Le dopage en Russie, un mensonge d'État ?

Par latribune.fr  |   |  575  mots
La Russie est arrivée deuxième derrière les Etats-Unis lors des Jeux olympiques de Londres en 2012, avec 17 médailles dont huit médailles d'or.
Au terme de plusieurs mois d'enquête, une commission indépendante de l'Ama a identifié ce qu'elle a qualifié de défaillances systémiques au sein de la Fédération internationale d'athlétisme et de la Fédération russe qui ont "empêché ou réduit la portée d'un programme antidopage efficace". Moscou a nié fermement.

Un scandale susceptible d'éclipser par son ampleur les pratiques de corruption révélées au sein de la Fifa. L'Agence mondiale antidopage (Ama) a recommandé lundi 10 novembre la suspension de la Fédération russe d'athlétisme qu'elle accuse d'avoir contourné les règles en matière de dopage. Moscou a rejeté les accusations.

Mise à exécution, une suspension de la Fédération russe serait spectaculaire, la Russie étant l'une des nations les plus médaillées en athlétisme. Elle est arrivée deuxième derrière les Etats-Unis lors des Jeux olympiques de Londres en 2012, avec 17 médailles dont huit médailles d'or.

Une "culture de la triche profondément enracinée"

Au terme de plusieurs mois d'enquête, une commission indépendante de l'Ama a identifié ce qu'elle a qualifié de défaillances systémiques au sein de la Fédération internationale d'athlétisme et de la Fédération russe qui ont "empêché ou réduit la portée d'un programme antidopage efficace". Dans son rapport long de 323 pages, cette commission déplore "une culture de la tricherie profondément enracinée" dans l'athlétisme russe.

"Pour 2016, nous recommandons que la Fédération russe soit suspendue, à vrai dire, nous espérons qu'ils (les Russes) se retireront volontairement afin de prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte que les athlètes russes puissent concourir dans un cadre nouveau", a déclaré Dick Pound, président de l'Ama.

Le président de l'IAAF a donné à la Fédération russe jusqu'à la fin de la semaine pour répondre à ces allégations.

Les test anti-dopage des athlètes détruits, selon Moscou

Ces allégations ont été jugées "sans fondement" par le directeur exécutif de l'agence russe antidopage (Rusada), Nikita Kamaev. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov s'en est tenu aux démentis déjà exprimés par Moscou à ce sujet.

Le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, a quant à lui accusé l'Ama d'avoir ordonné la destruction de tests antidopage effectués par des athlètes russes, rapporte l'agence Interfax.

Tentatives d'extorsion et corruption

Le rapport de l'Ama survient après la publication d'articles de presse faisant état de chantage et d'extorsions de fonds visant des sportifs en échange du silence des institutions en cas de contrôle antidopage positif.

Selon Mediapart, des responsables de la Fédération internationale d'athlétisme ont essayé de soutirer de l'argent à des sportifs de premier plan, parmi lesquels une championne olympique turque, en échange de leur silence sur le fait qu'ils avaient échoué à des test antidopage.

L'ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme, le Sénégalais Lamine Diack, et son conseiller juridique Habib Cissé ont été mis en examen la semaine dernière à Paris dans une affaire de corruption. Il est soupçonné d'avoir reçu en 2011 un peu plus d'un million d'euros de pots-de-vin pour taire les résultats positifs d'athlètes russes dopés, ont expliqué la semaine passée des source judiciaire française à l'agence Reuters. Le comité d'éthique du Comité international olympique (CIO) a recommandé lundi la suspension à titre conservatoire de Lamine Diack de sa fonction de membre honoraire du CIO.

L'organisation internationale de police Interpol a par ailleurs annoncé qu'elle allait coordonner l'enquête mondiale sur cette affaire de corruption présumée liée au dopage et pilotée par la France.

(avec Reuters)