La Russie lance aussi ses premières frappes en Syrie

Par latribune.fr  |   |  573  mots
Les Occidentaux, qui frappent déjà l'organisation djihadiste depuis l'été 2014 en Irak comme en Syrie, soupçonnent le Kremlin de vouloir avant tout réhabiliter Assad.
Si le Kremlin assure avoir frappé Daesh, le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, a plutôt laissé entendre que des positions de l'opposition modérée à Bachar al Assad avaient été visées.

L'armée de l'air russe est intervenue pour la première fois en Syrie. Mercredi 30 septembre, la chambre haute du parlement russe, le Conseil de la fédération, a donné son feu vert à une opération militaire contre Daesh, deux jours après l'appel lancé lundi par le président russe Vladimir Poutine à la la tribune de l'ONU pour la création d'une coalition élargie afin de lutter contre l'organisation djihadiste.

Quelques heures plus tard, les avions russes bombardaient, selon Moscou, des positions de Daesh. Si le Kremlin n'a pas précisé où ils avaient frappé, la télévision nationale syrienne a, elle, fait état d'au moins sept secteurs visés, notamment dans les provinces de Homs et de Hama, situées entre Damas et la côte méditerranéenne de la Syrie. Elle a aussi affirmé que c'étaient des "repaires terroristes" de Daesh qui avaient été pilonnés.

Le doute plane sur l'organisation bombardée

Toutefois, les informations rapportées par la France font état de frappes sur d'autres objectifs. Les forces russes n'ont pas frappé l'Etat islamique en Syrie, a notamment déclaré mercredi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, laissant entendre que des positions de l'opposition modérée à Bachar al Assad avaient été visées.

Selon le chef de l'opposition syrienne soutenue par l'Occident, Khaled Khodja, "tous les objectifs des frappes aériennes russes d'aujourd'hui, dans le nord de la province de Homs, ont été des civils". Au moins 36 personnes auraient été tuées.

Les intentions du Kremlin en cause

Les Occidentaux, qui frappent déjà l'organisation djihadiste depuis l'été 2014 en Irak comme en Syrie, soupçonnent le Kremlin de vouloir avant tout réhabiliter Assad. La présidence syrienne a d'ailleurs confirmé mercredi dans un communiqué que Bachar al Assad avait écrit à Vladimir Poutine, et que la Russie intensifiait en conséquence son appui militaire au régime de Damas.

La décision russe d'intervenir en Syrie semble avoir été précipitée par les récents revers militaires du régime syrien, plus proche allié du Kremlin au Proche-Orient, ont par ailleurs déclaré à Reuters des diplomates et des analystes.

Des opérations limitées dans le temps

Vladimir Poutine n'en a pas moins affirmé mercredi s'attendre à ce que le chef de l'Etat syrien fasse preuve de souplesse et soit ouvert à un compromis sur l'avenir politique de son pays. Certains pays occidentaux, comme les Etats-Unis et la France, estiment en effet qu'Assad ne peut en aucun cas jouer un rôle dans le cadre d'une transition politique en Syrie.

Et à en croire Sergueï Ivanov, secrétaire général du Kremlin, la Russie n'intervient que pour protéger ses propres intérêts en Syrie, où elle dispose depuis l'ère soviétique d'une base navale à Tartous, son seul accès direct à la Méditerranée.

"Nous parlons spécifiquement de la Syrie et ne parlons pas d'objectifs de politique étrangère à atteindre ou d'ambitions personnelles à satisfaire (...), mais exclusivement des intérêts nationaux de la Fédération de Russie", a-t-il déclaré.

Sergueï Ivanov a par ailleurs précisé que les opérations russes seraient limitées dans le temps, et il a exclu tout envoi de troupes au sol.

"Comme notre président l'a déjà dit, l'engagement de troupes au sol est exclu", a-t-il dit.

(avec Reuters)