Nucléaire : l'Iran et les grandes puissances arrachent un accord d'étape capital

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  770  mots
Les sanctions internationales seront suspendues lorsque l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) aura constaté que l'Iran s'est soumis à toutes ses obligations.
A Lausanne, Téhéran et les grandes puissances ont conclu jeudi un accord d'étape visant à encadrer les activités nucléaires de l'Iran pendant dix ans au moins. Le pays devra notamment se défaire de plus des deux tiers de ses centrifugeuses. Ce compromis a été qualifié d'"historique" par Barack Obama.

Publié le 03/04/2015 à 07:33. Mis à jour le 03/04/2015 à 10:25.

"Aujourd'hui, nous avons fait un pas décisif."

Ainsi, lors d'une conférence de presse, jeudi 2 avril, Federica Mogherini, porte-parole de la diplomatie européenne, et qui coordonne les pays du P5+1 (France, Chine, Russie, Royaume-Uni, Etats-Unis et Allemagne) impliqués dans les négociations avec Téhéran, a annoncé être parvenu à un accord avec l'Iran à Lausanne. Les activités nucléaires du pays seront ainsi encadrées pendant 10 ans au moins.

Le président iranien Hassan Rohani a confirmé un accord sur les "principaux paramètres" et le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, parlant de "solutions trouvées", s'est dit prêt à entamer sans atteindre la rédaction d'un accord global et définitif.

Il s'agit en effet d'une étape fondamentale qui ouvre la voie d'un accord final d'ici au 30 juin.

Limitation de l'enrichissement de l'uranium pendant 15 ans

En vertu de cet accord-cadre, l'Iran devra se défaire de plus des deux tiers de ses centrifugeuses - lesquelles produisent de l'uranium pouvant servir à une bombe atomique -, démanteler un réacteur qui pourrait produire du plutonium et accepter des vérifications.

Concrètement, selon un document américain, le nombre de centrifugeuses en Iran serait ramené de 19.000 actuellement à 6.104, et seules 5.060 seraient en service, en cas d'accord final. L'Iran accepte en outre de ne pas enrichir d'uranium a plus de 3,67% pendant au moins 15 ans, selon ce même document, d'après lequel Téhéran consent à ne pas construire de nouvelles installations d'enrichissement d'uranium pendant 15 ans.

Des sanctions internationales suspendues si l'accord est respecté

En outre, a précisé Federica Mogherini, le site souterrain d'enrichissement nucléaire de Fordow sera transformé en centre de physique nucléaire, et aucun matériau fissile ne pourra s'y trouver. Une coentreprise internationale aidera l'Iran à repenser et construire un réacteur à eau lourde, modernisé, sur le site d'Arak, a-t-elle précisé.

Les sanctions internationales seront suspendues lorsque l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) aura constaté que l'Iran s'est soumis à toutes ses obligations. Elles pourront être rétablies à tout moment si l'Iran ne respecte plus ses engagements, lit-on dans le document américain.

Interrogé sur Europe 1, Laurent Fabius a toutefois admis que la question du calendrier de levée des sanctions "est un point qui est encore très compliqué".

"Les Iraniens veulent une levée de toutes les sanctions tout de suite", a-t-il expliqué. "Nous leur disons : il faut lever les sanctions au fur et à mesure que vous respecterez vos engagements et si vous ne respectez pas vos engagements, évidemment on reviendrait à la situation précédente. Là-dessus, il n'y a pas encore un accord".

Un "bon accord", selon Obama

Le président américain, qui a appelé les dirigeants français, allemand et britannique afin de les remercier pour leur coopération, a salué un "bon accord".

"Aujourd'hui, nous, les Etats-Unis, de concert avec nos alliés et partenaires, sommes parvenus à un accord historique avec l'Iran qui, s'il est pleinement mis en oeuvre, empêchera ce pays d'obtenir l'arme nucléaire", a dit Obama à la Maison blanche. "Après des mois de diplomatie, nous sommes parvenus au cadre d'un accord avec l'Iran", a dit le président en le qualifiant de "bon".

"Si ce cadre débouche sur un accord définitif global, il rendra notre pays, nos alliés et notre monde plus sûrs", a continué Barack Obama, qui a téléphoné au roi d'Arabie saoudite, Salman et comptait appeler également le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Israël mécontent veut empêcher un "mauvais" accord final

Israël n'a pas tardé à faire part de son mécontentement, par la voix de son ministre des Affaires stratégiques, Yuval Steinitz.

"Les sourires à Lausanne sont détachés de la triste réalité, en vertu de laquelle l'Iran refuse de faire quelque concession que ce soit sur le dossier nucléaire et continue de menacer Israël et tous les autres pays du Moyen-Orient", a déclaré le ministre israélien des Affaires stratégiques, Yuval Steinitz. "Nous poursuivrons nos efforts pour expliquer, et pour convaincre le monde entier, dans l'espoir d'empêcher un mauvais accord (final)", a ajouté le ministre.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est allé plus loin lors d'une conversation téléphonique avec le président américain Barack Obama. Il a jugé que cet accord est une menace pour Israël:

"Cet accord légitimerait le programme nucléaire de l'Iran, renforcerait son économie et accentuerait les agressions et le terrorisme de l'Iran dans tout le Moyen-Orient et au-delà", a-t-il insisté.