Le Brésil sous le feu des agences de notations

Par latribune.fr  |   |  429  mots
L''économie brésilienne s'est contractée de 4,5% au troisième trimestre sur un an.
Moody's menace de faire passer la note souveraine du Brésil en catégorie spéculative s'inquiétant de l'échec des mesures d'austérité et de la menace de destitution. Un pas que Standard and Poor's a déjà franchi.

Publié le 10/12/2015 à 08:52. Mis à jour le 11/12/2015 à 10:17.

Un énième camouflet pour Dilma Rousseff ? Moody's a annoncé mercredi 9 décembre envisager d'abaisser la note souveraine du Brésil en catégorie spéculative ("junk"). L'agence de notation pointe du doigt la gravité de la récession en cours. Pour rappel, l'économie brésilienne s'est contractée de 4,5% au troisième trimestre sur un an. Il s'agit de la pire récession subie par le pays en 25 ans.

Moody's insiste également sur l'échec des mesures d'austérité et ne semble pas convaincu du nouveau plan du Brésil pour combattre la crise.

Enfin, l'agence a pris en compte le risque accru de paralysie politique après l'ouverture par le Congrès brésilien d'une procédure de destitution de la présidente, Dilma Rousseff, accusée d'avoir trafiqué les comptes publics

L'institution n'a pas épargné non plus l'entreprise pétrolière Petrobras en faisant passer toutes les notes de la société de Ba2 à Ba3, à un cran de la catégorie "très spéculatif". Et elle n'écarte pas de procéder à une nouvelle baisse. Elle estime que la société brésilienne peut difficilement lever des fonds en vendant des actifs dans un contexte industriel difficile, faisant référence à la chute des cours du pétrole notamment.

De graves conséquences économiques ?

En septembre, Standard and Poor's avait abaissé la note de la dette souveraine Brésil en catégorie spéculative à BB+. L'agence estimait que le pays allait subir trois années consécutives de déficit primaire, sans compter une dette susceptible d'augmenter si rien n'est fait.

Si Moody's décide également de dégrader la note du Brésil en catégorie spéculative, cela pourrait avoir de graves conséquences économiques selon certains experts économiques. Bruno Rovai, économiste de Barclays chiffre à 1,45 milliard d'euros les sorties potentielles de capitaux en cas d'abaissement de la note.

Le gouvernement brésilien comprend la décision de Moody's

Du côté du gouvernement brésilien, le ministre de l'Economie Joaquim Levy a affirmé jeudi 10 décembre que l'abaissement possible de la dette souveraine du pays en catégorie spéculative par l'agence Moody's "est un reflet de la réalité" du pays.

"La question de la baisse est un reflet de la réalité. Si on ne s'organise pas, il n'y a pas d'union et le résultat est grave", a assuré M. Levy à des journalistes au sortir d'un déjeuner avec la Fédération des Banques à Sao Paulo, ville la plus peuplée du pays.