Mauvaise nouvelle, l'inflation en zone euro est repartie à la hausse en avril

Par latribune.fr  |   |  625  mots
En zone euro, le taux d'inflation annuel s'établit en effet 7% en avril, après 6,9% en mars. (Crédits : Reuters)
À deux jours d'une réunion décisive de la Banque centrale européenne, qui doit acter un nouveau relèvement des taux d'intérêt, Eurostat révèle que le taux d'inflation annuel de la zone euro est reparti légèrement en hausse. Après 6,9% en mars, il a atteint 7% sur un an en avril, interrompant ainsi une série de cinq baisses mensuelles consécutives.

[Article publié le mardi 02 mai 2023 et mis à jour à 12h50] C'est un chiffre qui devrait forcément influencer la décision de la Banque centrale européenne (BCE) sur la poursuite du resserrement de sa politique monétaire. En avril, le taux d'inflation annuel de la zone euro est reparti légèrement à la hausse. Il s'est établi à 7% sur un an, après 6,9% en mars.

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Dans le détail, l'indice des prix à la consommation a été tiré par un rebond des tarifs de l'énergie (carburants, électricité, gaz...), en progression de 2,5% sur un an, après un recul de 0,9% en mars. L'inflation a également été alimentée par une légère accélération des prix des services, en hausse de 5,2%, soit 0,1 point de plus que le mois précédent.

Les pays baltes assommés par l'inflation

La principale contribution à la hausse des prix est venue de l'alimentation (y compris alcool et tabac), qui ont encore flambé de 13,6% en avril dans la zone euro, enregistrant tout de même un ralentissement par rapport à mars (15,5%). Bien qu'également en ralentissement de 0,4 point par rapport à mars, les tarifs des biens industriels sont restés en nette hausse de 6,2% en avril.

« Il s'agit d'une invitation claire pour la BCE de continuer à augmenter les taux d'intérêt, a estimé Carsten Brzeski, économiste pour la banque ING. Même si l'inflation a globalement baissé (depuis octobre) et continuera à baisser, il n'y a pas encore de répit.  »

Parmi les 20 pays partageant la monnaie unique, le Luxembourg (2,7%) et la Belgique (3,3%) connaissent le taux d'inflation le plus faible. L'inflation a rebondi de 0,2 point en France, à 6,9% en avril. Elle fait mieux que l'Allemagne (7,6%) et l'Italie (8,8%), mais moins bien que l'Espagne (3,8%). Les taux les plus élevés ont encore été enregistrés dans les pays baltes : Estonie (13,2%), Lituanie (13,3%) et Lettonie (15%).

Publié ce mardi 2 mai par Eurostat, ce chiffre marque ainsi l'interruption d'une série de cinq baisses mensuelles consécutives. Il se révèle, en outre, même moins bon que les attentes des analystes de Factset et Bloomberg. Ces derniers tablaient sur une stagnation à 6,9%.

L'inflation avait atteint un record en octobre, à 10,6%, après un an et demi de hausse ininterrompue, accélérée par la guerre en Ukraine. Profitant d'un reflux des prix de l'énergie, elle avait, ensuite, reculé de novembre à mars, tout en restant nettement au-dessus de l'objectif de 2% fixé par la BCE.

« Tuer la bête » de l'inflation

La BCE se prononcera sur sa politique monétaire ce jeudi, juste après la Fed américaine qui se réunit les 2 et 3 mai. Selon toute vraisemblance, l'institution européenne se prépare à relever une nouvelle fois ses taux d'intérêt cette semaine, et ce, malgré la quasi-stagnation de l'activité. Pour l'heure, les économistes parient sur une hausse de 0,25 point de pourcentage, après 0,5 point en mars.

Avant même la publication de l'inflation en zone euro, les données actuelles « indiquent qu'il faudra augmenter de nouveau les taux d'intérêt », avait estimé l'économiste en chef Philip Lane de la Banque centrale européenne, dans une interview au quotidien Le Monde, « ce n'est pas encore le moment d'arrêter ». Et, vendredi, le directeur du Fonds monétaire international (FMI) pour l'Europe, Alfred Kammer, a exhorté les banques centrales européennes à « tuer la bête » de l'inflation, sans être tentées de faire une « pause » dans leur relèvement des taux d'intérêt.

La BCE a relevé ses taux de 3,50 points de pourcentage depuis juillet de l'année dernière dans le cadre d'une campagne sans précédent de resserrement monétaire visant à maîtriser la flambée des prix à la consommation.

(Avec AFP)