Les Etats-Unis poussent l'Europe à les aider à contrer la Chine

Par latribune.fr  |   |  695  mots
Wendy Sherman, la secrétaire d'État adjointe des États-Unis. (Crédits : Reuters)
Washington, qui accuse Pékin de vouloir remodeler l'ordre mondial, et alors que la Russie et la Chine se rapprochent, a appelé jeudi l'Europe à aider les Etats-Unis à contrer l'influence grandissante de la Chine dans le monde.

Dans la guerre d'influence qui se joue actuellement entre les Etats-Unis et la Chine, Washington cherche à renforcer son alliance avec les Européens. Dans le sillage d'un récent discours du secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, qui a dénoncé le fait que Pékin était la principale menace à l'ordre mondial, et ce malgré l'invasion russe en Ukraine, la numéro deux du département d'Etat américain, Wendy Sherman, a appelé jeudi l'Europe à aider les Etats-Unis à contrer l'influence grandissante de la Chine dans le monde.

Le « harcèlement économique » de la Chine sur l'Europe

Tout en dénonçant la volonté d'hégémonie de la Chine dans le monde, Wendy Sherman en a remis une couche lors d'une visioconférence depuis Washington auprès de la presse européenne. Pour convaincre le Vieux Continent de faire front commun pour lutter contre l'hégémonie de la Chine, elle a dénoncé le « harcèlement économique » de la Chine vis à vis de l'Europe. Elle a cité en exemple le récent blocage des exportations lituaniennes par la Chine ; le fait que Pékin ait « échoué à livrer » la construction d'une autoroute au Monténégro. Ou encore les difficultés de l'équipementier allemand Adidas, qui a pâti au premier trimestre d'un fort recul de ses ventes en Chine, à cause de l'épidémie de Covid-19 et qui est par ailleurs la cible d'appels au boycott dans le pays.

« Même si Pékin est à des milliers de kilomètres (..), les actions de la Chine impactent l'avenir de l'Europe », a souligné Wendy Sherman, saluant la coopération actuelle avec les Européens dans ce domaine tout en souhaitant « aligner nos approches ». La diplomate américaine a notamment mis en avant le fait que « tout le monde réfléchit aux questions des chaines d'approvisionnement » dans le sillage de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine.

« Les Etats-Unis ne recherchent pas le conflit » avec la Chine ni à « découpler » leur économie de celle de la Chine, a encore affirmé la secrétaire d'Etat adjointe. « Nous ne voulons pas d'une nouvelle Guerre froide », a-t-elle dit, mais « on ne peut pas compter sur Pékin pour qu'il change de comportement ».

Par ailleurs, alors que la Russie se dit prête à remplacer ses liens économiques avec l'Occident par la Chine, la diplomate américaine a souligné que les Etats-Unis étaient « attentifs » à cette alliance. Elle a même menacé Pékin « de conséquences » si jamais les autorités chinoises décidaient d'envoyer des équipements (des armes, ndlr) à la Russie, ce qui n'est actuellement pas le cas.

Rapprochement Moscou-Pékin

De plus en plus, Moscou prend ses distances avec le bloc occidental qui lui a imposé une série de sanctions suite à l'invasion de l'Ukraine. De fait, en proie à une récession vertigineuse de son économie en raison des sanctions qui lui sont imposées, le Kremlin cherche à nouer de nouvelles alliances, à commencer par son voisin chinois. «Maintenant que l'Occident a adopté une position 'dictatoriale', nos liens économiques avec la Chine vont croître encore plus rapidement», a déclaré récemment le ministre russe des Affaires étrangères, ajoutant que la Chine disposait de technologies d'information et de communication « en rien inférieures » à celles de l'Occident.

Ce à quoi Wendy Sherman a également répondu en dénonçant le fait que Pékin relayait massivement toute une série de « désinformations » en provenance de Moscou. Et de conclure : « Très franchement, je pense que la Russie et Poutine seront parias pendant très longtemps et je ne suis pas sûre que la Chine en profitera ». Pour sa part, l'Union européenne a déjà dénoncé un « pacte inquiétant » entre la Russie et la Chine et invité la Chine à « défendre le système multilatéral ».

(Avec AFP)