de la Russie sur le front.

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« Aujourd'hui, j'ai informé le président Zelensky de la décision de notre gouvernement de préparer la livraison d'un premier lot de 18 avions de combat F-16 à livrer à l'Ukraine », a affirmé le Premier ministre sortant, Mark Rutte, sur X (anciennement Twitter), assurant que « la livraison des F-16 est l'un des éléments les plus importants des accords conclus sur le soutien militaire à l'Ukraine »« Cette décision confirme l'engagement sans faille des Pays-Bas à fournir à l'Ukraine le soutien dont elle a besoin pour répondre à l'agression russe en cours », a-t-il salué.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 30/12/2023 à 1:17
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Ce conflit arrange bcp l'occident et en particulier les usa qui testent certains equipements. Les volontaires pour aller a la boucherie organisee se rarefient. Il arrivera que faute de combattants les combats cesseront et alors les negociations pourr...

à écrit le 29/12/2023 à 13:05
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Plusieurs semaines que les envahisseurs économisaient leurs missiles pour leurs frappes hivernales, qui sont uniquement destinées à terroriser la population et casser l'économie de l'Ukraine. Ceci afin d'épuiser psychologiquement les ukrainiens, en e...

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